Le 15 août 1936,
Heinrich Himmler ouvre le premier Lebensborn à Steinhöring, en Haute-Bavière. Ces établissements, au départ simples foyers et crèches, devinrent très vite les maternités parfaites du IIIème Reich. La race supérieure venait de naître…
Hildegard Müller fait partie de ces enfants sans passé, sans racine, sans origine. Hildegard est une orpheline… Et elle veut qu'on entende son histoire…
On ne peut pas sortir indemne de la lecture du roman d'
Oscar Lalo,
La race des orphelins. Il a les mots, justes, posés là à qui veut écouter, des mots qui pèsent, des mots qui comblent, des mots qui anéantissent… Il écrit sur l'indicible, l'inavouable, sur l'inqualifiable… Il nous emporte avec lui au coeur des Lebensborn…
La forme de son récit aurait pu être linéaire. L'histoire d'une petite fille à qui on a tout pris, ou plutôt rien donné. Mais cela aurait peut-être été trop simple. Trop facile pour le lecteur de fermer le livre, touché mais reculé derrière des souvenirs, des images.
Oscar Lalo choisi d'écrire des chapitres courts, parfois quelques lignes seulement, des mots avec lesquels ils jouent, pour raconter cette femme de soixante-seize ans qui se cherchent toujours, qui s'efface en permanence, qui n'a de l'existence qu'un sentiment de mensonge, de secret.
Et doucement, insidieusement, la lecture fait son oeuvre. La marche de l'Histoire nous inclut dans sa boucle infernale. Haine, rejet, culpabilité, secret… La vie de ces enfants, nés de la folie des hommes, nous éclabousse, nous écrase, nous tétanise.
Hildegard veut crier son combat, veut hurler son désespoir, veut que jaillissent les larmes et toutes les blessures de n'être personne, de n'être rien, de n'être à peine une ombre dans l'obscurité…
Si vous croyez connaître toutes les horreurs que l'homme est capable d'inventer, écoutez les silences de cette femme au bord de l'abîme. Soutenez la, permettez lui, à l'aube de sa fin, d'enfin se relever…