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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Est-ce que le dialogue est la vie ? Est-ce que échanger avec l'autre, c'est exister ? Se construire passe-t-il par les mots ?
Mais quand la parole est entravée par un secret qu'on veut taire, par un jugement qu'on veut oublier, quelle est la part de la vérité des échanges ?
Et les silences ? Les mots tus, ou l'absence à la réalité pour se réfugier dans un ailleurs tout aussi peuplé mais d'une autre façon et y partager une autre forme de communication ? Est-ce cela évoluer, grandir, vieillir, toucher la maturité ? Est-ce cela qui "fait vivre" ?

Dans ce livre, Cécile Ladjali virevolte autour de la notion de communication entre les êtres. de façon toujours aussi enrichissante, elle interroge sur le poids et la valeur de ces échanges qui font vivre ensemble. Ou sur le tranchant des mots ou leur absence qui détruisent vie et affection. Est-ce que les sentiments se partagent par les mots ? Est-ce que l'absence de mots engendre une carence affective ?

En plaçant le lieu du récit en territoire à la fois israélien et palestinien, elle suppose immédiatement une rupture de l'écoute et du mot prononcé entre deux nationalités qui ne parviennent pas à vivre ensemble, entre deux peuples qui ne font aucun effort de langage qu'il soit parlé ou gestuel – celui de la main tendue – pour écrire une histoire commune. Certainement, aucune terre n'est autant baignée des ténèbres du mutisme. Et quand des lèvres murmurent une autre histoire possible du voisinage de ces deux peuples, elle est tue par la violence, bien souvent.
Les poètes s'y sont perdus, eux dont les mots traversent toute frontière, eux dont la prose fait figure de voile de paix.
La musique, autre forme de conversation ou de narration, ne connaît pas les nationalités, fait fi des barbelés et de l'hostilité. La musique serait-elle les seules paroles de paix ?

Tom le psychiatre israélien qui accueille dans son unité une jeune palestinienne qui, sur le point de donner la vie, vient de tenter de se suicider, n'est pas le pilier qu'il paraît, fissuré lui aussi dans ses échanges par le souvenir de paroles et d'actes échangées et commis par sa mère alors qu'elle le portait.
Entre passé et présent, celui-ci s'efforce de définir ou commence le dialogue, où se termine l'échange et ce que représente le pouvoir des mots.
Tout autant est-il question de la folie, cette expression d'une autre approche de la vie et des évènements, une autre narration du quotidien quand d'autres mots sont posés sur les actes ou expriment des points de vue qui s'éloignent des conventions.
Et c'est la rencontre avec Hephraïm, musicien, interné, et curieusement le plus libre dans l'esprit.
En miroir des mots, une autre forme de communication plus spirituelle vient ourler ces pages questionnant autant les personnages que le lecteur.


C'est une lecture qui interroge. C'est un livre qui se lit doucement pour tenter de l'approcher, d'essayer de le posséder, ou du moins essayer de le faire sien. On lit, on relit certains passages pour mieux en éclairer d'autres.
Une lecture qui instruit comme toujours avec Cécile Ladjali mais il faudra y revenir…

Merci à Babélio et aux éditions Actes Sud !
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Passionné par l'énigme de ce qu'entendent et ressentent les bébés in utero, Tom, psychiatre israélien à l'hôpital de Hod Hasharon près de Tel Aviv,est hanté par le souvenir des voix confuses ou fiévreuses qui ont précédé de peu sa naissance

Tom va être amené à soigner plusieurs patients, parmi lesquels Hephraïm Steiner, musicien octogénaire, et Roshan, jeune Palestinienne enceinte mais enfermée dans le déni de sa grossesse.

Pour Tom, Steiner et Roshan pourraient être deux cas d'études rêvés car ses recherches portent sur l'inaudible et la communication intra-utérine.

Deux cas passionnants pour ce médecin dont les recherches portent sur l'inaudible, sur la communication intra-utérine – et qu'obsède ce qu'il a vécu et croit avoir entendu, le 11 septembre 1995, depuis le ventre de sa mère, alors que se jouait dans l'espace un drame : Soyouz ne répondait plus.

