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Citations sur Méditations poétiques (84)

LA RETRAITE

Aux bords de ton lac enchanté,
Loin des sots préjugés que l’erreur déifie,
Couvert du bouclier de ta philosophie,
Le temps n’emporte rien de ta félicité ;
Ton matin fut brillant, et ma jeunesse envie
L’azur calme et serein du beau soir de ta vie.

Ce qu’on appelle nos beaux jours
N’est qu’un éclair brillant dans une nuit d’orage ;
Et rien, excepté nos amours,
N’y mérite un regret du sage.
Mais que dis-je ? on aime à tout âge :
Ce feu durable et doux, dans l’âme renfermé,
Donne plus de chaleur en jetant moins de flamme ;
C’est le souffle divin dont tout homme est formé,
Il ne s’éteint qu’avec son âme.

Étendre son esprit, resserrer ses désirs,
C’est la le grand secret ignoré du vulgaire :
Tu le connais, ami ! cet heureux coin de terre
Renferme tes amours, tes goûts et tes plaisirs ;
Tes vœux ne passent point ton champêtre domaine,
Mais ton esprit plus vaste étend son horizon ;
Et, du monde embrassant la scène,
Le flambeau de l’étude éclaire ta raison.

Tu vois qu’aux bords du Tibre, et du Nil et du Gange,
En tout lieu, en tout temps, sous des masques divers,
L’homme partout est l’homme, et qu’en cet univers
Dans un ordre éternel tout passe, et rien ne change ;
Tu vois les nations s’éclipser tour à tour
Comme les astres dans l’espace ;
De mains en mains le sceptre passe ;
Chaque peuple a son siècle, et chaque homme a son jour.
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Le vallon

Le jour où je la vis, nos regards s'entendirent.
L'âme comprend un geste, un regard, un soupir!
Sans nous être parlé, nos coeurs se confondirent,
Je sentis qu'il fallait ou parler ou mourir.
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Philosophie

Toi, qui longtemps battu des vents et de l'orage,
Jouissant aujourd'hui de ce ciel sans nuage,
Du sein de ton repos contemple du même oeil
Nos revers sans dédain, nos erreurs sans orgueil;
Dont la raison facile, et chaste sans rudesse,
Des sages de ton temps n'a pris que la sagesse,
Et qui reçus d'en haut ce don mystérieux
De parler aux mortels dans la langue des dieux;
De ces bords enchanteurs où ta voix me convie,
Où s'écoule à flots purs l'automne de ta vie,
Où les eaux et les fleurs, et l'ombre, et l'amitié,
De tes jours nonchalants usurpent la moitié,
Dans ces vers inégaux que ta muse entrelace,
Dis nous, comme autrefois nous l'aurait dit Horace,
Si l'homme doit combattre ou suivre son destin?
Si je me suis trompé de but ou de chemin?
S'il est vers la sagesse une autre route à suivre?
Et si l'art d'être heureux n'est pas tout l'art de vivre.
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Tu vois qu’aux bords du Tibre, et du Nil et du Gange,
En tous lieux, en tous temps, sous des masques divers,
L’homme partout est l’homme, et qu’en cet univers,
Dans un ordre éternel tout passe et rien ne change ;
Tu vois les nations s’éclipser tour à tour
Comme les astres dans l’espace,
De mains en mains le sceptre passe,
Chaque peuple a son siècle, et chaque homme a son jour ;
Sujets à cette loi suprême,
Empire, gloire, liberté,
Tout est par le temps emporté,
Le temps emporta les dieux même
De la crédule antiquité,
Et ce que des mortels dans leur orgueil extrême
Osaient nommer la vérité.

La Retraite - Extrait
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La vigne et la maison

Des bonheurs disparus se rappeler la place,
C'est rouvrir des cercueils pour revoir des trépas !
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Novissima verba

Alors je suis tenté de prendre l'existance
Pour un sarcasme amer d'une aveugle puissance,
De lui parler sa langue ! et semblable au mourant
Qui trompe l'agonie et rit en expirant,
D'abîmer ma raison dans un dernier délire,
Et de finir aussi par un éclat de rire !
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Hélas! Partout où tu repasses,
C'est le deuil, le vide ou la mort :
Et rien n'a germé sur nos traces
Que la douleur ou le remord.
Voilà ce cœur où ta tendresse
Sema des fruits que ta vieillesse,
Hélas! ne recueillera pas!
Là l'oubli perdit ta mémoire!
Là l'envie étouffa ta gloire!
Là ta vertu fit des ingrats!

Là l'illusion éclipsée
S'enfuit sous un nuage obscur!
Ici l'Espérance lassée
Replia ses ailes d'azur!
Là, sous la douleur qui le glace,
Ton sourire perdit sa grâce,
Ta voix oublia ses concerts!
Tes sens épuisés se plaignirent,
Et tes blonds cheveux se teignirent
Au souffle argenté des hivers!
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Le soir ramène le silence.
Assis sur ces rochers déserts,
Je suis dans le vague des airs
Le char de la nuit qui s'avance.

Vénus se lève à l'horizon;
A mes pieds l'étoile amoureuse
De sa lueur mystérieuse
Blanchit les tapis de gazon.

De ce hêtre au feuillage sombre J'entends frissonner les rameaux : On dirait autour des tombeaux Qu'on entend voltiger une ombre.

Tout à coup, détaché des cieux, Un rayon de l'astre nocturne, Glissant sur mon front taciturne, Vient mollement toucher mes yeux.

Doux reflet d'un globe de flamme, Charmant rayon, que me veux-tu? Viens-tu dans mon sein abattu
Porter la lumière à mon âme?

Descends-tu pour me révéler
Des mondes le divin mystère ?
Ces secrets cachés dans la sphère
Où le jour va te rappeler ?

Une secrète intelligence
T'adresse-t-elle aux malheureux? Viens-tu la nuit briller sur eux Comme un rayon de l'espérance ?

Viens-tu dévoiler l'avenir
Au cœur fatigué qui l'implore? Rayon divin, es-tu l'aurore
Du jour qui ne doit pas finir?

Mon cœur à ta clarté s'enflamme,
Je sens des transports inconnus,
Je songe à ceux qui ne sont plus : Douce lumière, es-tu leur âme?

Peut-être ces mânes heureux Glissent ainsi sur le bocage? Enveloppé de leur image,
Je crois me sentir plus près d'eux!

Ah! si c'est vous, ombres chéries! Loin de la foule et loin du bruit, Revenez ainsi chaque nuit
Vous mêler à mes rêveries.

Ramenez la paix et l'amour
Au sein de mon âme épuisée, Comme la nocturne rosée
Qui tombe après les feux du jour.

Venez!... Mais des vapeurs funèbres Montent des bords de l'horizon. Elles voilent le doux rayon, Et tout rentre dans les ténèbres.
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Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

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LE LAC :

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ;
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ;
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos,
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

« Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,
Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

« Assez de malheureux ici-bas vous implorent ;
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

« Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : « Sois plus lente » ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

« Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! »

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Hé quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ? quoi ! tout entiers perdus ?
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface
Ne nous les rendra plus ?

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux !

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés !

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit et l'on respire,
Tout dise : « Ils ont aimé ! »
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