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Critique de AnnaDulac


C'est peut-être dans l'histoire personnelle de Cécile Ladjali qu'il faut chercher les raisons de ce livre dont l'ambition est de décrire en détail sa bibliothèque, comme une revanche sur une enfance dont « les étagères étaient vides de vélin. »

Ce n'est qu'à la mort de son père et l'année de son entrée à la Sorbonne qu'elle s'est autorisée à débuter cette accumulation protectrice. « Ils sont là, les visages. Tous les visages. Ceux de mes auteurs. »

Pour Cécile Ladjali, longtemps brouillée avec les mots, enseignante en milieu difficile, et auteur, il est impossible d'écrire sans avoir lu, beaucoup, avec boulimie. La bibliothèque est un « antidestin », « une invite à écrire le monde avant qu'une main invisible plus habile […] ne décide des mots et des choses à notre place. »

« Je lis pour vivre, pour écrire, et aussi pour retrouver mes amis. »

Alors il y a la bibliothèque matérielle de Cécile Ladjali, sur un grand mur de pierre, en arche au-dessus de la porte d'entrée « blindée. »

Un classement ? Pas vraiment.

Un « désordre magnifique » qui sous-tend le désir d'écrire.
Un « rangement » par « affinités électives ». Ingeborg Bachmann et Paul Celan à jamais côte à côte. Flaubert relisant Huysmans.

Les livres d'art rangés à l'extrême gauche de la bibliothèque, sur une colonne de quatre mètres de haut. Et au milieu quelques livres de philosophie.

La littérature orientale. Les femmes de la littérature anglaise. Virginia Woolf. Emily Dickinson. Les Allemands. Les Russes. le camarades de plume : Belinda Cannone, Carole Martinez, et tant d'autres.
La littérature française. La poésie « noyau dur. »

Des centaines et des centaines de titres énumérés, proposés au lecteur essoufflé et désespéré de ses propres insuffisances.

Quant à la critique, elle est reléguée à quatre mètres du sol. Dans « les limbes », les espaces intermédiaires, sur l'escalier, au bord de l'écroulement, les derniers livres achetés ou ceux qui flottent entre deux domaines.

Il y a aussi les bibliothèques arpentées, fréquentées : la BNF de la rue Richelieu. Les parquets craquants de la Sorbonne « un décor de roman. »

Ne pas oublier non plus la liste « non exhaustive » des « livres que je n'ai pas lus ». La littérature japonaise, restée opaque. Les Chinois, les Indiens, les Espagnols, sachant que « l'absence est une présence en creux. »

Cécile Ladjali parle aussi de son maître Georges Steiner, des dangers et des promesses des bibliothèques électroniques.

Malgré le vertige, le lecteur est infiniment reconnaissant à Cécile Ladjali de lui proposer ainsi mille pistes de lectures et la certitude que « le paradis a la forme d'une bibliothèque », « une chambre à soi où l'on lit tranquillement. »





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