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Roman choral
Chaque chapitre laisse parler en alternance Angélique et Joyeuse, deux soeurs résidant à Port-au Prince.
Angélique a la trentaine et est mère célibataire, maman d'un petit garçon que l'on entrevoit à peine.
Joyeuse porte bien son nom, elle est jeune, enjouée et n'est pas totalement fataliste comme sa soeur.
Dès le début du roman, j'ai eu l'impression que cela allait mal finir : au loin on entend des coups de fusil, c'est la guerre civile en Haïti alors quand Angélique se rend compte que Fignolé, leur jeune frère de 21 ans n'est pas rentré de la nuit, elle s'inquiète et part dans le quartier pour le retrouver. Joyeuse fait de même de son côté…
Il s'agit d'un roman très beau mais sans aucun espoir : la misère et la guerre civile ont emporté toute humanité…
De nombreux passages sont très durs.
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Ce livre a obtenu en 2009 le tout premier Prix Richelieu, décerné par le Club Richelieu International Europe, à un auteur qui a écrit en français alors que ce n'est pas vraiment sa langue maternelle. Depuis lors, elle a fait son chemin et obtenu le Fémina pour un autre roman en 2014.
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La couleur de l'aube, qui a imposé en 2008 Yanick Lahens comme une des grandes voix de la littérature haïtienne, raconte l'angoisse de deux soeurs dont le jeune frère Fignolé, musicien, rêveur, révolté, insoumis, militant du parti des Démunis, a disparu dans un Port-au-Prince en proie aux émeutes.

Angélique, mère célibataire, résignée, devenue méchante selon ses propres dires, dévouée aux malades de l'hôpital où elle travaille dans des conditions difficiles, s'est réfugiée dans la religion.

Joyeuse, plus jeune, belle, sensuelle, vendeuse dans un magasin luxueux du centre ville, incarne la joie de vivre, la rébellion et l'espoir.

Toutes deux vont chercher leur frère toute la journée tandis que leur mère se tournera vers les rites vaudous. Autour d'elles, ce ne sont que violences, misère, peur omniprésente, incertitude du lendemain ou même simplement des heures à venir...

Avec une plume riche et poétique, l'autrice témoigne des difficultés du quotidien des Haïtiens à travers cette histoire, de leur fureur de vivre chevillée au corps et à l'âme en dépit de la corruption et du chaos où se trouve plongé un pays dévasté, en pleine déliquescence.
Une belle découverte, un beau roman humaniste accessible même sans connaître la grande Histoire de Haïti (ce qui est mon cas)
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Haïti n'a franchement pas La couleur de l'aube, titre de ce court roman. L'aube est juste attendue dans l'espoir de passer à une autre journée, de ne plus entendre les tirs au loin, de savoir. Angélique,mère célibataire de 27 ans travaille à l'hôpital de Port-au-Prince. Elle partage un modeste foyer avec sa mère, sa soeur Joyeuse et son frère Fignolé. Ce dernier n'est pas rentré de la nuit or il cache une arme dans la maison et militait pour le parti des Démunis. Il « traîne aujourd'hui un désespoir qui lui brûle le sang. » . Chronologiquement le roman se situe dans les années 80, Baby Doc vient d'être renversé. L'inquiétude et la peur ne se disent pas au sein de la famille. Yanick Laurens va nous la conter avec la voix d'Angélique à la force des images, des tournures poétiques et du dialecte de là bas. La syntaxe du texte n'est pas facile à lire et vous plonge dans une profusion d'allégories qui m'a perturbée. Les croyances populaires, l'hypocrisie de la religion ne suffisent pas à couvrir la violence de l'homme, l'omniprésence de la mort et de la boue en Haïti. « Dieu, s'il a créé ce monde, je lui souhaite d'être torturé par le remords. » ... j'ai bien entendu votre message Yanick Lahens et je comprends votre révolte. Heureusement, j'ai été tout autant touchée par le profond amour exprimé au sein de cette famille caribéenne et la force incroyable des figures féminines.
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Je ne saurais trop quoi dire face à ce roman d'une auteure haïtienne que je ne connaissais pas avant que je me mette à chercher un certain mot dans un titre pour valider un challenge sur notre Ronde des livres.
Certes c'est un roman à la sensibilité certaine mais ce ne fut pas la mienne, je suis restée hermétique face à cette écriture pour laquelle je n'ai pas trouvé de défauts mais qui ne m'a fait aucun effet à la lecture.
Je suis sûre que je suis passée à côté de quelque chose de fort, les personnages n'étaient pourtant pas inexistants, les soeurs bien différentes de par leurs portraits et en constante inquiétude face à leur frère qui n'était pas rentré à la maison... Des descriptions correctes aussi mais il m'a manqué ce petit quelque chose qui a fait que je n'ai pas accroché à l'histoire en elle même.
Bon, j'aurais tenté mais les choix ne sont pas toujours une réussite.
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Dans une Haïti pleine de misère, de sexe, de haine et de révolte, la fille mère bigote et méchante Angélique et son appétissante soeur Joyeuse attendent leur frère Fignolé qui a passé la nuit avec les insurgés.

