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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voilà un beau polar noir américain, superbement retraduit et préfacé par Roger Martin sous une belle et sobre couverture de 10/18.
Ma précédente et première lecture d'Ed Lacy m'avait offert un captivant huis-clos.
Cette fois-ci, grâce à une fort instructive préface, j'ai fait vraiment connaissance de Ed Lacy: Un auteur trop oublié et dont le talent explose dans ce Traquenoir! Un auteur à l'engagement courageux et total dans une époque très dure aux États-Unis.
Son atypique détective noir de 1957 et qui roule Jaguar et porte beau costard, se retrouve dans une saumâtre panade! Se voyant accusé de meurtre, et victime d'un coup monté, Toussaint Marcus Moore allias Touie; va se démener pour trouver le vrai coupable!... L'occasion pour Ed Lacy de nous brosser le tableau angoissant d'une époque où l'homme noir américain, presque cent ans après l'abolition de l'esclavage, en bave salement dans son pays... Rien de sensationnel ni de vraiment nouveau, mais solide et réaliste: Pas de gras superflus, et une vision acérée qui ferait croire que Ed Lacy est lui-même un noir!
Une belle retrouvaille de 10/18, donc, que ce Traquenoir (Room to swing) qui j'espère ne sera pas la dernière d'un auteur doué!
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Back to basics

C'est marrant comme en lisant Traquenoir de Ed Lacy (traduit par Roger Martin), t'as l'impression d'avoir déjà lu séparément et à de multiples reprises les différents éléments de ce roman, mais jamais assemblés de cette façon.

Cette histoire de privé à la p'tite semaine ; ce détective noir plongé dans une déségrégation de texte et non de faits ; ce milieu du cinéma Manatthano-Hollywwodien où louvoient scénaristes véreux et jolies pépées ; cette confrontation Nord-Sud de l'Amérique des années 50 doublée d'une vision sociétale sans concession.

Et c'est là que tu reconnais le talent de ces précurseurs du roman noir US dans la lignée des Chandler ou Thompson : tout fonctionne, tout s'assemble, tout glisse ou passe crème dans une facilité en mode « sans les mains » qui étonne à chaque page.

Alors j'te ferai ni pitch en détail, ni paragraphe sur l'étonnant parcours de l'auteur détaillé dans la belle préface du traducteur, mais si t'aimes le noir chiadé et sans faux col et qu't'as un peu confiance dans ce que j'écris, alors fonce ! Et reviens m'en causer…
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Beaucoup d'entre nous voient en Chester Himes et ses deux détectives noirs Ed Cercueil et Fossoyeur Jones, l'apparition en 1958 des premiers policiers afro-américains officiant du côté de Harlem alors que Léonard S. Zinberg publiait en 1957, sous le pseudonyme d'Ed Lacy, la première enquête du détective privé Toussaint Marcus Moore, intitulée Room to Swing dont l'action se déroule à New-York et dans un patelin paumé de l'état de l'Ohio, miné par la ségrégation. Auteur prolifique, notamment dans le domaine du genre policier, méconnu en France où Room To Swing parut sous le titre ridicule d'A Corps Et A Crimes, Léonard S. Zinberg, juif athée vivant à Harlem, subit les foudres du maccarthysme l'obligeant à travailler comme facteur afin de subvenir aux besoins de sa femme afro-américaine et de la petite fille qu'ils adoptèrent. Outre son métier de facteur, on retrouve d'ailleurs dans Traquenoir, nouvelle traduction du titre de ce roman, et plus particulièrement dans le profil de son personnage central, cet esprit libertaire, presque contestataire du romancier dénonçant les affres d'une Amérique fracturée. Une belle idée donc de mettre au goût du jour cet ouvrage dans une traduction retravaillée par Roger Martin qui signe d'ailleurs la préface de ce roman emblématique d'une époque dont les stigmates se répercutent de nos jours au sein d'un pays divisé.

