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Je m'appelle Ariane. Quand j'essaye d'écrire j'ai peur. Quand je vois un livre j'ai peur. J'y arrive pas.
Mon nom est Sylvain, j'ai toujours aimé les mots, les entendre, les dire, mais je n'ai jamais réussi à les écrire ni à les lire...
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Comment trouver sa place au sein d'une société sans avoir accès à l'écriture et à la lecture ? Illettré raconte le désarroi de Léo au quotidien, les souffrances que peuvent provoquer ce handicap invisible. Quand on ne sait ni lire ni écrire, tout se complique et la honte souvent nous envahit et exacerbe les sentiments.

Au-delà des difficultés rencontrées par Léo pour vivre au quotidien (comme lire et décrypter des affiches de prévention et de sécurité sur son lieu de travail, accomplir ses démarches administratives, payer ses courses...) c'est notamment sur les ressentis, les émotions, si dures soient elles, que l'auteur s'attarde. C'est ce que j'ai apprécié dans cette lecture : suivre le parcours semé d'embûches de Léo et ses tentatives, souvent vaines, de trouver une voie d'issue.
Car au-delà de déchiffrer des lettres et des mots, il faut en comprendre le sens, et surtout, les codes qui les accompagnent. Ainsi, Sybille, sa voisine qui l'a d'abord soigné puis pris sous son aile pour l'aider à l'apprentissage de la lecture, éprouve des sentiments pour Léo mais il est incapable de les déceler et d'agir en conséquence.
Aussi, pour réussir dans l'acte courageux du réapprentissage de la lecture et de l'écriture à l'âge adulte, encore faut-il être accompagné par des professionnels correctement formés et désireux de les amener à la réussite. Malheureusement, Léo n'aura pas eu cette chance et se retrouve face à une professeur en transition : elle travaille dans cette association non par plaisir et par choix, mais parce qu'elle y est obligée, en attente de pouvoir exercer à l'université. Évidemment, il n'y a aucune progression, aucune évolution positive possible dans ce contexte.

Illetré est un livre poignant et qui suscite la réflexion. Aujourd'hui, comme Léo, 2,5 millions de personnes sont illettrées malgré une scolarisation lors de leur enfance et adolescence et vivent, tant bien que mal avec ce fardeau.
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Eût-il rencontré un aviateur dans un désert, ce n'est pas un mouton qu'il lui aurait demandé de dessiner, mais des mots, et sans lui emprunter sa plume, car Léo ne connaît pas l'art de déchiffrer et reproduire sa langue. C'est un lointain mais profond traumatisme qui l'a privé de cette faculté : c'est lors de son entrée au CP que ses parents ont disparu, du jour au lendemain sans crier gare, sans plus jamais donner de signes de vie ou de mort. Alors Léo a appris, un peu, et mal, puis oublié. Certes il s'en passe, au prix d'une mise en danger réelle (il aurait pu y laisser la vie, lorsque qu'à l'imprimerie (!) où il travaille il a laissé deux doigts dans une presse, faute d'avoir lu l'avertissement devant l'outil), au prix surtout d'une solitude qui lui pèse de plus en plus, surtout depuis qu'une jolie voisine et sa fille occupent ses pensées. Jusqu'où ira t-il pour l'amour de sa belle?

C'est tout le drame du handicap dans une société normative où le droit à la différence proclamé haut et fort et inscrit sur les tables d'un certain nombre de lois montre bien ses limites. Il ne suffit pas que les textes s'érigent en gardiens du droit, il faut aussi que le sujet s'autorise à vivre dignement avec ses limites. Et Léo en est loin : ses lacunes sont pour lui une torture permanente qui a modelé sa façon d'être au monde.

C'est dans un Paris nostalgique et très graphique perçu par les yeux de notre jeune homme pas comme les autres, qui compense sa cécité à l'écrit par une hypersensorialité bien retraduite par l'auteur (ajoutons à cela un besoin de rituels, et l'on est pas loin de troubles du spectre autistique) .


L'écriture sensible, délicate et élégante, se met au service d'une fine analyse psychologique, très touchante.

Les personnages secondaires font l'objet d'une portrait plus caricatural, beaucoup moins nuancée, une peu comme sur ces photos en noir et blanc ou l'on a colorisé un détail.

Cela donne au final un récit poétique sans mièvrerie, un regard mélancolique mais pas désabusé sur de la différence .


Un très bon moment de lecture.

Merci à Glose de m'avoir permis de découvrir ce roman.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Léo ne sait ni lire, ni écrire. Un temps il a presque su, mais depuis il a fini par oublié.
Elevé par sa grand-mère analphabète, ses parents ayant vite disparus, il est un jeune homme sensible d'une beauté que l'on remarque.
Il habite la cité Gagarine, en proche banlieue, paradoxe de l'histoire il travaille dans une imprimerie.
C'est un garçon discret, qui a pour seul compagnon un iguane, Iggy, en référence à Iggy Pop.
Il est fortement amoureux de Sybille, une infirmière du même immeuble qui l'a soigné lorsque qu'il s'est fait écrasé et amputé de deux doigts. Timide et honteux il ne sait comment lui déclaré sa flamme.
Alors il traine son désespoir du côté du cimetière de Saint-Ouen. Ne connaissant rien à la drague avec les filles, il passe parfois voir Louisa…
Au quotidien c'est madame Ancelme, la concierge de l'immeuble, qui l'aide à déchiffrer son courrier.
Un roman qui se déguste par sa lenteur, ou tour à tour se mélangent toute la palette des sentiments laissant le lecteur dans l'expectative.
L'écriture tout en finesse de Cécile Ladjali nous rend le personnage de Léo des plus attachants fondant sur lui tous les espoirs.
J'avais mis quatre étoiles jusqu'au milieu du livre, le final me va moins bien, même s'il parait très réaliste.
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Quelle écriture pour décrire l'illettrisme et le manque de culture. A travers Léo, Cécile Ladjali manie magnifiquement les mots. Dans une même phrase, on ressent aussi bien de la compassion que de l'horreur. On compatit et en même temps on est en colère. Ca claque et en même temps c'est plein de tendresse. C'est poétique. Quel brio ! Bravo Madame.