Je suis peu sensible à ces voix qui ressassent, desquelles sourd une certaine poésie lourde, statique, triste.
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Joyeuse est une pulpeuse gamine de 23 ans qui « a une foi inébranlable dans son rouge à lèvres, ses seins et ses fesses ».

Angélique, sa sœur ainée, est « la sage, la mère sacrifiée, la fille soumise, la sœur exemplaire » dévouée à ses malades à l’hôpital. Et leur Mère préfère ne pas s’acheter des vêtements ou de la nourriture plutôt que de ne pas honorer sa grande famille de Dieux africains.

Récit à deux voix – les deux sœurs - , « La couleur de l’aube » concentre, chacune avec sa tonalité, l’angoisse quotidienne qui sourd dans la ville de Port-au-Prince. A elles deux, Angélique et Joyeuse forment les deux faces d’une même réalité. A deux voix, elles dessinent un portrait de Fignolé, leur frère qui n’est pas rentré de la nuit. Fignolé qui n’a « jamais accepté d’être embrigadé par aucun dogme, aucun uniforme, aucune doctrine. « Fignolé qui se trouve incapable de s’inscrire dans la vie. Fignolé qui traîne aujourd’hui un désespoir qui lui brûle le sang. Et Fignolé que personne n’a vu depuis la veille.

Elles ont juste une journée. Une journée pour enquêter et essayer de retrouver une trace de leur frère musicien, enragé contre le parti des Démunis, qui s’est retourné contre ses supporters.

Joyeuse, qui travaille comme vendeuse dans une boutique de luxe, est dans l’attente : « D’un homme. Un seul. Un homme ordinaire. Un homme, vœu de mes jours. Envie de mes nuits. Un homme qui mange ma vie. Un homme tapi dans la longueur de mes hanches. Un homme dont l’absence descend en pente douce jusqu’au haut de nos cuisses. » Sensuelle, elle pense qu’elle a des « fesses à emballer tous les trottoirs ». Elle n’a pas le temps, elle avale la vie par les deux bouts, mais pour la première fois elle a vraiment peur pour son frère.

Angélique, pendant ce temps s’abstrait dans la religion et fréquente notamment les Pentecôtistes, sous la férule du célère Pasteur Jeantilus qui harangue les foules et fait chanter ses ouailles. Au cours du récit elle lèvera le voile sur la naissance de Gabriel, son fils, dans un moment d’abandon.

Et leur mère qui, quelques mois après la naissance de Fignolé, retrouva sa condition de femme sans être obligée de vivre avec un homme au quotidien est celle qui tient l’édifice de la famille à bout de bras. « Mère eut un mari, beaucoup d’amants, mais aucun homme ne la posséda. Il ne lui apprirent pas grand-chose hormis certains gestes au lit. Ne lui donnèrent rien à part quelques dollars. Mère n’est pas femme à acheter la paix d’une maison en vendant son âme. »

Il y a aussi John, l’Américain humanitaire, qui a choisi la famille de Fignolé pour faire son œuvre charitable, « Venu se défaire de son ennui de gosse de riche en semant la pagaille chez les pauvres qu’il admire comme d’étranges animaux debout sur deux pattes. « John, dont Angélique dit que : « c’est tellement facile d’être gentil et bon et d’inventer des histoires de livres et de cinéma. John a un avenir. Nous n’en avons pas. Il y a des gens riches. D’autres pauvres. Nous serons toujours pauvres. John toujours riche. John n’est pas des nôtres et ne le sera jamais. »

Concentré sur une seule journée qui commence tôt le matin et va s’achever très tard dans la nuit, les trois femmes tentent d’occulter l’angoisse qui monte au fur et à mesure de la journée. Pourtant dès le matin à la radio, elles ont entendu qu’une émeute a eu lieu la veille au soir contre le gouvernement en place …

Et puis il y a surtout Port-au-Prince. Haïti vit la violence quotidienne à l’image de cette scène que vit Joyeuse où « un étudiant, blessé à mort m’a fixée de ses yeux révulsés. Celui qui l’a tué était debout, en face de moi. En guenilles, ensauvagé jusqu’à la moelle, il avait à peine seize ans : sans passé, sans avenir, sans parenté, une nature à nu, une plaie frottée à sang. »


Un style précis, condensé, qui évoque celui de William Faulkner à qui Yannick Lahens a consacré un essai. Une écriture sensuelle, sensible, poétique qui vous enveloppe comme une mélopée envoutante. Un récit poignant, vécu en « vingt quatre heures chrono », où l’auteur réussit le tour de force de ne jamais s’apitoyer sur le sort de ses personnages, qui courent tous pourtant tout droit vers le désastre.

Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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Ce beau roman nous introduit dans la vie d'une famille haïtienne. A tour de rôle, les membres de cette famille racontent leur quotidien. La mère, abandonnée depuis longtemps par son homme, adepte du vaudou, est la modératrice du groupe. La fille aînée, Angélique, est comme une petite fourmi, travaillant pour élever son fils et subvenir aux besoins de la famille. La cadette, Joyeuse, obsédée par les hommes, a un caractère plus flamboyant. Le fils, Fignolé (sic !), est un musicien, contestataire et inadapté à la société; au début du roman, on constate qu'il n'a pas rentré chez lui et sa famille craint qu'il ne lui soit arrivé malheur. Il faut dire que, en Haïti, la vie quotidienne est rendue très difficile par la misère, la violence et l'arbitraire des autorités en place. La classe populaire, à la fois malheureuse et pleine d'énergie, survit au jour le jour. Les dieux du vaudou ne sont jamais loin des hommes et surtout des femmes. Ce ne sont pas seulement quelques personnes que nous voyons évoluer dans leur microcosme, mais tout leur environnement. L'auteur rend très bien l'atmosphère particulière qui imprègne la société haïtienne et qui n'existe évidemment pas dans les pays développés. J'ajoute une mention spéciale: j'admire la prose d'Yanick Lahens , qui me semble de toute beauté.
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Huit ans après sa parution, La couleur de l'aube est réédité en poche, et c'est une excellente initiative.
Une grande humanité se dégage de ce roman.
Que Yanick Lahens décrit bien son pays ! Dès les premières pages on est pris dans un tourbillon de couleurs, de senteurs, de violence, au milieu d'une population sans espoir, démunie et désorganisée Pour se faire l'écho de son peuple, elle utilise deux soeurs inquiètes de la disparition de leur jeune frère, Fignolé, qui mène sa vie « à fleur de mal ».
Angélique, l'ainée, fait partie des vaincus, des résignés.
Joyeuse, la cadette est tournée vers la vie, la joie, la rébellion.
Leur mère les protège tous trois d'un amour inconditionnel et bienveillant.
Misère, incertitude, violence et peur sont le quotidien des personnages. Paradoxalement, à tous les rêves déçus se mêle la joie de vivre.
L'écriture est poétique et envoutante. Il y a, chez Yanick Lahens comme chez Dany Laferrière, un amour et une désespérance de leur pays qui sont traduits par une écriture forte et poétique. Les lire, c'est s'éprendre d'Haïti, c'est ressentir une compréhension et une compassion sincère pour les haïtiens.
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L'aube. L'attente d'un nouveau jour, l'attente de ceux qui sont absents…

Au réveil, Angélique, Joyeuse et leur mère constatent que le plus jeune fils a découché. A t-il passé la nuit avec son amie ? Les membres de son groupe de musique ? Ou a t-il était victime des fusillades qu'elles ont entendu dans la nuit. Au cours de la journée, Angélique et Joyeuse s'interrogent sur le sort de leur frère. La peur monte dans une ville en état d'alerte où la menace est présente à chaque coin de rue. Les deux soeurs réagissent différemment à la violence et à l'attente jusqu'au moment où elles retrouvent leur mère le soir et qu'enfin, elles apprendront le sort de leur frère.

L'idée originale de passer d'Angélique à Joyeuse de chapitre en chapitre permet d'appréhender l'absence sous deux points de vue différents. Angélique la sage, la blessée, la vaincue. Joyeuse la sensuelle, la battante. Deux facettes que tout oppose si ce n'est l'amour qui les lie à leur frère dont le sort est incertain. le livre retrace cette journée d'attente et de recherches. Mais aussi d'apartés sur la vie de cette famille pauvre, des moyens employés pour survivre et pour essayer de sortir du cycle infernal de la misère. Malgré les monologues des deux soeurs, nous en savons peu sur le fond. Cela tient plus de la nouvelle. Les personnages ne sont pas assez approfondis, les faits qui amènent à cette journée d'incertitude, non plus. Tout au moins pour quelqu'un qui ne connait pas la politique haïtienne. Même la date n'est pas connue. Au départ, je pensais aux années 60… jusqu'à l'utilisation intensive du téléphone portable !

En résumé, c'est un lire qui se lit vite mais s'oublie aussi vite. Dommage, il y avait tout à apprendre sur ce petit pays francophone.
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