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Que peut-il se passer lorsque Léo, jeune homme illettré, rencontre sa voisine Sybille, infirmière sensible aux livres et à la littérature ?
L'élan joyeux initial s'arrête brutalement tant son handicap devient une entrave à toute relation amoureuse. Que lui reste-t-il ? Apprendre à lire et ainsi dévoiler ses manques et sa fragilité ? S'embourber dans sa situation, trahir sa grand-mère analphabète et fuir la société ? Est-ce un rêve ou un combat perdu d'avance ?
La plume limpide, brillante, parfois sophistiquée, de Cécile Ladjali exprime avec une juste distance les tourments du jeune homme pris entre deux tensions contradictoires, tout en décrivant précisément les mécanismes qui l'ont mené à la marge de la société. le parcours singulier de Léo illustre autant l'illettrisme que la difficulté à la surmonter, particulièrement dans un monde où l'écrit est omniprésent et survalorisé. Ce roman empathique mais revigorant tient à la fois du plaidoyer en faveur de l'apprentissage de la lecture et d'une étude pointue sur ses failles aux conséquences dramatiques.
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Voici un roman qui a fait l'unanimité des Belles Plumes.
Léo a 20 ans, il ne sait ni lire, ni écrire. Ce handicap l'isole du monde, entrave son quotidien, rend ses sentiments illégitimes.
Le paradoxe de ce livre est que c'est grâce à la richesse, aux nuances, aux subtilités, aux métaphores de la plume de Cécile Ladjali que l'on se glisse dans la peau de son personnage et que l'on touche à la réalité de sa solitude et de sa souffrance. le poids du livre dans les mains, on saisit l'immense privilège de pouvoir lire, de déchiffrer l'infinie combinaison de ces symboles et d'en ressentir le sens.
Bien sûr je ne vais rien vous dévoiler de la fin de l'histoire, mais ce livre m'a habité plusieurs jours et la dernière phrase résonne encore.
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L’auteure a choisi comme personnage principal un jeune homme de 20 ans, Léo. Celui-ci, fils d’un couple de forains ambulants ayant disparu un jour sans laisser d’adresse, a été élevé par sa grand-mère, analphabète. Léo a eu un parcours difficile à l’école, ne parvenant que très difficilement à apprendre à lire : » Quand à la lecture, ayant progressé avec le déchiffrage, il put enfin pénétrer le sens de narrations plus riches, mais il sortait de l’exercice harassé. Les professeurs observaient toujours ce décalage entre son indiscutable capacité à formuler à l’oral et son empêchement face aux mots à lire et à écrire. Il ne parvenait à concilier la réalité volatile des phrases prononcées avec celles du papier qui lui interdisaient de jouir du sens. »

Il quittera d’ailleurs le collège à 13 ans et oubliera peu à peu ce qu’il avait eu tant de mal à intégrer.

Ironie du sort, Léo est employé dans une imprimerie. Toute la journée défilent devant ses yeux ces lettres qu’il n’identifie plus. Son secret est bien gardé, personne ne se doute qu’il ne sait pas lire. Léo a mis en oeuvre de nombreux stratagèmes pour pallier à son handicap. Il y dépense d’ailleurs beaucoup d’énergie.

Un jour, devant travailler sur une machine qu’il ne connaît pas et étant dans l’impossibilité de déchiffrer le panneau de mise en garde, Léo aura deux doigts de la main droite sectionnés. Une de ses voisines d’immeuble, Sybille, infirmière, viendra lui prodiguer des soins tous les soirs. Léo tombera sous le charme de Sybille qui ne sera pas insensible au physique avantageux du jeune homme. Une amitié amoureuse naît entre les deux.

Sybille, qui a deviné très rapidement quel était le secret de Léo, lui donnera des leçons de lecture.

Au fil des pages, Cécile Ladjali nous fait suivre le parcours de Léo, ses blessures d’enfance, ses souffrances d’adulte, sa volonté de s’en sortir. C’est admirablement écrit et le sort des personnes illettrées (elles sont environ 12.000 en France dont 3.000 issues de l’immigration) ne peut pas nous laisser indifférent.

Je n’aurai qu’un seul reproche à faire à l’auteure : je n’ai pas du tout aimé la fin. A vous de voir pourquoi.

