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4,07

sur 2604 notes
"Le lambeau" aurait plutôt du être nommé "Mémoires d'un homme à l'hôpital" ! C'est en effet le problème quand on entend parler de ce livre comme celui d'un survivant de Charlie Hebdo, on s'attend à une analyse fine des événements par quelqu'un l'ayant vécu de l'intérieur, hors ce n'est pas du tout le cas. En tout cas, c'est ce que j'espérais en achetant ce livre. Au mieux, des anecdotes sur le journal, ses membres et ce qu'ils représentait à ses yeux auraient été appréciées mais elles ne sont que trop rares dans le livre.
A l'inverse, on a le droit à tous les détails et ressorts de ses mésaventures chirurgicales ! Personnellement, et contrairement à d'autres commentaires que j'ai pu lire, ces éléments m'ont plutôt intéressée même si, il faut bien l'admettre, il requiert d'être à l'aise avec ce sujet car les détails sont souvent scabreux. Cependant c'est bien la seule partie qui m'a intéressée dans ce récit, tant les autres éléments n'ont à mon sens pas leur place. Tout y passe dans ce livre, des mille descriptions de tout le personnel de l'hôpital, aux bien trop nombreuses évocations de souvenirs passés mais sans rapport avec le récit, en passant par tous les détails de sa vie sentimentale jusqu'à même nous décrire une éjaculation précoce !
Ce livre a suscité selon moi beaucoup d'intérêt en raison de ce qu'a vécu l'auteur, malheureusement passé les 100 premières pages, l'intérêt retombe vite comme un soufflé tant les 400 pages suivantes ne sont que répétition et détails qui peinent à toucher le lecteur.
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Récit lourd et dense. L'auteur en voulant éviter le pathos se noie dans des détails superflus. Sans doute davantage journaliste que véritable écrivain, son histoire s'étire en longueurs épuisant le lecteur. le nombre de références aux amis ou personnes rencontrées à l'issue de ce drame est impressionnant. Si on admet le côté Calimero de l'auteur, il n'empêche que ça devient lassant à la longue. Un livre plus court aurait eu bien plus d'impact mais comment en vouloir à cet homme qui a vécu une telle horreur.
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Relu (eh oui!) ce long récit de Philippe Lançon, trouvé dans une boîte à livres. Longue est cette oeuvre comme longue, lente a été la reconstruction de l'auteur, dont la mâchoire fut fracassée par une balle lors du massacre de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Sont d'abord narrés la veille de la tuerie et les gestes prosaïques de ce matin-là, cependant marqués par l'angoisse car le lecteur sait ce qui va advenir. Philippe Lançon montre à Cabu un livre sur le jazz lors de la sidérante apparition des tueurs, dont il ne voit que les jambes noires. La haine à l'état pur, chaque balle est suivi d'un sonore "Allah Akbar". Comment peut-on croire accomplir la volonté divine par ce sanglant blasphème ?
L'essentiel du récit est constitué par le parcours hospitalier de l'auteur qui s'attache à en tout dire : les descentes au bloc opératoire, les souffrances diverses qui semblent se disputer son corps, les nausées, les vomissements, les vertiges, les étouffements, les insomnies, les rêves. Peut-on lui reprocher son égotisme alors qu'un repliement, un ramassement sur lui-même était sans doute indispensable pour y puiser la force, l'énergie nécessaires à sa résurrection, serait-on tenté de dire. Est-ce humilité ou impudeur, ce dévoilement extrême ?Son épreuve, Philippe Lançon l'aborde en nanti, riche de sa famille - à plus de cinquante ans il bénéficie encore de l'amour de ses deux parents, qui lui tiennent chacun une main en la caressant, et du dévouement de son frère - de ses multiples amis, de son passé de reporter, de ses voyages, de la musique, de la littérature. La lecture des Lettres à Milena de Kafka, de la Montagne magique de Thomas Mann et de Proust - relire la mort de la grand-mère constitue un rituel avant chaque opération - l'encouragent, le soutiennent. Que serait-il sans son bagage culturel ? Il semble y penser en plaignant ses voisins de chambre réduits à regarder BFM TV. A la fin du récit, l'auteur semble s'ouvrir à autrui et décrit brièvement les patients des Invalides où il termine sa convalescence Un très beau livre.
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Ce 7 janvier 2015, Philippe Lançon allait quitter la conférence de rédaction de Charlie Hebdo lorsqu'il décide de montrer à Cabu le livre sur le jazz qu'il s'apprête à chroniquer pour Libération. Et c'est alors que deux hommes sont entrés et ont tiré. L'auteur n'a vu que des jambes noires, venir, détruire et partir.
Les voisins, quelques collègues, puis les secours sont arrivés. Et c'est le début d'un long travail de reconstruction.
Long travail pour les chirurgiens et le personnel soignant, mais aussi long travail pour lui également. Car si le bas de visage a été détruit et va demander de nombreuses opérations chirurgicales, Philippe Lançon va devoir reconstruire une autre vie. Au point qu'il considère que l'homme qu'il était avant l'attentat est mort et qu'il entame une seconde vie (l'auteur est vite hostile à tout discours «comme avant » ou « il faut positiver »). Cela grâce à l'aide de ses amis et de sa famille, sans oublier le personnel soignant et son dévouement. Il va sans dire que l'attitude des médecins, infirmières et aides-soignants fut indispensable durant ces nombreux mois d'hospitalisation. Au point qu'il considère l'hôpital comme un refuge, voire comme son chez lui (ah, les infirmières…), au risque de refuser un retour à la vie « normale », si cette expression a encore un sens après ce qu'il a vécu.
Alors même si parfois le côté parisianiste de Philippe Lançon est énervant (j'ai toujours eu du mal avec les gens qui RELISENT Proust), l'auteur décrit avec minutie, précision et sensibilité un acte et une situation qu'il est impossible d‘appréhender sans les avoir connus. Et tout cela sans haine.
Un témoignage bouleversant et indispensable sur ces attentats qui ont pétrifié tout un pays.
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Philippe Lançon, journaliste à Libération et chroniqueur à Charlie Hebdo, est un rescapé de l'attentat dans les locaux du journal satirique le 07 janvier 2015.
Bon voilà, le cadre est posé…mais l'intérêt de ce récit est ailleurs, dans la résilience, dans l'association d'idées avec des réminiscences culturelles, des souvenirs de journaliste, pour ne pas ajouter du cru au cruel de cette horreur.

