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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Coupable d'être née

C'est sans doute l'un des programmes les plus secrets des nazis qu'Oscar Lalo explore dans ce roman, celui des Lebensborn, où des femmes spécialement sélectionnées mettaient au monde des enfants de type aryen.

Pour son second roman, Oscar Lalo n'a pas cherché la facilité. La race des orphelins s'attaque à un dossier sensible, celui des Lebensborn, dont Wikipédia nous apprend qu'il s'agissait de centres conçus par Himmler où «des femmes considérées comme aryennes pouvaient concevoir des enfants avec des SS inconnus, puis accoucher anonymement dans le plus grand secret et remettre leur nouveau-né à la SS en vue de constituer l'élite du futur "Empire de mille ans"».
Hildegard Müller est née en 1943 dans l'un de ces centres. Elle éprouve aujourd'hui le besoin de «cracher sa vie irracontable» et convoque pour ce faire un «scribe» chargé de recueillir et mettre en forme son témoignage. Une tâche des plus ardues, car son dossier est surtout constitué de trous béants. Hildegard Müller ne sait pas grand chose de ses origines, sinon une date de naissance. «Issus de parents interdits, on est orphelins. On naît orphelins. Frappés du sceau de la trahison. Je suis une orpheline dont les parents sont restés lettre morte. Les mots ne peuvent pas vivre avec des lettres mortes.»
Car l'Allemagne, au sortir de la Guerre, a pris soin de faire disparaître les traces de cette folie eugéniste pour laquelle tout avait été pensé et planifié: «On avait droit aux meilleurs soins. Les meilleurs soins selon Himmler, c'est une infirmière après qu'on nous a arraché notre mère. Un plat protéiné dont il composait lui-même le menu. L'industrialisation de notre éducation. La rationalisation de cette industrie du bébé parfait. de l'amour mesurable, quantifiable, identifiable. Un amour théorique. Un oxymore.»
Ce qui fait la force et sans doute la réussite de ce roman, c'est son rythme, son découpage. Construit sur les réflexions d'Hildegard, il est fait de courts chapitres, la plupart n'excédant pas une page et reflétant la difficulté, le tragique de cette histoire: «Peu de lignes par page. Déjà un miracle qu'il y ait ces mots sur ces pages que vous tenez entre vos mains. Vous auriez pu tenir du vide. Mon histoire n'a pas de début. Pas de chapitres non plus. J'ai perdu mon enfance. Ma vie, ce vide.»
Et pourtant il faut bien vivre, essayer de remplir ce vide. Alors Hildegard choisit un mari, un Français qui partage avec elle un passé indéchiffrable. «Savoir que son conjoint n'en sait pas plus que soi est un réconfort. Nous savions notre enfance sans substance. Ensemble, notre passé nous tenait moins froid.» Mais ce passé, à l'heure où la mort rôde, ne peut pas se dissoudre dans un oubli qui signifierait que les bourreaux avaient gagné la partie. Comment dire «plus jamais ça» s'il n'y a pas eu de «ça»? Alors faute de pouvoir retracer le parcours d'Hildegard Müller, on peut essayer de trouver les traces de ses compagnons d'infortune, essayer de savoir ce que sont devenus les autres enfants des Lebensborn. Et tous les autres enfants victimes de guerres
Avec beaucoup de sensibilité et de pudeur, Oscar Lalo nous offre un livre poignant et percutant, un témoignage glaçant.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Quel roman singulier.
Hildegard Müller, mais est-ce bien son nom, elle-même ne le sait pas, a 77 ans.
Elle étouffe, alors elle engage un scribe pour écrire ses mémoires.
Elle est une de ces enfants sélectionnés pour faire partie de la race supérieure fantasmée par Hitler et Himmler.
Sur chaque page s'enchainent des phrases courtes parfois de quelques lignes seulement ; elle couche ses pensées éparses, pas si décousues que cela finalement.
C'est un cri, l'absence d'amour, le rejet de tous, l'ignorance de ses origines, l'incapacité à se construire, à vivre malgré tout.
Bien sûr, ce roman met l'accent sur ces Lebensborn peu connus et ignobles, sur ces victime des SS ignorées par tous mais le mode narratif m'a surtout permis de suivre la souffrance de la narratrice.
C'est un livre sombre, poignant et intelligent.
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Au crépuscule de sa vie, une vieille dame analphabète engage un écrivain afin de l'aider dans sa quête d'identité. Elle est née dans un Lebensborn, une maternité nazie, pouponnière de la race aryenne. Un père SS et une mère aryenne inconnus ? Une enfant soustraite à ses parents ? Seule certitude, elle doit son existence à un projet déchu de création d'une race pure et parfaite. Mais quelle existence ? Conçue sans amour, coupable d'être née, ne pas connaître ses racines, ... Des bases inexistantes entravant la construction d'une vie. L'auteur nous transmet avec une belle plume la honte de ces victimes du nazisme non véritablement reconnues.
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Le 15 août 1936, Heinrich Himmler ouvre le premier Lebensborn à Steinhöring, en Haute-Bavière. Ces établissements, au départ simples foyers et crèches, devinrent très vite les maternités parfaites du IIIème Reich. La race supérieure venait de naître… Hildegard Müller fait partie de ces enfants sans passé, sans racine, sans origine. Hildegard est une orpheline… Et elle veut qu'on entende son histoire…