Créances impayées, service d'ordre pour des établissements publics, le métier de détective privé n'a rien de glamour et Toussaint Marcus Moore en sait quelque chose alors que sa petite amie le pousse à accepter l'emploi plus rémunérateur de facteur qu'on lui propose au sein de la Poste américaine. Mais lorsque Kay Robbens travaillant pour le compte d'une émission de téléréalité intitulée "C'est Vous le détective !" lui propose deux mille dollars pour suivre un criminel qui a fini par se ranger, celui que l'on surnomme Touie, n'hésite pas une seconde. Néanmoins on passe vite du rêve au cauchemar, lorsque l'on se retrouve dans la chambre de l'homme que l'on suit en découvrant son corps sans vie, au moment même où un policier débarque dans la pièce. Touie comprend rapidement qu'il est tombé dans un piège dont il doit s'extraire à tout prix afin d'échapper à l'accusation arbitraire du meurtre dont il sait qu'il fera l'objet rien que pour sa couleur de peau noir qui en fait un suspect tout désigné. En fuite, traqué, Toussaint Marcus Moore va devoir employer toutes ses ressources et fouiller dans le passé de la victime afin de retrouver l'auteur du meurtre.

Ce n'est probablement pas pour la seule qualité de son intrigue policière que Traquenoir obtint, une année après sa parution, le prix Edgard Alan Poe pour le meilleur roman, mais également pour son regard d'une rare acuité sociale dénonçant la discrimination institutionnelle dont fait l'objet la communauté afro-américaine dans son quotidien que ce soit du côté de New-York ou de la bourgade de Bringstone dans l'Ohio qui prend l'allure d'une prison, tant les restrictions y sont sévères. A New-York, on observe la condescendance de la communauté blanche "éclairée" qui prend Touie à témoin lors d'une conversation, désigné à son corps défendant comme expert de la question raciale de par sa couleur de peau, tandis que l'on distingue à Bringstone la violence journalière de cette ségrégation perdurant comme une tradition à laquelle on ne saurait renoncer. C'est ce regard acéré de la société américaine qui fait de Traquenoir, un roman policier particulièrement brillant où l'ostracisme d'une communauté fait écho à cette chasse au sorcière du maccarthysme dont Ed Lacy fut l'une des cibles privilégiées de par son engagement en tant que militant communiste conjugué à une vison progressiste et pacifiste du monde. Pour autant, l'ouvrage n'a rien d'un brulot acrimonieux, bien au contraire, on apprécie l'écriture sèche et subtile de l'auteur parsemant l'intrigue de ses dialogues ou réflexions teintés d'une douce ironie lancinante qui nous renvoie au quotidien d'un homme au profil original puisque celui-ci n'a rien à voir avec l'image du détective privé que l'on s'est projeté avec Philippe Marlowe ou Sam Spade. Toussaint Marcus Moore doit tout d'abord lutter pour se faire sa place au sein de la société en tant que détective privé noir, ce d'autant plus qu'il est pourchassé par la police qui en fait un coupable tout désigné de par son appartenance à la communauté afro-américaine. Même sa petite amie ne croit pas en son avenir en tant que détective privé, elle qui le pousse à accepter cet emploi de facteur qu'on lui propose. Mais ce vétéran de la seconde guerre mondiale doté d'un physique impressionnant et qui accéda au grade de capitaine, n'est pas dénué d'une certaine présence d'esprit lui permettant de mener à bien ses investigations qui vont le conduire sur la piste d'une victime dont le passé recèle quelques éléments qu'il va mettre à jour en prenant l'initiative plutôt que de subir les contrecoups d'une traque dont il fait l'objet. Mais malgré toute sa bonne volonté, on observera avec Touie une fin en demi-teinte qui reflète, une fois encore, les aléas d'une époque qui n'a rien à voir avec le rêve américain que les médias n'ont eu de cesse de nous projeter en pleine figure et dont Ed Lacy profite d'écorner l'image par le biais de cette émission de téléréalité odieuse consistant à interpeller un criminel pour en faire le clou du spectacle et s'offrir par la même occasion quelques bénéfices publicitaires. Sur tous les tableaux, Traquenoir nous propose donc une vision sans concession de la société américaine au détour d'une bande sonore chargée de jazz et de blues qui ne fait que renforcer cette atmosphère sombre qui plane sur l'ensemble d'un récit séduisant.


Ed Lacy : Traquenoir (Room To Swing). Editions le Canoë 2022. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Roger Martin.

A lire en écoutant : Wild Is The Wind interprété par Nina Simone. Album : Wild Is The Wind. 2013 The Verve Music Group.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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Ce livre, paru en 1957 fit l'objet d'une première traduction et parution en français sous un autre titre A corps et à crimes. Traquenoir est une nouvelle traduction, sans doute plus fidèle au texte d'origine selon Roger Martin dans la préface très instructive qui décrit l'auteur et ses convictions anti-racistes, progressistes et pacifistes et son oeuvre assez méconnue en France, ce qui est fort dommage ! Ed Lacy est l'un des pseudonymes de Leonard Zinberg (1911-1968), écrivain blanc, "juif, non-croyant, communiste, marié à une Noire et père adoptif d'une petite fille, noire elle-aussi" (p.8). Il crée avec ce titre un personnage de détective noir.