L'auteur nous parle plus de reconstruction, de celle de son être et de sa mâchoire arrachée par une balle de kalachnikov, plutôt que de l'attentat qui fut fulgurant, même si ce chapitre est d'une morbidité insoutenable.

On suit ainsi la greffe faite à partir de son péroné pour remplacer sa mâchoire manquante, preuve du progrès de la chirurgie faciale pour réparer les gueules cassées.

Des morceaux de vie se greffent à son séjour hospitalier. Cela donne un livre riche de références et de pensées, sensible, intime, sans haine.

Le rescapé n 'a pas assisté au récent procès des attentats de janvier 2015 : "Je n'ai rien à dire de plus que ce j'ai écrit ici même dans mon livre “Le lambeau”. Et je suis fatigué.”
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Ce livre est puissant, très bien écrit, intelligent, complexe, humain, terriblement humain et je termine sa lecture secoué, bouleversé et épuisé émotionnellement. Bon sang, que ce bouquin est dense et intense. Tellement intense qu'il me semble impossible à lire une seconde fois... bref, le gars sait écrire et c'est réjouissant d'opposer l'intelligence des mots à la barbarie et la bêtise.
La version audio est excellente.
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Et toujours la plume plus forte que l'épée

J'ai repoussé au maximum mon retour sur cet ouvrage. J'ai cru d'abord que c'était parce que je n'avais pas les compétences pour en parler de manière convaincante mais j'ai finalement compris que c'était parce que ce récit m'avait désarçonné, bouleversé de manière irrépressible.

La plume est une maestria de style maîtrisé allié à un vertige intimiste. L'auteur condense tout son savoir littéraire pour livrer un récit dense et lumineux où jamais ne sera convié l'émotion facile, le pathos.

Car au-delà du traumatisme initial, il s'agit avant tout de conter le récit d'une renaissance dans tout ce qu'elle a de plus intime et de salvatrice. L'auteur nous convie avec lui dans cette chambre d'hôpital pour être les témoins de son retour à la vie. Rien ne nous sera épargné, les opérations minutieuses, les proches désemparés qui font ce qu'ils peuvent, les nuits de désespoir et l'humour noir dont seuls savent faire preuve ceux dont le corps est profondément meurtri.

