Illettré

Lu en 2016 (année de parution). Je découvrais l'auteure en même temps que ce livre. Une plume parfaitement maîtrisée que j'avais immédiatement appréciée.
Un sujet tabou bien mis en exergue par ce roman contemporain. L'illéttrisme, une sourde latence pour ceux qui en souffrent, un mal invisible, sournois, honteux et discriminatoire. L'on croit pouvoir ruser et détourner le problème, en vain finalement...

(NB : une adaptation avait été réalisée et je l'avais bien appréciée)

Ce livre raconte l'histoire d'un jeune homme qui ne sait pas lire. On se pose souvent la question de comment, de nos jours, on peut encore ne pas savoir lire (école obligatoire, aide personnalisée...). Mais ce roman pose surtout le doigt sur la possibilité de passer à côté de ses apprentissages lorsque d'autres soucis font que tout le reste parait dérisoire. Et ceci je peux l'entendre. Nous en voyons tous les jours, à l'école où je travaille, des enfants qui ont des soucis familiaux, de santé... et qui sont tellement obnubilés par cela qu'ils ne peuvent pas se poser en classe malgré toute notre aide.

Enfin pour parler plus de la forme que du fond sur ce roman, je dirais que j'ai aimé mais... car il y a un mais. Je l'ai trouvé difficile à lire. Je ne sais pas si l'auteur a voulu trop détailler, trop interpréter, se vouloir trop "lettré" justement mais le vocabulaire m'a semblé compliqué pour rentrer dans l'histoire. Comme le roman était court, je l'ai fini et j'avoue que la fin m'a un peu refroidie... Je ne veux pas plus vous en dévoiler. Je suis donc restée mitigée entre une belle histoire mais une écriture qui aurait peut-être méritée d'être faite autrement.

A travers, la tentative d'apprentissage de la lecture de Léo, jeune homme à la vie difficile depuis sa tendre enfance et dont l'illettrisme lui a coûté des doigts de la main, l'autrice rend hommage aux mots et à la langue française qui peuvent nous amener vers la connaissance mais aussi vers le rêve ou l'imagination.
Quelques bémols dans la définition de certains personnages comme le patron d'usine caricatural et la grand-mère trop bienveillante.

Il y a beaucoup de choses que Léo ne peut pas faire. 1) Lire un courrier. 2) Lire les pancartes à l'usine ce qui lui éviterait de passer sous un rouleau compresseur. 3) Remplir sa feuille d'impôts. (Le problème des lettres mais aussi celui des nombres décimaux.) 4) Faire ses courses sans acheter toujours la même chose en raison des prix sur les emballages (rien que le problème des nombres à virgules cette fois parce que les chiffres ronds et leur litanie triste, il connaît, à force de compter les marches ou les morceaux de gomme sur le trottoir). 5) Lire les noms des stations dans le métro...
Je crois effectivement qu'il est difficile de mesurer combien c'est difficile de vivre en étant analphabète. Si cela avait été mon cas, je n'aurais pas pu lire illettré de Cécile Ladjali et cela aurait été fort fâcheux tellement j'ai pris plaisir à découvrir l'histoire de Léo et à suivre ses pensée. Quand le roman démarre, il est ouvrier dans un atelier d'imprimerie et aux contacts des lettres toute le journée. Elles dansent devant ses yeux puisqu'il ne les comprend pas. Il a vaguement su quand il était enfant. Puis un évènement traumatique lui en a barré l'accès. Il a d'autant plus conscience de son handicap qu'il brûle d'envie de déclarer sa flamme à Sybille, sa jolie voisine infirmière. Or comment mettre en mots toutes ses émotions ? « Bébel et Léo ont en commun la honte. Elle est tenace, constante. Elle a modifié leur corps : démarche hésitante, épaules en creux, yeux baissés, hoquet des syllabes, le pied qui râpe le sol et n'ose franchir une ligne imaginaire qui terrifie. » Léo souffre. Il ne connaît pas sa valeur, ni sa beauté et n'imagine même pas ce qu'il provoque chez les autres. Réapprendre à lire ? Bien sûr que Léo en a envie. Il existe bien des cours pour adultes et quels cours. La description de la prof imaginée par Cécile Ladjali vaut le détour ! Pour savoir si elle va être un soutien pour lui ou pas, une seule solution, vous plonger dans ce texte qui m'a beaucoup intéressée et touchée.

