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Une journée dans la vie de deux soeurs et de leur mère. Fignolé, le frère ou le fils n'est pas rentré. Joyeuse et Angélique, les deux soeurs, tour à tour, évoquent le quotidien de leur vie à Port-au-Prince, au milieu de la misère, la violence, l'absence des pères dans une ville impitoyable.
Joyeuse aime la vie et travaille comme vendeuse dans une boutique de luxe. Angélique est infirmière et se dévoue corps et âme à ses malades. Elle cherche la rédemption à l'église évangélique, elle a péché : elle a un fils naturel et doit expier. Tout au long de cette interminable journée, les soeurs et la mère vont partir à la recherche de ce frère aimé, mais révolté, en colère, la rage au ventre. Très beau texte, écriture magnifique.
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Un récit d'une grande force. Une écriture ample et agile, des personnages d'une belle puissance d'âme. Ces 213 pages se boivent avec aisance. Cette lecture donne assurément l'envie de découvrir les autres oeuvres de l'auteur.
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Sublime. Une écriture d'une immense beauté qui m'a profondément touchée et un récit prenant corps à Haïti d'une immense puissance.
Je vais m'empresser de continuer à découvrir son oeuvre.
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Dans une misérable petite maison d'un bidonville de Port au Prince vivent : la mère, aimante, pilier de la maison, Fignolé, son fils, et ses filles Angélique, qui travaille à l'hôpital et a eu un fils d'un homme qui l'a aussitôt abandonnée et Joyeuse, la rebelle, qui se bat pour sa liberté, son bonheur et une vie meilleure. Mais une nuit, tandis que les femmes ont entendu des tirs au loin, Fignolé ne rentre pas. Angélique et Joyeuse vont tout tenter pour le retrouver tandis que la mère invoque ses dieux vaudous. Fignolé a été déçu par le Parti des Démunis et il est entré en résistance dans un pays où l'arbitraire règne, où les enlèvements, le chaos et les assassinats sont le lot quotidien.


Yannick Lahens, écrivaine, vit en Haïti et elle vient de créer une fondation agissant auprès des jeunes pour l'éducation et le développement durable.

Son roman nous brosse le portrait de trois femmes fortes et émouvantes qui essaient de lutter au quotidien pour assurer la simple survie de la famille, avec beaucoup d'humanité. Leur amour de la vie et l'amour qu'elles ont les unes pour les autres dominent leur misère. La superbe écriture du roman, sobre, souvent poétique, donne beaucoup de force au récit.
C'est une belle lecture dont on sort réconforté malgré la violence de ce qui nous est raconté
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La couleur de l'aube, qui a imposé en 2008 Yanick Lahens comme une des grandes voix de la littérature haïtienne, raconte l'angoisse de deux soeurs dont le jeune frère Fignolé, musicien, rêveur, révolté, insoumis, militant du parti des Démunis, a disparu dans un Port-au-Prince en proie aux émeutes.

Angélique, mère célibataire, résignée, devenue méchante selon ses propres dires, dévouée aux malades de l'hôpital où elle travaille dans des conditions difficiles, s'est réfugiée dans la religion.

Joyeuse, plus jeune, belle, sensuelle, vendeuse dans un magasin luxueux du centre ville, incarne la joie de vivre, la rébellion et l'espoir.

Toutes deux vont chercher leur frère toute la journée tandis que leur mère se tournera vers les rites vaudous. Autour d'elles, ce ne sont que violences, misère, peur omniprésente, incertitude du lendemain ou même simplement des heures à venir...

Avec une plume riche et poétique, l'autrice témoigne des difficultés du quotidien des Haïtiens à travers cette histoire, de leur fureur de vivre chevillée au corps et à l'âme en dépit de la corruption et du chaos où se trouve plongé un pays dévasté, en pleine déliquescence.
Une belle découverte, un beau roman humaniste accessible même sans connaître la grande Histoire de Haïti (ce qui est mon cas)
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L'aube. L'attente d'un nouveau jour, l'attente de ceux qui sont absents…

Au réveil, Angélique, Joyeuse et leur mère constatent que le plus jeune fils a découché. A t-il passé la nuit avec son amie ? Les membres de son groupe de musique ? Ou a t-il était victime des fusillades qu'elles ont entendu dans la nuit. Au cours de la journée, Angélique et Joyeuse s'interrogent sur le sort de leur frère. La peur monte dans une ville en état d'alerte où la menace est présente à chaque coin de rue. Les deux soeurs réagissent différemment à la violence et à l'attente jusqu'au moment où elles retrouvent leur mère le soir et qu'enfin, elles apprendront le sort de leur frère.