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Léo a 20 ans, il vit dans la cité Gagarine, porte de Saint Ouen, illetré, il travaille, comble de l'ironie dans une imprimerie. Après le départ de ses parents il a été élevé par sa grand-mère qui est désormais dans une hôpital pour vieux.
Léo a su lire et écrire à une époque mais il a oublié et désormais il rencontre d'énormes difficultés dans son travail, dans sa vie courante et souhaite réapprendre surtout qu'il y a Sibylle, sa jolie voisine qui lui propose de l'aider mais même si elle est attirée par Léo, ces deux-là n'arrivent pas à communiquer.
Il y a Madame Ancelme, la concierge, qui lui rend de petits services, Monsieur François, le voisin de l'immeuble d'en face, Violette, la fille de Sibylle qui est, elle, à l'âge de l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. Mais la vie déjà si cruelle pour Léo lui réserve encore des noirceurs, des désillusions et il y perdra ses espérances et ses rêves.
Livre noir, difficile dans le thème mais aussi par l'écriture très "académique". le thème abordé est intéressant car il soulève les difficultés dans notre monde pour une personne n'ayant pas acquis les bases de la lecture, des chiffres mais le style et le vocabulaire m'ont quelque peu gêné d'autant plus, justement par la distance entre ce vocabulaire et le thème de l'illetrisme. C'est un peu le grand écart....
Lien : http://mumudanslebocage.cana..
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C'est un livre d'une vérité cruelle sans appel, sans once d'espoir... il ne peut y avoir de miracles pour les êtres handicapés par leur incapacité de communiquer par l'écriture...

Pourtant, la lecture du livre nous laisse y croire... longtemps, on veut croire que Léo saura se faire aimer malgré tout, malgré lui... malgré son illettrisme, ses deux doigts en moins, son boulot en moins...
Il n'a jamais été aimé par une femme... incapables de l'admirer avec ce "moins" scotché à lui... elles se sentent supérieures... elles sont "plus" que lui...
Lui qui devient volontairement "moins" que rien... en se laissant mourir, seul, le coeur brisé...
en laissant pour seule trace le vide d'une enveloppe... son epitaphe
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Grâce à ce livre, j'ai fait la rencontre de la douleur au quotidien de ne pas maitriser la lecture et l'écriture. Léo, ce jeune homme si sensible, s'empêche d'être heureux car il subit ce qu'il est. Ceux qui l'entourent l'apprécient, l'aident et l'encouragent mais lui redoute et hésite. C'est un roman qui m'a percuté notamment la fin qui m'a saisie.
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illettré raconte l'histoire de Léo qui après avoir quitté l'école à 13 ans a tout oublié. Oublié les lettres mais aussi comment les écrire, son accident à l'imprimerie l'handicapant de sa main droite n'arrangeant rien.
Il voudrait essayer d'apprendre à lire et écrire, pour écrire des lettres d'amour à sa jolie voisine Sibylle mais le parcours est semé d'embûche mais au fond son statut d'handicapé de l'écriture parfois lui convient bien, c'est un empêchement qui lui donne des excuses.

Un parcours torturé et empreint de pessimisme qui nous tire parfois le moral vers le bas. C'est tragique mais d'un tragique qui m'a mise mal à l'aise.
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Premier chapitre énigmatique : Léo suit une prostituée pour une étreinte courte dont il se sent honteux. C'est la première fois.
Léo a vingt ans, vit seul dans la cité Gagarine, dans le nord de Paris. Il travaille dans un atelier d'imprimerie. La presse à papier est passée sur sa main droite, lui écrasant deux doigts qu'il faut amputer. Cet accident lui est arrivé car il n'a pas lu le panneau « ATTENTION DANGER ». Ce n'est pas de l'inattention : Léo ne sait pas lire.

Une enfance dans un mobile home, ruinée dès l'âge de six ans par la fuite de ses parents. Une jeunesse protégée par une grand-mère analphabète, Adélaïde, qui lui fait suivre l'école où il parvient à apprendre par coeur des textes de théâtre ; puis au collège où il perd la quasi-totalité de ce qu'il savait. A vingt ans, Léo vit seul avec un iguane, Iggy, il écoute de la musique à tue-tête dans ses écouteurs. Son seul copain au boulot est Bébel, délégué syndical ne sachant ni lire ni écrire, mais que l'accès à la culture par une porte dérobée a rendu redoutable pour son patron. Dans son immeuble, Mme Ancelme, la gardienne aux cheveux décolorés et reflets changeants. Et Sybille, infirmière élevant seule sa fille Violette. Sybille, si belle … Léo est beau aussi, très beau, mais ne le sait pas. Sybille a pitié de Léo, le soigne, l'aide, l'invite, le désire… Léo aussi désire Sybille mais reste prisonnier de son sentiment d'infériorité et de la honte ressentie lors de sa première étreinte.

