Il s'agit d'une uchronie. Christophe Lambert réécrit l'année 1961.
Ernest Hemingway ne s'est pas suicidé, il allait le faire quand un de ses amis l'informe que les USA viennent de débarquer à Cuba. En effet, Kennedy a renoncé à la dernière minute à l'opération de la Baie des Cochons pour mettre au point un plan plus efficace. C'est chose faite trois mois plus tard et un groupe d'anti castristes débarquent sur l'île, ce qui entraîne une riposte immédiate des Cubains sur la base américaine de Guantanamo. Les Américains n'attendaient que ce prétexte pour envahir l'ìle.
Le roman commence en été, trois mois après l'invasion. Robert Stone, un agent de la CIA va prendre ses ordres auprès du général responsable des troupes d'occupation. Il s'appellera Ron Hooper et sera photographe de presse, sa mission consistera à protéger
Hemingway qui a décidé de venir interwiewer Castro et
Che Guevara retranchés avec leurs troupes dans le massif de l'Escambray. Les autorités américaines sont opposées à cette idée, mais l'écrivain est une star et on doit se plier à ses divers caprices. La mission occulte
De Robert consistera à assassiner les deux leaders cubains avec des herbes empoisonnées ou tout autre moyen qu'il jugera bon.
Dès le départ, l'écrivain comprend le vrai métier de son photographe et ça se passe plutôt mal entre eux. Il est agressif et désagréable tandis que Robert a très mauvaise opinion sur
Hemingway. Ce dernier essaie de lui fausser compagnie dès le départ, mais comme sa chambre d'hôtel est sur écoute, Robert le retrouve très vite. Les deux hommes partent dans l'Escambray en voiture avec Gregorio Fuentes, l'ami de l'écrivain.
Côté rebelle, on suit Nestor un tout jeune guerillero caméraman de son état chargé de filmer certains évènements. Il ne sait pas trop ce qu'il fait là, il est pacifique et ne porte pas d'armes.
Che Guevara le remarque et se lie d'amitié avec lui. Nestor est fasciné et voit dans le Che une figure paternelle qu'il ne veut pas décevoir.
Nous suivons à la fois les rebelles à travers le jeune cinéaste et l'improbable trio en route vers le repaire de Castro. Comme ces évènements n'appartiennent pas à l'Histoire, Christophe Lambert les traite comme un roman historique. Certains évènements du livre sont plutôt surprenants, même si comme
Steve Berry, l'auteur nous donne à la fin ses sources et explique ses choix rédactionnels. Donc ce pourrait être une histoire possible.
J'ai eu beaucoup de peine à rentrer dans l'intrigue, qui semble partir dans tous les sens au début et qui était trop guerrière à mon goût. L'intérêt s'est accru au fur et à mesure que je lisais. C'est aussi dommage de ne découvrir la genèse du roman qu'à la toute fin car elle est très éclairante sur les tenants et aboutissants de cette histoire. Les trois personnages principaux sont
Hemingway, Castro et le Che, les deux premiers sont aussi antipathiques l'un que l'autre.
Hemingway est un vieil alcoolique prétentieux et Castro un criminel sanguinaire. Robert et Nestor servent surtout de faire-valoir aux personnages principaux. le seul qui tire son épingle du jeu est le Che, dépeint dans sa complexité. C'est certainement le plus sympathique des personnages principaux, on sent que l'auteur a de la sympathie, si ce n'est de l'admiration pour lui.
L'aspect SF et uchronie est très peu développé. Toute l'action se passe à Cuba, dans un périmètre très délimité et l'auteur n'essaie pas de nous dépeindre un mode dans lequel la révolution cubaine aurait échoué au bout de deux ans. C'est dommage de ne pas avoir élargi la perspective.
C'est un roman que je conseillerais surtout aux admirateurs d'
Hemingway, de Castro et du Che, les autres peuvent passer leur chemin. Si le début est laborieux, le roman prend une vitesse de croisière agréable après le premier tiers. Je trouve surtout dommage que l'auteur n'ait pas élargi sa perspective pour avoir une fiction politique plus globale.
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