Cécile Ladjali décrit avec force ce que ressent Léo, illettré, abandonné à son triste sort par l'Education Nationale, qui ne sait pas comment faire avec des élèves qui « ne suivent pas » le programme. Qu'est-ce qu'on en a à faire de ce qui se passe dans ces chers têtes blondes ? Qu'elles aient des pensées négatives ou que leur parcours personnel soit plus que chaotique ne rentre pas en ligne de compte.

Quel désoeuvrement et quels tourments ! Quelle honte ! Quelles difficultés à essayer d'apprendre a un certain âge ! Et lorsque l'on tombe amoureux, comment avouer à l'autre que l'on ne sait ni lire, ni écrire.

Une très belle âme et un très beau portrait. A lire absolument !
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Léo a 20 ans; la vie l'a malmené: il a six ans quand ses parents fuient le mobil-home où ils vivaient. Sa grand-mère, aimante va l'élever mais à l'école ça ne va pas; il est très sage mais ne parvient pas à apprendre à lire, écrire, compter; sa grand-mère est analphabète. Léo quitte le collège a 13 ans et oublie tout ce qu'il a appris...A 16 ans, il travaille dans une imprimerie! et ignore le signal "danger"; il va perdre deux doigts. Très vite, il tombe amoureux de Sibylle, la jolie voisine infirmière qui le soigne. Très vite Léo a honte de son handicap, il semble vouloir réapprendre à lire mais c'est un combat difficile; il veut pouvoir écrire son amour pour Sibylle...fin dramatique
Léo est un être surprenant: taiseux, il parle dans les cimetières et il a un iguane comme animal de compagnie!
Lien : http://cafelitterairedelambe..
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Léo est illettré et comme beaucoup d'autres il est passé à travers les mailles de l'Education Nationale pour finir bon gré mal gré par trouver un poste dans une imprimerie. L'ironie de la situation ne doit pas nous faire rire, elle rend compte pour l'auteur de l'obsession de Léo pour les mots et de la honte omniprésente de ne pas savoir les déchiffrer. Cela lui vaudra d'ailleurs d'y perdre deux doigts lors d'un accident de travail.
Le récit est bien mené et bien écrit. On découvre à travers l'histoire de Léo, le désastre d'une vie dans les marges même si l'on est plutôt gentil et plutôt beau garçon… il y a des codes que l'on se doit de posséder pour espérer une vie digne de ce nom.
Il y a quelque chose de tragique dans ce récit mais il y aussi beaucoup de questions posés au lecteur qui lui, a ce pouvoir de déchiffrer le sens des mots et d'en user à sa guise.

Karine (Poissy)
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Un roman qui raconte le drame de l'illettrisme, l'isolement, la douleur et le désespoir qu'il engendre. le lecteur ressent dès le début un décalage entre l'écriture un peu précieuse avec un vocabulaire recherché et l'histoire de ce jeune analphabète, simple et discret. Une histoire d'amour improbable vient polluer le récit. Seule la fin tragique et cruelle donne un sens à ce récit sombre et désespéré. Un avis donc mitigé sur ce livre qui ne m'a pas paru très crédible et qui ne m'a jamais ému malgré le sujet traité.
Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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L'auteur qui est professeur de lettres traite dans son 9è roman d'un sujet qui lui tient à coeur : les mots. Ceux que Léo ne sait plus ni lire ni écrire et que sa voisine Sybille, va tenter de lui faire réapprendre. le propos est de relater les dégâts psychologiques que ce handicap génère que le jeune homme. J'ai souffert tout au long du texte pour lui à qui rien n'est épargné, entre les parents disparus sans un mot, la grand-mère analphabète, la solitude, la perte de l'amour de sa vie. Je n'ai pu m'y identifier, of course ! mais le peut-on vraiment quand on a accès à la lecture soi-même. L'auteur a une plume particulière, un peu trop "chic" pour le sujet traité peut-être.

Un vibrant appel pour attirer l'attention sur ce fléau qui touche 7 % de personnes en France, dont 51 % travaillent. Une raison de plus pour vous recommander cette lecture qui n'est pas un coup de coeur, mais une lecture "utile" pour parler de cette cause.

Lien : http://la-clef-des-mots.e-mo..
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L'histoire de Léo, jeune illettré qui se bat pour conquérir Sybille...une écriture pleine de poésie, musicale mais qui à mon sens n'est pas à la portée de tout le monde. Quel paradoxe! Je comptais proposer ce roman à mes lycéens mais je suis un peu déçue car je pense qu'il faut être un lecteur déjà aguerri pour se lancer dans ces lignes à la fois belles et tortueuses.
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