On ne peut pas sortir indemne de la lecture du roman d'Oscar Lalo, La race des orphelins. Il a les mots, justes, posés là à qui veut écouter, des mots qui pèsent, des mots qui comblent, des mots qui anéantissent… Il écrit sur l'indicible, l'inavouable, sur l'inqualifiable… Il nous emporte avec lui au coeur des Lebensborn…

La forme de son récit aurait pu être linéaire. L'histoire d'une petite fille à qui on a tout pris, ou plutôt rien donné. Mais cela aurait peut-être été trop simple. Trop facile pour le lecteur de fermer le livre, touché mais reculé derrière des souvenirs, des images.
Oscar Lalo choisi d'écrire des chapitres courts, parfois quelques lignes seulement, des mots avec lesquels ils jouent, pour raconter cette femme de soixante-seize ans qui se cherchent toujours, qui s'efface en permanence, qui n'a de l'existence qu'un sentiment de mensonge, de secret.

Et doucement, insidieusement, la lecture fait son oeuvre. La marche de l'Histoire nous inclut dans sa boucle infernale. Haine, rejet, culpabilité, secret… La vie de ces enfants, nés de la folie des hommes, nous éclabousse, nous écrase, nous tétanise.
Hildegard veut crier son combat, veut hurler son désespoir, veut que jaillissent les larmes et toutes les blessures de n'être personne, de n'être rien, de n'être à peine une ombre dans l'obscurité…

Si vous croyez connaître toutes les horreurs que l'homme est capable d'inventer, écoutez les silences de cette femme au bord de l'abîme. Soutenez la, permettez lui, à l'aube de sa fin, d'enfin se relever…
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Hildegard Müller est une enfant du IIIe Reich. Issue d'un Lebensborn, elle ne connaîtra ni l'identité de son père, selon toute vraisemblance un SS, ni celle de sa mère. À 76 ans, elle le vit très mal et n'a toujours pas refermé ses blessures. Elle fera appel à un scribe afin qu'il l'aide à retranscrire ses mémoires dans une sorte de journal intime.

J'ai lu très peu de romans traitant des Lebensborn, et j'avoue que, jusqu'il y a peu de temps, j'ignorais tout de ce pan de l'Histoire de la Seconde Guerre Mondiale. Ce récit est percutant, empli de tragédie, et surtout, incroyablement humain. Hildegard se servira de ce journal intime comme d'un exutoire et elle se livrera à son lecteur avec toute la sincérité possible.

Le lecteur suivra, au travers des courtes entrées qui composent ce journal, une femme brisée et en peine afin de se reconstruire. Elle se sent oubliée, ignorée. C'est un témoignage poignant et très dur à découvrir. Hildegard ne prendra pas de pincettes et livrera ses émotions sans fards.

La plume de l'auteur est incisif. Les mots résonnent fortement et c'est extrêmement poignant. Les chapitres sont très courts, composés de quelques pensées jetées en vrac de la part d'Hildegard. J'ai été déroutée de me retrouver avec un tel schéma narratif au début, mais par la suite, je l'ai trouvé totalement judicieux, octroyant ainsi du caractère à ce récit.

Un roman percutant sur une thématique peu abordée en littérature. J'ai lu le journal de la protagoniste avec beaucoup de tristesse et ce récit ne vous laissera pas indifférent. À lire.

Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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Oscar Lalo écrit une fiction sous forme de journal mais sa documentation et les témoignages, certes pas très nombreux sur ce pan de l'histoire, prouve que le réel dépasse la fiction.
Le silence criant de douleur d'une femme qui retrace ce qu'a été sa naissance, sa vie mais surtout les dispositifs mis en place pour nier les faits, nier ces personnes.
Comment se construire quand tout et tous autour de vous rejettent ce que vous représentez.
Un joli plaidoyer pour tous les invisibles.
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Hildegard Müller est née d'un secret mais surtout d'une volonté, la volonté de deux hommes, Hitler et Himmler à créer de parfaits représentants de la race Aryenne. Alors qu'ils s'évertuaient à détruire ceux qu'ils jugeaient inférieurs, ils ont créé des maternités pour repeupler l'Allemagne mais en façonnant ses enfants à leur image. Pas un seul Lebensborn mais plusieurs disséminés en Allemagne mais aussi en France, en Norvège, Belgique etc...   Des femmes spécialement sélectionnées pour être des mères fantômes, tout comme ces pères S.S. qui disparaissent une fois leur devoir accompli, pour ne laisser ensuite que d'adorables bambins qui bien entendu se devaient de répondre à toutes sortes de critères physiques sous peine d'être eux aussi anéantis...