L'idée originale de passer d'Angélique à Joyeuse de chapitre en chapitre permet d'appréhender l'absence sous deux points de vue différents. Angélique la sage, la blessée, la vaincue. Joyeuse la sensuelle, la battante. Deux facettes que tout oppose si ce n'est l'amour qui les lie à leur frère dont le sort est incertain. le livre retrace cette journée d'attente et de recherches. Mais aussi d'apartés sur la vie de cette famille pauvre, des moyens employés pour survivre et pour essayer de sortir du cycle infernal de la misère. Malgré les monologues des deux soeurs, nous en savons peu sur le fond. Cela tient plus de la nouvelle. Les personnages ne sont pas assez approfondis, les faits qui amènent à cette journée d'incertitude, non plus. Tout au moins pour quelqu'un qui ne connait pas la politique haïtienne. Même la date n'est pas connue. Au départ, je pensais aux années 60… jusqu'à l'utilisation intensive du téléphone portable !

En résumé, c'est un lire qui se lit vite mais s'oublie aussi vite. Dommage, il y avait tout à apprendre sur ce petit pays francophone.
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Yanick Lahens, La couleur de l'aube, chez Sabine Wespeiser.

Il serait tentant de comparer ce récit à une oeuvre musicale en trois mouvements : l'inquiétude, la colère, la douleur et la haine. Mieux vaudrait parler de voix : on entend celles des soeurs de Fignolé, étonnées au matin de ne pas trouver leur frère au domicile familial. Chacune garde pour soi ses craintes, ce qui les rassemble est ce silence plein d'appréhensions sur l'absence du frère, si proche affectivement qu'il occupe toutes leurs pensées

Les rôles dans cette famille de Port-au-Prince en Haïti sont bien définis :

« Face à l'irrémédiable et l'infernal (1), nous allions réagir tous les trois de façon différente : Fignolé dans la bravade absolue, dans l'entêtement mettre en distance les séductions qui tendent de faire oublier la cruauté du monde. Joyeuse dans l'affrontement de biais. Et moi dans la soumission au monde tel que Dieu l'avait crée. »

(1) la vie à Haïti dont on sait que l'arbitraire est érigé en système politique.

La construction soignée de ce récit autorise pourtant le flottement des personnages, et en particulier d'Angélique, la principale narratrice. Par sa voix, la vie d'Haïti nous parvient dans ses aspects domestiques, et surtout une existence imprévisible : d'un moment à l'autre tout peut basculer de l'espoir à la douleur, de l'attente au deuil. Par sa bouche, l'émotion nous est directement transmise :

« Fignolé, tu me manques comme un membre amputé, comme un enfant mort-né. Rien ne pourra remplacer l'espace dans lequel tu bougeais, marchais, gémissais, parlais et criais ta douleur au monde. Rien ne pourra remplacer ta main dans mes cheveux, tes bras autour de mes épaules. Ta voix qui me disait : « Petite soeur, comme je t'aime. »

Ecouter, Bob Marley, redemption song.
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Une journée dans la vie de deux soeurs et de leur mère. Fignolé, le frère ou le fils n'est pas rentré. Joyeuse et Angélique, les deux soeurs, tour à tour, évoquent le quotidien de leur vie à Port-au-Prince, au milieu de la misère, la violence, l'absence des pères dans une ville impitoyable.
Joyeuse aime la vie et travaille comme vendeuse dans une boutique de luxe. Angélique est infirmière et se dévoue corps et âme à ses malades. Elle cherche la rédemption à l'église évangélique, elle a péché : elle a un fils naturel et doit expier. Tout au long de cette interminable journée, les soeurs et la mère vont partir à la recherche de ce frère aimé, mais révolté, en colère, la rage au ventre. Très beau texte, écriture magnifique.
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Haïti n'a franchement pas La couleur de l'aube, titre de ce court roman. L'aube est juste attendue dans l'espoir de passer à une autre journée, de ne plus entendre les tirs au loin, de savoir. Angélique,mère célibataire de 27 ans travaille à l'hôpital de Port-au-Prince. Elle partage un modeste foyer avec sa mère, sa soeur Joyeuse et son frère Fignolé. Ce dernier n'est pas rentré de la nuit or il cache une arme dans la maison et militait pour le parti des Démunis. Il « traîne aujourd'hui un désespoir qui lui brûle le sang. » . Chronologiquement le roman se situe dans les années 80, Baby Doc vient d'être renversé. L'inquiétude et la peur ne se disent pas au sein de la famille. Yanick Laurens va nous la conter avec la voix d'Angélique à la force des images, des tournures poétiques et du dialecte de là bas. La syntaxe du texte n'est pas facile à lire et vous plonge dans une profusion d'allégories qui m'a perturbée. Les croyances populaires, l'hypocrisie de la religion ne suffisent pas à couvrir la violence de l'homme, l'omniprésence de la mort et de la boue en Haïti. « Dieu, s'il a créé ce monde, je lui souhaite d'être torturé par le remords. » ... j'ai bien entendu votre message Yanick Lahens et je comprends votre révolte. Heureusement, j'ai été tout autant touchée par le profond amour exprimé au sein de cette famille caribéenne et la force incroyable des figures féminines.
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Joyeuse est une pulpeuse gamine de 23 ans qui « a une foi inébranlable dans son rouge à lèvres, ses seins et ses fesses ».