Interrogeant sous des formes diverses la difficulté d'être au monde et l'identité, Cécile Ladjali nous propose une fiction étonnante sur l'absolue nécessité du langage avec en toile de fond le conflit israélo-palestinien.La grande force de “La Nuit est mon jour préféré”? Mêler ingénieusement voix des morts et des vivants. Cécile Ladjali, raconte avec énormément de brio à quel point le langage peut permettre rendre possible la rencontre improbable de ces personnages, en questionnant le lecteur sur sa identité et son humanité.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Tom est psychiatre. Il a la charge d'une vingtaine de patients israéliens et palestiniens (« Des cas cliniquement passionnants mais qui m'abîment »). En exfiltrant leurs souffrances, il s'analyse : « (…) être attentif aux névrosés m'est vite apparu comme le meilleur moyen pour vaincre mes propres démons ».
Les démons prennent la forme des non-dits et des silences. Meredith, sa mère, lui a donné naissance quelques jours après avoir débranché l'appareil respiratoire qui tenait sa soeur en vie. Elle ne s'en remettra pas et se réfugiera dans le silence, synonyme d'indifférence pour le fils qui cherchait son attention.
Un roman sur le sens du silence.
Le silence de Roshan, belle et jeune palestinienne coupable d'avoir trop aimé et d'en porter le fruit, prisonnière de l'honneur familial. le silence d'Hephraïm Steiner, vieux musicien dégoûté du monde réel (« le fou est un mélancolique lucide ») que le souvenir de son enfance clandestine éprouve (il revoit sans cesse « le dernier métro » de Truffaut).
Le silence assourdissant qui sépare deux peuples irréconciliables alors que la moindre parole, le moindre geste suffit à redonner espoir. Comme la parole qui relie Steiner à Roshan. Comme le geste qui réunit Tom et Roshan.
Quand le silence est patience, quand il autorise l'écoute, tout devient possible.
Un roman intelligent et grave qui, tel un rayon de soleil un peu mystique, perce le ciel assombri.
Bilan : 🌹🌹🌹
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Confronté à deux patients suicidaires - un octogénaire habité par la musique et une palestinienne refusant sa grossesse - un jeune psychiatre va reconstruire son histoire familiale et s'interroger sur son incapacité à "entendre" ce que toutes ces voix et ces silences lui disent... Beau texte qui " explore le monde où chaque voix ne peut résonner qu'en écho avec celle d'autrui" et un hymne à l'amour, seule réponse à nos doutes et solitudes !


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la narration est guidée par la voix de Tom, psychiatre israélien. Il écoute ses patients et leurs mots pour mieux combler ses propres questionnements. Ce narrateur, seul et obsessionnel, a dès les premières pages, un grand sens de l'écoute et de l'observation. Tout ce que ses sens perçoivent nous approchent autant de ses patients que de sa propre recherche. La pensée de Tom est entièrement consacrée aux non dits et au silence. Il projette beaucoup et sort facilement de la réserve de son statut de psyhiatre. Il se veut protecteur de Roshan, la jeune palestienne. Elle semble être la clé pour la vie de Tom, en tout cas lui en est persuadé. Tout comme il se réconforte en plongeant dans ses premiers souvenirs, on pourrait même dire ses souvenirs avant même la mémoire. Tom est convaincu que le monde est audible, même par des bébés dans le ventre de leur mère. C'est ainsi qu'il revient sur la grossesse de sa mère, le décès de sa tante et l'histoire d'un amour inachevé avec un astronaute. Ce retour dans le passé est particulièrement marquant par la description de l'amour décu dans un monde sorti de la Guerre froide et qui regarde vers les étoiles. La magie de cette époque, amplifiée par une nostalgie décalée du narrateur, transforme le roman et son fil très ancré dans le présent en une rêverie.

Le roman alterne donc le présent des séances avec le travail de recherche mémorielle mené par Tom. Ce jeu d'écho nous fait entrer dans l'esprit de Tom. Comme lui, on devient sensible aux paroles et au silence des patients. Certaines de leurs phrases, signes de clairvoyance et de vérité, sont alors des moments de libération. Tom avance peu à peu dans les méandres de ses pensées, se rapprochant parfois de son but.
Cécile Ladjali rend hommage à la puissance des mots, au poids de la parole et l'écoute des silences. Les personnages deviennent des ports d'attache et leur histoire, au coeur du conflit israélo-palestinien, prend une autre tonalité. En lisant ce roman, tous nos sens sont en éveil, et en brouillant, comme le titre l'indique, les frontières entre jour et nuit, la romancière nous embarque dans une balade instinctive.
Lien : https://www.rcf.fr/culture-e..
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