Hildedegard Müller, elle a passé tous les critères et lorsque les Alliés débarquent ils vont trouver pas moins de 300 têtes blondes de moins de trois ans! Tous orphelins sans passé sans origines car toutes traces de ce projet ont été détruites, il ne retse que ces témoins gênants alors qu'ils devaint faire l'honneur de l'Allemagne, ils en seront l'abobinnation. Sous forme d'un journal écrit par un scribe nous découvrons une face cachée de l'Histoire car Hildedegard Müller est quasi illettrée. Hildedegard Müller remonte le fil de ses souvenirs pour comprendre et si possible retrouver ses origines comme certains en ont eu la chance. Aidée de son scribe qui fera en plus de cette retranscription des recherches mais aussi lui fera découvrir des textes comme celui de Kafka qui vont vibre en elle. de sa conception, que des suppositions mais de son enfance, elle est marquée par cette honte. D'autant que ces orphelins jugés parfaits à la base personnes n'en voudra. Élevés avec les enfants ayant survécus eux aux camps de la mort et ayant perdus leurs parents, ils ne pourront en être que l'ombre et pourtant eux aussi sont victimes. Elle grandira et comblera ce vide avec d'autres victimes de cette machine effroyable. Grandir sans passé, sans origines mais surtout avec cette étiquette sur le front, cette honte d'avoir été conçu en rappelant à tous ce passé qu'on voudrait effacer. Ecrire pour ne pas oublier, écrire pour faire savoir! 

Oscar Lalo nous offre sans conteste un roman marquant en se faisant le porte parole de tous ces orphelins, j'avais déjà entendu parlé des Lebensborns mais n'avait jamais lu sur le sujet et en savait vraiment peu. Grâce à Hildegard Müller, il nous dévoile ce pan méconnu de cette période noire. Une forme atypique seulement une paragraphe par page, au gré des pensées d'Hildegard, ce roman se lit d'une seule traite et nous fait découvrir cette effroyable machination ayant crée la "race des orphelins". Ce roman est vraiment bien traité et est riche en informations essentielles.

Une lecture surprenante de par sa forme et dont le sujet ne doit être oublié et pourtant peu traité. Un roman à découvrir si le thème vous intéresse, j'ai cependant été dérangé par le parallèle fait avec la communauté juive mais cette réserve n'engage que moi. Merci aux Editions Belfond pour l'envoie de #Laracedesorphelins #Netgalleyfrance
Lien : https://leslecturesdemamanna..
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Oscar Lalo possède une incroyable maîtrise des mots et un tel sens de la syntaxe que ce texte est percutant et extrêmement bien travaillé.
Le sujet même du livre: les Lebensborn, cette atrocité de plus à mettre sur le compte de Himmler durant la seconde guerre mondiale. Un Impensable « camp de la vie », tout aussi terrible et désastreux qu'un « camp de la mort » d'Aushwitz .
Oscar Lalo prend le parti de faire parler une de ces enfants, orphelines de race: Hildegard Mueller. Âgée maintenant de 78 ans, elle raconte son impossibilité à se construire, toute sa vie durant. Plus d'un 1/2 siècle après le 3eme Reich, les dégâts sont toujours palpables et présents.
Comme le très réussi et édifiant roman « Max » de Sarah Cohen, « Orphelin de Race » est utile et recommandé à le remettre dans les mains de chacun (et surtout des jeunes) pour ne pas oublier
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Un ami polonais m'a depuis fort longtemps parlé de ces Lebensborn, lieux tenus secrets dans lesquels les Nazis ont joué aux savants déjantés et sauvages.
Mais La race des orphelins en parle " de l'intérieur" et c'est d' une toute autre dimension ; ce qui était pour moi une page d'histoire- certes horrible- est devenu à travers la narration bouleversante d'Hildegarde Muller une quête impossible, d'ailleurs fort bien rendue par le choix d'écriture. Oscar Lalo utilise des textes courts , qui peuvent sembler désorganisés et répétitifs, mais, c'est à mon sens, un excellent choix qui reflète tout à fait l'angoisse de cette enfant (née de personne) qui cherche encore ses racines à 76 ans !
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Sous la forme d'un roman original servi par une belle plume, un récit basé sur ces établissements où étaient accueillis les enfants d'une relation entre une mère aryenne pouvant venir de différents pays d'Europe, et un père allemand souvent SS : les Lebensborns.
Un moment de lecture captivant.
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