Ah,
Picciola, un des plus gros succès littéraires si ce n'est le plus gros succès de la littérature du XIXe siècle. 275 éditions rien qu'en français! Voilà de quoi donner le tournis.
Et pourtant aujourd'hui il est très oublié, ce qui pourra réconforter un peu les auteurs en mal de best-sellers.
Franchement, la lecture de
Picciola n'est pas désagréable. Saintine est un élégiaque et son roman est élégamment écrit, plein de références appartenant au romantisme de son époque, et puis l'idée est géniale, au moins sur le papier. Cette plante, cette mauvaise herbe qui devient en quelque sorte l'amie et un symbole puissant pour le prisonnier, voilà une idée excellente.
Mais dans un même temps,
Picciola est un livre rigoureusement ennuyeux. Enfin, pour ma part j'ai vraiment trouvé ça long. Il se passe fort peu de choses, et au final, je ne veux surtout pas paraître odieux, mais il y a un peu du tempérament mou du
Adolphe de
Benjamin Constant ou du
Atala de
Chateaubriand. J'ai eu le même sentiment à chaque fois d'un écrivain tout en maîtrise, mais qui discourt des pages et des pages de choses qui auraient pu être dites en mots moins nombreux et plus judicieusement choisis.
Picciola ajoute à cela le minimalisme des événements (en général). Une feuille qui tombe et c'est la Grande Peste Noire! Même avec toute la qualité de sa plume et même si on peut concevoir le drame pour le héros, difficile pour le lecteur de réellement ressentir la force du drame et de ne pas parfois sourire un peu de ce décalage entre l'événement et l'emphase toute romantique de Saintine.
La dernière partie offre cependant des moments plus alertes, mais il y a de vraies longueurs dans l'ensemble. Malgré tout, un livre à découvrir, car l'idée est excellente et il faut tout de même du talent pour faire exister une histoire si minimaliste. Allez, 3 pour cette originalité rarement vu ailleurs, et puis pour la belle écriture de Saintine.