Si on a lu plusieurs
romans de
Marie-Hélène Lafon (MHL), on n'apprendra pas grand chose dans ces entretiens que l'on ne sache déjà, précisément par ce qu'elle nous a maintes fois transmis dans ses écrits : son attachement au Cantal de son enfance.
Cependant il est intéressant de connaître les arguments qu'elle avance pour s'en prendre aux
romans de terroir nostalgiques : elle les considère comme un "double rétrécissement", ce
lui du territoire et ce
lui du temps. Elle se défend d'écrire de tels
romans, tout en revendiquant son attachement "jusqu'à l'os" au territoire décrit et à l'époque évoquée. "Les grands textes de
Flaubert et
Maupassant sont aussi ancrés dans un territoire (…) et on ne les prend pas pour des écrivains de terroirs" s'indigne-telle. MHL règle en même temps son compte à la nostalgie en affirmant avec la concision qu'on
lui connaît que "L'impermanence de toute chose sape à la base le rapport nostalgique au monde" ; rien n'est éternel aurait dit
Joseph, le taiseux. Elle ajoute que le lecteur peut facilement éprouver sa propre nostalgie à la lecture de ses
romans car elle y laisse suffisamment "d'implicite et de blanc".
C'est donc tout le contraire du rétrécissement que les
romans de MHL nous offrent : à partir d'une époque et d'un territoire limités, il y a là littérature car, que l'on soit rural ou urbain, chacun peut se retrouver dans la description de ces vie simples, description qui, par son dépouillement, touche à l'universel. J'imagine facilement le lecteur transposer ses récits en Russie du temps de
Gogol, en Chine du temps de Mao ou dans la pampa argentine du temps des colonels. L'homme de toujours est au centre de ses
romans ; c'est pour cela que chacun s'y retrouve.
Mais me direz-vous, comment passer dans un roman du particulier au général ? Par la seule magie de l'écriture.