J'ai lu le livre très rapidement (en 2 jours), j'ai accroché à l'histoire de Léo. L'histoire est vraiment très prenante, des passages sont un peu long mais il n'y en a pas beaucoup.
Par contre, j'ai rencontré beaucoup de mots d'un langage soutenu que je ne connaissais pas. Ma théorie est que c'est fait exprès pour se « sentir » au plus près de l'histoire de Léo.
Je recommande vivement ce livre.

Je n'ai pas aimé ce roman qui s'éloigne un peu trop souvent du thème exposé dans le titre. le choix d'un narrateur extérieur, déjà, m'a dérangée: de ce fait, je n'ai pas assez senti la souffrance du personnage. Cela était certainement dû, également, par le style: un peu trop grandiloquent à mon goût. Un peu incohérent aussi des fois. Léo, qui n'a pas vraiment réussi à l'école, qui a oublié comment on lisait et on écrivait (je pensais que c'était comme le vélo: qu'on pouvait régresser, mais pas TOUT oublier!!!), et qui utilise des mots comme "disgrâce"!!!? J'ai du mal à y croire... Une histoire d'amour brinquebalante avec des événements qui arrivent comme un cheveu sur la soupe et qui n'ont pas d'intérêt autre que "gagner des pages" (oui, je suis dure!!!) : l'enseignante au nom d'espionne qui lui saute dessus, l'état de choc qui l'amène au poste de police... Bref, si c'est l'illettrisme qui vous intéresse, je pense que vous pouvez passer votre chemin et trouver bien plus instructif!!!

Je suis une grande admiratrice de Cécile Ladjali : à chaque fois que je l'écoute parler, je suis admirative de son érudition et de l'enthousiasme avec lequel elle partage ce qu'elle sait et ce qu'elle aime.
Cécile Ladjali a le don d'entrebâiller des portes dans lesquelles ma curiosité me fait m'engouffrer et ainsi, je fais des découvertes que je n'aurais jamais faites seule.


illettré est l'histoire de Leo Cramps qui ne sait ni lire, ni écrire ou plutôt qui a oublié ou qui avait trop de raisons personnelles de ne pas apprendre.
C'est le constat de l'analphabétisme, dans nos sociétés : celui qui enferme, marginalise, isole, empêche les relations... Et pourtant, Léo fera des rencontres, de celles qui enrichissent, qui construisent, souvent avec des êtres comme lui qui ne domptent pas toujours les mots.
Léo est un Pur (comme l'était Bébert dans Voyage au bout de la nuit), de ceux que la vie malmène tout en leur faisant croire qu'il existe un ailleurs, un avenir qui pourrait être meilleur si...
Pour Léo, maîtriser les mots serait la clef de cet avenir.

C'est encore un très beau livre que celui-ci, même s'il est rempli d'une grande solitude, mais également d'un espoir peut-être trop fort...


En le lisant, je repensais à ce Monsieur venu me trouver un jour à mon travail pour une demande inhabituelle dans le cadre de celui-ci : l'aider à remplir un formulaire administratif.
Le sourire qu'il m'avait laissé, en me quittant, pour me remercier du peu que j'avais fait pour lui, m'a accompagnée tout au long de cette lecture.

Quel bonheur immense et inconscient, nous avons, nous autres, puisque les livres nous parlent à travers les mots et nous permettent de nous évader ou même, de vivre au quotidien, tout simplement.

Belle écriture pour une histoire bien triste.

Beaucoup d'incohérences dans ce roman où Léo censé avoir une très bonne mémoire perd l'usage des mots et de la lecture en l'espace de 3 ou 4 ans.
Sur un sujet délicat et émouvant, l'auteur s'empêtre dans un style verbeux qui impatiente le lecteur.
Décevant !

inintéressant