Mais en tout cas nous finirons par vaincre, c'est certain. Peut-être même est-ce une excellente chose qu'il rassemble le plus de monde possible, nous pourrons en abattre davantage. Plus les ennemis sont nombreux, plus grande est la victoire.
Je trouve indigne d'un prince d'attacher la moindre importance à l'opinion de la populace qui l'entoure. Il faut toujours que la plèbe crie, pour une raison ou pour une autre. On aurait fort à faire si l'on se préoccupait de ses cris.
Au fond, tous les hommes veulent la guerre. Elle comporte une sorte de simplification qui est un soulagement pour l'esprit.
Est-ce grand et merveilleux d’être homme et faut-il s’en réjouir? Est-ce dénué de sens et désespérant et faut-il s’en affliger?
Pourquoi donc cet infini existe-t-il autour de nous, autour de la vie, si nous sommes comme des prisonniers impuissants et que la vie reste confinée en nous? Pourquoi cet incommensurable?
Notre parcours est déterminé; après un petit essor qui nous remplit d’espérance et de joie, nous sommes tirés en arrière, comme le faucon ramené en arrière par la corde que tient le fauconnier. Quand obtiendrons-nous la liberté? Quand la corde sera-t-elle coupée, laissant le faucon s’élancer dans l’espace?
Tous ces êtres qui se donnent le nom d’hommes et vous remplissent de dégoût. Pourquoi existent-ils? Pourquoi se repaissent-ils de rire et d’amour et règnent-ils si orgueilleusement sur la terre. Oui, pourquoi existent-ils ces êtres lascifs, éhontés, dont les vertus sont pires que les vices. Puissent-ils brûler en enfer! Je me sentais comme Satan lui-même, entouré des esprits infernaux qu’ils invoquaient dans leurs réunions nocturnes et qui maintenant, affluant vers eux le visage ricanant, tiraient de leurs corps leurs âmes encore chaudes et puantes pour les emporter dans le royaume de la mort.
Quelle délivrance pour le corps et l'âme quand on prend part à une guerre. On devient un autre homme. Je ne me suis jamais trouvé si bien ; je respire à pleins poumons ; je circule avec aisance, on dirait que mon corps est léger comme l'air. Je n'ai jamais été aussi heureux. Oui, j'ai même l'impression que je n'ai jamais été heureux auparavant.
On se rend compte de la force que je représente. Et cela me remplit de satisfaction de constater que je suis haï.
On a du mal à comprendre un être humain qu'on ne hait pas, car on se trouve désarmé devant lui, on n'a rien pour le percer à jour.