Avec une grâce stylistique et une résilience tout en humilité l'auteur offre une magnifique leçon de vie, de résistance face aux traumatismes, à l'horreur sans nom et nous rappelle, à nous, éternels enfants impétueux, puisqu'il est encore nécessaire de le faire que la haine n'a jamais servi à vaincre la haine.

Un récit indispensable, tant pour la leçon d'humanité qu'il dispense que pour le chemin de vie dont il est le témoignage.
Lien : https://culturevsnews.com/
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lu en 2018
Une phrase de Philippe Lançon, rescapé du massacre de Charlie Hebdo le 07 janvier 2015 : "C'est un acte de construction littéraire, qui s'accomplit parallèlement à la reconstruction chirurgicale".
Un livre écrit après la reconstruction chirurgicale qui aura nécessité 17 interventions et 9 mois d'hôpital. Il livre ses réflexions intimes qui l'ont traversé durant cette période douloureuse (physiquement et psychiquement), il raconte comment cet attentat a modifié la perception de son passé, de ses proches (ses parents, son frère, ses amours), ses amis, les médecins, l'hôpital, les malades. Il délivre de sa mémoire les images des morts qui l'entourent, les sons que les tueurs ont laissés, la seule vision de leurs jambes noires sous la table et la cervelle de Bernard Maris, sortie de son crâne. Il décrit ses sentiments, les sensations, la nature des interventions et la résistance de son corps aux greffes ; la description de ses différentes chambres d'hôpital, toujours accompagné par la musique de Bach, la lecture de Proust, de Kafka et de Thomas Mann. C'est un livre au contenu émotionnel intense, un peu long dans les tirades parfois, mais une thérapie nécessaire, aussi importante que celle conduite avec les psychologues et psychiatres. Je mettrai cependant un bémol à cette appréciation, car parlant de Cabu, voici ce qu'il écrit : "Cabu et sa frange n'avaient pas d'âge […], il était comme ses biscuits, son vieux pain. Son intelligence était peut-être limitée, mais son génie donnait du goût à n'importe quoi".
Définition de l'intelligence : Aptitude d'un être humain à s'adapter à une situation, à choisir des moyens d'action en fonction des circonstances.
Cabu n'aurait pas eu ces fonctions ? ou bien une maladresse de sa part que la correction n'a pas évaluée ?

Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Moi qui avait un rythme de lecture effréné ces derniers temps, ait ralenti avec ce livre-ci. Pas par ennui, ni par le côté répétitif évoqué par certaines critiques (et qui personnellement ne m'a pas frappée) mais plutôt du fait de sa densité. C'est un ouvrage que l'on doit - je pense - prendre le temps de lire. Car ce qu'il narre est intense, que ce soit la violence de l'attentat - une violence brute et sèche - ou les émotions et la douleur qui s'ensuivent. Seul le séjour aux Invalides semble offrir une pause dans cette intensité, un calme qui vient justement contrebalancer tout ce qui précède, et qui - peut être - amène doucement le narrateur lui-même vers un retour à la "normalité".
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Comment parler d'un récit dont tout a été dit ? Quel est l'intérêt d'apporter ma petite pierre, mon grain de sable, à l'édifice déjà bien fourni, composé par la totalité des avis, publiés ou non, concernant ce livre ? Parce qu'il y a des moments qui ne peuvent sombrer dans l'oubli et disparaître de la conscience collective. Sans entretenir un culte haineux ni se complaire dans le déchirement qu'engendre la violence, le devoir de mémoire que la société entière doit aux rescapés de tueries hallucinantes réside dans la lecture de ces nombreux témoignages dont celui de Philippe Lançon. Nous, "les habitants de l'autre planète où la vie continue", nous, les inconscients colocataires de la violence absurde qui explose sporadiquement, mais régulièrement dans notre pays, nous nous devons d'entendre l'enfer de ceux qui ont vécu le pire.