Léo affronte un monde qui ignore l'analphabétisme. Comment voter (on est en mai 2002) ? Comment travailler ? Comment aimer ? Léo peut-il oublier ses deux doigts coupés ? Peut-il vaincre son illettrisme ? Tout le livre narre ce combat, de victoires en défaites, entre compassion et affection, de désir en frustration… illettré, ce n'est pas seulement ne pas savoir lire, c'est « chaque matin, commencer par un blanc qui lui donne le sentiment de devoir repartir à zéro. Si la veille et le temps des rêves il a roulé sa pierre, à l'aube celle-ci a chu et il faut recommencer le même travail absurde. La hisser au sommet d'un mont triste, en sachant qu'elle reviendra toujours à la source de la sueur et des larmes sans que l'effort n'ait permis au bonheur la moindre ascension. » (pages 58-59). Camus imaginait que Sisyphe était heureux, Cécile Ladjali sait que Léo ne le sera jamais….

Cette pierre à hisser est décrite au fil des événements qui seraient anodins s'ils ne concernaient que ceux qui sont peu ou prou intégrés à la société. Pour Léo, chaque échec, comme d'être déclaré inapte au service national, est le signe humiliant de son handicap. Mais il a des dons que la société ne valorise pas car les mots lui manquent. Il décrypte ce que ceux qui savent lire ne voient pas, comme les hiéroglyphes égyptiens. « Il décèle la beauté là où les hommes ordinaires ne la remarque pas. ». Devant le cercueil d'Adélaïde, ce constat : « Les choses ne suffisent pas. Léo veut les mots. Tous les mots. Afin qu'ils enserrent les moments et les rendent plus présents comme ils enjoindraient à ce qui est mort de recouvrer la vie. ». Et cette indestructible réalité : « Hors des livres, il a le sentiment physique d'être le jouet d'une mauvaise fortune, d'un malin hasard. Avec les mots, il serait le maitre de son destin. Il pourrait aimer. Les livres sont l'examen de la vie. Un miroir où se voit, par lequel on se connait, où l'on apprend à nommer et cesse de subir. ». Belle définition de la lecture… et âpre définition de l'illettrisme.

Ce récit est interrompu plusieurs fois par un dialogue dans le cimetière de St Ouen entre Léo et un autre – son autre ? Un mort ? Les deux peut-être ? Dialogue sec et intense fait de questions sans réponses : « J'aime être seul sous le ciel gris au coin d'une tombe. C'est tout. ». Et qui finit ainsi « Je suis l'auteur et le destinataire comblé de mon propre envoi. Personne n'a tenu le stylo à ma place. J'ai écrit le vide, j'ai posté le vide, et j'ai signé toute ma vie. » Léo se sent-il mieux parmi les morts ?

Cécile Ladjani n'a pas écrit un simple témoignage ou une enquête sur l'illettrisme, problème social souvent méconnu. En l'incarnant dans le personnage de Léo, elle lui donne une force romanesque et une intensité qui permet d'appréhender ce qu'est l'illettrisme et ses conséquences, mais aussi dépasse la seule explication sociale et psychologique pour en faire une figure littéraire à la fois vraisemblable et mythique. Et pose la question, non seulement des critères de réussite dans notre société, mais aussi celle de la part laissée à l'inexprimé … C'est très fort !
Lien : http://jmph.blog.lemonde.fr/..
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Léo est jeune,beau il travaille à la chaîne dans une imprimerie.
Il occupe un petit studio en banlieue et cache un terrible secret:il ne sait pas lire.
Un infirmière qui le soigne suite à un accident va découvrir ses lacunes.
Cécile Ladjali est professeur de lettres,son écriture poétique nous retrace le parcours d'un gosse laissé pour compte par le milieu éducatif.
Ce secret le dévore ,le couvre de honte,l'éloigne des autres,il use de stratégies de dissimulations qui l'angoisse.
Histoire poignante sur ce terrible handicap qu'est illettrisme.
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En évoquant le combat douloureux et perdu de Léo, vingt ans, contre l'illettrisme, Cécile Ladjali a écrit un texte extrêmement violent.

Pourquoi ?

Parce que l'auteur met en scène la vie de Léo, dans sa cité de la porte de Saint-Ouen, avec des mots recherchés et un style souvent flamboyant qui sont comme la démonstration du pouvoir et de la supériorité de la littérature et qui loin de nous faire ressentir l'inadéquation au monde de Léo ne font que renforcer chez le lecteur un sentiment de malaise.

Faire de Léo un conducteur de machines dans une imprimerie et souligner de manière récurrente la naïveté et le caractère solaire du personnage, sa « présence aux autres » relève d'une forme de condescendance.

Non pas qu'il eût fallu décrire la vie semée d'obstacles d'un illettré avec un style pauvre, mais dire que Léo est « la preuve incarnée que l'ignorance préserve sa pureté originelle à l'être humain… » est un peu dérangeant, surtout quand on considère l'issue du roman. Et le décrire regardant des fenêtres de son immeuble-barre « les signes bleus [qui] pâlissent dans le vide lactescent » est légèrement décalé…

A lire toutefois pour la beauté de l'écriture et pour la remise en question de toute une société.


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