AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,15

sur 47 notes
5
4 avis
4
4 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Ils me regardent quand je passe à -La Grande Librairie-...Leur fille est "dans le poste "!
Mon père me demande parfois comment marchent mes livres, de la même manière qu'il demanderait à un paysan du coin combien il a vendu sa vache. Pour eux, j'ai deux métiers, professeur et écrivain. En même temps, ils ont bien conscience que le matériau même de mes livres est leur monde, ce monde même dont ils m'ont toujours dit qu'il était déjà fini; ils savent qu'une trace s'est inscrite dans mes livres. "(p. 90)

Un volume d'entretiens , passionnant acquis sur les terres de l'auteure, dans le Cantal, alors que j'étais invitée chez des amis en septembre dernier (2019), entre Murat et Neussargues...Je l'ai lu d'une traite ce dimanche (5 avril 2020). Il a prolongé très heureusement un texte âpre que je viens de finir de cette écrivaine, "Les Derniers Indiens"... Cela m'a permise d'approfondir l'univers et la sensibilité de Marie-Hélène Lafon.

Marie-Hélène Lafon... répond au question de l'éditeur, Fabrice Lardreau, sur de multiples sujets: son enfance, les diverses influences de ses montagnes cantaliennes sur ses écrits, son travail d'écrivain, sur le célibat des paysans, restés seuls sur l'exploitation familiale, sur ce monde paysan finissant,les auteurs admirés, dont Faulkner, Julien Gracq, Bergougnioux, etc., l'austérité de la montagne, commune au travail de l'Ecriture… de très beaux passages sur la marche.

"C'est une déclaration d'amour évidemment. Déclaration d'amour à l'île
première. Les îles cependant, sont faites pour être quittées. On s'invente
ailleurs, on s'arrache. On le doit, on le peut, on le fait, on l'a fait, je l'ai fait.
Arrachement et attachement ne se séparent pas. " (p. 95)

Marie-Hélène Lafon y parle évidemment du décalage social, d'être selon
ses mots un "transfuge social"... comme Annie Ernaux, même si leur vécu
est autre ...Je retranscris un extrait qui est très explicite sur ce tiraillement
social... même si il existe une différence primordiale entre les deux femmes.
Marie-Hélène Lafon n'a jamais eu honte de son milieu paysan... bien au
contraire !

"Claire, le personnage de mon roman -Les Pays-, qui a une dimension
autobiographique assez explicite, franchit une limite que j'ai moi-même
franchie; issue d'une famille paysanne du cantal, elle devient professeure
de lettres classiques à Paris. Cependant, elle n'écrit pas. Il me semble que
l'acte d'écrire induit une séparation supplémentaire avec le milieu d'origine. (…) C'est un exercice de "haute solitude", comme on parle de "haute montagne".
J'ai le goût de cette haute solitude, de la jubilation et du vertige qu'elle
procure, liés pour moi à l'acte d'écriture, et pour pouvoir écrire le pays
premier, il faut en être parti." (p. 92)

Ce volume est complété fort judicieusement par des extraits de "Lectures
montagnardes", appréciées par l'auteure, débutant par la magnifique
chanson de Jean Ferrat "La Montagne", suivie de Alexandre
Vialatte, "Chronique des justes altitudes" (1967), Julien Gracq,
" Carnets du grand chemin" (1992), Jean Giono, "Ennemonde et
autres caractères" (1968), Luc Lang, " Au commencement du septième
jour" (2016), Philippe Jacottet, "A la lumière d'hiver, suivi de Pensées
sous les nuages" (1994)

Je ne voudrais pas oublier de louer l'austérité ou plus exactement
la sobriété de la maquette...très réussie, tellement évocatrice de la terre et de la nature… Une couleur brune égayée par le titre , le nom de l'auteure, ainsi qu'un dessin à l'encre violette...