Je me suis régalé dans ce polar qui nous plonge dans cette Amérique raciste, ségrégationniste et mccarthyste. Ed Lacy a fait de son héros un type pas banal : privé certes et souvent désargenté, comme il se doit, mais fidèle à son amie Sybil -il refuse les avances des autres femmes- ; il roule en jaguar, porte des costumes et chemises de valeur. Atypique dans le monde du polar.

La critique de la société américaine de l'époque est très présente : la ségrégation bien sûr, la pauvreté et pas seulement celle des noirs, les emplois royalement laissés aux noirs dans l'administration pour leur laisser croire à une intégration dans la société, comme postier par exemple -poste qu'occupera Ed Lacy tout en continuant à écrire-, la violence ou tout au moins la suspicion des policiers envers toute personne noire, les débuts d'une certaine téléréalité... Tout cela en contexte d'une intrigue bien fichue et bien menée, qui, encore de nos jours, et malgré des milliers de romans policiers parus, tient le lecteur jusqu'au bout.

Ed Lacy, va au plus court ne s'embarrasse pas de détails inutiles comme certains le font maintenant pour arriver à des pavés de 500 pages voire davantage. Et on ne rate rien, comme cet exemple que prend Roger Martin dans sa préface pour décrire la petite amie de l'homme que Touie suit : "on lui donnait dix-neuf ans et son teint pâle, ses yeux cernés, étaient ceux des petits Blancs de la campagne qui n'ont pas mangé à leur faim étant gosses." Voilà, on a une image assez précise de la jeune fille, plutôt que d'en faire des caisses sur son enfance malheureuse...

Reste à espérer que d'autres traductions des livres d'Ed Lacy suivront, car comment résister à un auteur dont le livre débute par ces phrases :

"Je finis par arriver à Bingston. Une petite ville du sud de l'Ohio, d'environ deux mille habitants, dont on a fait le tour en trois minutes. Une seule me suffit pour comprendre que j'avais commis une erreur en y venant." (p.19)
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Lorsqu'une riche blanche se présente dans le bureau de Touie, un enquêteur privé noir de New-York, il sent bien que quelque chose de louche se trame mais que serait la vie si nous ne faisions que des bons choix?

Au delà de l'enquête policière, très plaisante d'ailleurs, Ed Lacy profite surtout de ce roman pour dénoncer la condition des Afro-américains dans les États-Unis d'après guerre. Dans un pays se voulant à la pointe de la modernité et de la liberté, nous sommes encore très loin du rêve américain, et ce roman social fait encore écho aujourd'hui, près de 70 ans plus tard.

Une très belle lecture qui ne nous laisse pas indifférent.
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Dans ce 10/18, il est certes question d'une enquête policière mais aussi d'une analyse de la société américaine des années 50. le pitch ? un privé est recruté pour mener une enquête. Il va devoir évoluer dans le monde des blancs, à une époque où dans certains états, les afro-américains comme lui, étaient relégués au fond du bus...
A une période de notre histoire où nombreux sont ceux à avoir perdu la mémoire (ou n'en avoir jamais eu...), ce livre ne peut que faire réfléchir...
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🔸Le détective afro-américain Toussaint Marcus Moore est engagé pour surveiller un homme qui a commis un crime des années plus tôt et n'a jamais été arrêté. Mais ce criminel se fait assassiner à son domicile et le détective devient le principal suspect. Il doit alors rapidement trouver le coupable pour sauver sa peau.

🔸Voici un roman noir vintage passionnant et brillamment écrit. L'auteur, Ed Lacy, de son véritable nom Leonard Zinberg (1911-1968) nous entraîne dans le New-York du début des années 1950, puis dans une petite ville de campagne de l'Ohio.

🔸L'écriture est efficace, sobre, sans fioritures, plantant rapidement le décor et les rebondissements, ne laissant aucun temps mort.

🔸Ce polar vintage est un véritable plaisir de lecture. À noter la qualité de la traduction de Roger Martin qui est resté fidèle au texte d'origine et n'a pas essayé de moderniser ce roman de 1957.

🔸Couronné par le Prix Edgar Allan Poe du meilleur roman policier de l'année 1957.
Lien : https://leblogusadedom.com/w..
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