Des dates restent incrustées à jamais dans nos esprits. Chacun d'entre nous se souvient, avec la précision d'une mémoire photographique, où nous nous trouvions et ce que nous faisions le 11 septembre 2001, le 13 novembre 2015 et bien sûr, le 7 janvier 2015 ainsi que les deux jours suivants. Nous avons tous été ébranlés par ces déferlements de violences aussi absurdes que mortels. Toutes les victimes et leurs proches gardent ces dates gravées à jamais dans leur corps, leur coeur et le tréfonds de leur âme.

J'ai rencontré la plume de Philippe Lançon sur une autre planète, celle où on ne massacre pas des dessinateurs parce qu'ils manient les crayons avec brio, celle où on ne tue pas des hommes et des femmes parce qu'ils préparent shabbat tous les samedis, celle où on n'abat pas les représentants de l'Ordre Public parce qu'ils portent un uniforme de la République. Non ! J'ai découvert cette plume en lisant des chroniques littéraires au hasard de mes rencontres avec Libération et, surtout, avec le récit court de "L'élan" paru chez Gallimard en 2013 et j'ai aimé. J'ai aimé l'art de raconter en phrases courtes et percutantes, l'amour après l'amour. La passion invivable et enflammée d'un couple après qu'ils se soient follement aimés. Complexe, surprenant, aussi baroque et fantaisiste que la musique de Mozart invitée dans le duo, passant de la joie infantile à la mélancolie dévastatrice. Une autre planète donc ...

J'ai retrouvé ce style dans "Le Lambeau" avec toute l'érudition de son auteur, mais dans un cadre combien plus douloureux, ce "hoquet sanglant de l'Histoire" comme il le définit lui-même. Si la terreur doublée d'incompréhension fait inévitablement partie du récit, il n'est ni une oraison larmoyante sur les événements atroces qui se sont déroulés dans les locaux de Charlie Hebdo, ni un plaidoyer revanchard sur les choix politiques qui ont pu conduire à une telle horreur. Avec l'évocation du souvenir et l'admiration que Philippe Lançon a pour ses amis disparus, vient l'essence même du livre, sa lente progression vers une reconstruction psychique et physique. L'enchaînement des opérations sans fin, les réussites, les échecs, la souffrance intolérable, le cheminement chirurgical pour reconquérir une fonction vitale et son identité pendant près d'une année. L'auteur rend hommage à toutes les équipes hospitalières qui ont pris en charge sa détresse. Chloé, sa chirurgienne plastique, phare blond dans le brouillard, à laquelle il doit la réparation de sa "gueule cassée". Serge son kiné, l'obligeant avec une ferme délicatesse de pousser toujours plus loin ses limites en respectant ses capacités du moment. Les infirmiers, les aides-soignants, tout le staff hospitalier où chaque maillon est important pour que la guérison soit au bout du chemin. Il n'oublie pas les policiers qui ont assuré sa sécurité dans l'ombre et l'ont veillé, jour après jour, à la porte de sa chambre comme lors de ses promenades extérieures devenant le rempart protecteur et silencieux de l'animosité invisible. Puis vient le temps de s'extraire de son "petit Golgotha hospitalier", pour se frayer un passage vers le monde "d'avant", celui qui a volé en éclats au matin du 7 janvier 2015 ; pas si facile quand on est resté dans une dimension parallèle, sans agression radiophonique ni télévisuelle seulement accompagné par la musique de Bach, les textes de Proust et de Kafka tels des mantras ! "Bach et Kafka : l'un m'apportait la paix et l'autre une forme de modestie et de soumission ironique à l'angoisse".

Je n'en dirai pas plus, sinon quelques mots pour éclairer mon ressenti au sortir de cette lecture : souffrir, espérer, pleurer, aimer, tressaillir, écrire, sursauter, rêver, se souvenir, trembler, tant d'émotions pour tendre vers le but ultime, transformer le Survivant en Vivant. L'important est de lire ce témoignage dense et intimiste, écrit comme un exorcisme de la violence et du deuil sans aucune hostilité, même vis-à-vis des "deux jambes noires de K". Ce voyage intérieur dans lequel Philippe Lançon accepte de nous emmener est un coup de poing viscéral et intellectuel, une mise à nu totale sans fausse pudeur, d'une intensité à faire vibrer chaque parcelle notre corps ; nous qui "habitons la planète où la vie continue."
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