Un moment de découverte précieux et très émouvant...J'aborderai désormais les textes de Marie-Hélène Lafon, avec une attention accrue...
Commenter  J’apprécie          492
Quand je suis sortie de la librairie Eurêka street, je ne pouvais pas quitter les mots de Marie-Hélène Lafon. Alors, une fois n'est pas coutume, j'ai ouvert le livre que je venais tout juste d'acheter.
Je suis donc partie pour le pays d'en haut, ce coin de Cantal qui est celui de l'autrice. Ce pays qu'elle a quitté pour mieux y revenir en littérature. Dans cet entretien, elle évoque les thématiques qui lui sont chères, qui jalonnent son oeuvre, le rapport à la nature, au paysage, au monde paysan. Mais aussi son chantier littéraire qui ressemble aux corvées agricoles. Et les écrivains chéris, Flaubert en tête. Comme si je revivais depuis mon lit la rencontre tout juste passée.

Je l'ai déjà écrit, j'y reviens, la langue de Marie-Hélène Lafon est la mienne. du pays d'en haut au bocage qui est le mien, il n'y a qu'un pas. C'est une image, géographiquement il y a un monde. Mais pas sociologiquement. Je me retrouve évidemment dans le fait de ne pas être la petite fille qui a passé d'aimables vacances d'été chez ses grands-parents à la ferme mais qui a grandi là, arpentant jour après jour, ce paysage là. Celle qui accepte sans broncher que le gentil lapin si mignon finira dans une terrine. La fille qui n'a pas de nostalgie du retour à la nature puisqu'il lui a fallu partir, que c'était écrit comme ça. Une succession de réflexions qui font un drôle d'écho. Qu'elle ne connaît pas de paysans ayant de passion pour la randonnée par exemple. Ça vous semble anodin ? Ça m'a plongé dans un puits sans fond de souvenirs et d'évidence.

Et puis, en fin d'ouvrage, il y a un choix de textes d'auteurs amis, qui s'ouvre par La Montagne de Jean Ferrat. Cette chanson mille fois entendue à la maison, où on était plus Ferrat que Ferré. Marie-Hélène Lafon regrette de ne pas savoir écrire de chansons. Où tout est dit en peu de mots. Qu'elle découvre aujourd'hui avec plaisir Zaho de Sagazan. le partage de la langue va donc jusqu'à cette passion commune. Marie-Hélène Lafon fait mieux que des chansons, par cet entretien, par ses courts textes, elle ravive la flamme d'un monde qui n'est pas perdu, mais qui se cache aux yeux de ceux qui n'en sont pas.
Commenter  J’apprécie          80
Je ne suis pas fan des livres d'entretien. Prêté par un ami, j'ai entamé celui-ci avec un certain scepticisme sur l'intérêt que j'allais y trouver. Et ce fut une merveilleuse surprise! L'auteure nous balade dans son pays natal au gré de cette conversation tout en analysant sociologiquement et économiquement l'évolution de ce coin de France avec beaucoup de talent.
Commenter  J’apprécie          52
Le Pays d'En Haut : le plaisir des images et des perceptions de l'enfance.

La montagne, le Cantal, la Santoire, le rapport aux bêtes, au paysage, aux choses, la sauvagine sont autant de notions récurrentes qui sont aux racines de la création littéraire chez cette autrice que j'aime particulièrement. Par des perceptions fines, des mots justes, Marie-Hélène Lafon nous tend un miroir pour chercher dans nos propres souvenirs, nous réconcilier avec notre finitude.
Commenter  J’apprécie          40



Lecteurs (117) Voir plus



Quiz Voir plus

Histoire du fils

Qu’a entraîné la mort d’Armand Lachalme en avril 1908 ?

Un accident de chasse
Un accident de la route
Un accident domestique

19 questions
14 lecteurs ont répondu
Thème : Histoire du fils de Marie-Hélène LafonCréer un quiz sur ce livre

{* *}