Angélique, sa sœur ainée, est « la sage, la mère sacrifiée, la fille soumise, la sœur exemplaire » dévouée à ses malades à l’hôpital. Et leur Mère préfère ne pas s’acheter des vêtements ou de la nourriture plutôt que de ne pas honorer sa grande famille de Dieux africains.

Récit à deux voix – les deux sœurs - , « La couleur de l’aube » concentre, chacune avec sa tonalité, l’angoisse quotidienne qui sourd dans la ville de Port-au-Prince. A elles deux, Angélique et Joyeuse forment les deux faces d’une même réalité. A deux voix, elles dessinent un portrait de Fignolé, leur frère qui n’est pas rentré de la nuit. Fignolé qui n’a « jamais accepté d’être embrigadé par aucun dogme, aucun uniforme, aucune doctrine. « Fignolé qui se trouve incapable de s’inscrire dans la vie. Fignolé qui traîne aujourd’hui un désespoir qui lui brûle le sang. Et Fignolé que personne n’a vu depuis la veille.

Elles ont juste une journée. Une journée pour enquêter et essayer de retrouver une trace de leur frère musicien, enragé contre le parti des Démunis, qui s’est retourné contre ses supporters.

Joyeuse, qui travaille comme vendeuse dans une boutique de luxe, est dans l’attente : « D’un homme. Un seul. Un homme ordinaire. Un homme, vœu de mes jours. Envie de mes nuits. Un homme qui mange ma vie. Un homme tapi dans la longueur de mes hanches. Un homme dont l’absence descend en pente douce jusqu’au haut de nos cuisses. » Sensuelle, elle pense qu’elle a des « fesses à emballer tous les trottoirs ». Elle n’a pas le temps, elle avale la vie par les deux bouts, mais pour la première fois elle a vraiment peur pour son frère.

Angélique, pendant ce temps s’abstrait dans la religion et fréquente notamment les Pentecôtistes, sous la férule du célère Pasteur Jeantilus qui harangue les foules et fait chanter ses ouailles. Au cours du récit elle lèvera le voile sur la naissance de Gabriel, son fils, dans un moment d’abandon.

Et leur mère qui, quelques mois après la naissance de Fignolé, retrouva sa condition de femme sans être obligée de vivre avec un homme au quotidien est celle qui tient l’édifice de la famille à bout de bras. « Mère eut un mari, beaucoup d’amants, mais aucun homme ne la posséda. Il ne lui apprirent pas grand-chose hormis certains gestes au lit. Ne lui donnèrent rien à part quelques dollars. Mère n’est pas femme à acheter la paix d’une maison en vendant son âme. »

Il y a aussi John, l’Américain humanitaire, qui a choisi la famille de Fignolé pour faire son œuvre charitable, « Venu se défaire de son ennui de gosse de riche en semant la pagaille chez les pauvres qu’il admire comme d’étranges animaux debout sur deux pattes. « John, dont Angélique dit que : « c’est tellement facile d’être gentil et bon et d’inventer des histoires de livres et de cinéma. John a un avenir. Nous n’en avons pas. Il y a des gens riches. D’autres pauvres. Nous serons toujours pauvres. John toujours riche. John n’est pas des nôtres et ne le sera jamais. »

Concentré sur une seule journée qui commence tôt le matin et va s’achever très tard dans la nuit, les trois femmes tentent d’occulter l’angoisse qui monte au fur et à mesure de la journée. Pourtant dès le matin à la radio, elles ont entendu qu’une émeute a eu lieu la veille au soir contre le gouvernement en place …

Et puis il y a surtout Port-au-Prince. Haïti vit la violence quotidienne à l’image de cette scène que vit Joyeuse où « un étudiant, blessé à mort m’a fixée de ses yeux révulsés. Celui qui l’a tué était debout, en face de moi. En guenilles, ensauvagé jusqu’à la moelle, il avait à peine seize ans : sans passé, sans avenir, sans parenté, une nature à nu, une plaie frottée à sang. »


Un style précis, condensé, qui évoque celui de William Faulkner à qui Yannick Lahens a consacré un essai. Une écriture sensuelle, sensible, poétique qui vous enveloppe comme une mélopée envoutante. Un récit poignant, vécu en « vingt quatre heures chrono », où l’auteur réussit le tour de force de ne jamais s’apitoyer sur le sort de ses personnages, qui courent tous pourtant tout droit vers le désastre.

Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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