Le donjon de Naheulbeuk, tome 5 : Chaos sous la montagne (roman)

Pfff... Tiens ! Regarde, y'a un gentil ours qui vient d'arracher un morceau de la jambe du Nain ! Comme c'est gentil ! C'est vraiment trop sympa, les ours !

-Hé ! Moi je fais ce que je peux pour sécuriser notre avenir ! C'est la faute à ce connard de dragon, après tout ! Il a tellement cramé mon sac que maintenant ça tombe en miettes !
- Sécuriser notre avenir ? s'indigna la Magicienne. Parce que tu comptais partager avec nous ?
L'Elfe précisa, d'un air goguenard, que ce serait sans doute la première fois.
-Euh... Bah ouais, peut-être, souffla le Nain.

-Les dieux me haïssent. Enfin, au moins l'un d'entre eux, je ne sais pas encore lequel. Mais c'est une certitude ! Comment expliquer par quel hasard incroyable cette équipe de mécréants finit toujours par nous chier dans les bottes ? Et cela, où que nous soyons en Terre de Fangh ? J'ai peut-être fait quelque chose dans le passé qui aurait froissé un dieu, et maintenant ce dieu désire se venger.
Reivax renifla et se déplaça jusqu'à son guéridon afin de se resservir une tasse de thé froid. Il hocha la tête:
-Vous voulez dire, comme le jour où nous avons envoyé des orques piller les offrandes du temple de Caddyro au village de Pluck ?
-Peut-être...
-Ou encore la fois ou nous avons balancé deux paladin de Braav' dans une cuve d'acide ?
-Voilà je pensais à quelque chose comme ça...
-Ou encore le jour où ce prêtre de Youclidh a fini avec un chandelier dans le...
-Ça suffit ! trancha le sorcier. Je n'ai pas envie qu'on vienne me rappeler toutes les fois où j'ai eu l’occasion de fâcher les dieux !
-Bien, bien... C'est vous le maître, Maître.

-Je vous avais dit que c'était impressionnant ! cria le Nain directement dans l'oreille droite du Ranger.
Ce dernier, coincé entre le courtaud et la souveraine, assis sur un banc qui heurtait ses lombaires, nauséeux et abruti par le vacarme, n'avais qu'une envie: sortir de cet environnement le plus vite possible.
-Qu'est-ce qu'il dit ? s'inquiéta l'Elfe en hurlant dans son oreille gauche.
-Rien du tout ! Des conneries !
-Ah !
-Qu'est ce que tu luis as dit ? voulut savoir le Nain.
-Rien du tout ! Des conneries !
-Ah !

Pour marquer l'instant, Bradorc fit valoir sa position de commandant et risqua un salut militaire, mais il n'avait pas encore pris le coup. Son geste équivalait à l'un des signes secrets et silencieux des chasseurs des tribus sauvages de la jungle d'Ammouka, signe qui voulait dire " plante vénéneuse à dix pas ". Néanmoins, les mages acceptèrent l'hommage et lui rendirent son salut, à la différence que le leur était réglementaire.

Le temple de Tzinntch rachète les fœtus d'enfant morts-nés ( 50 P.O. la pièce ). Rendez vous à l’accueil du temple, 8-10 rue Thhlieu ( porte carrée ) avec vos bocaux et demandez maître Plaijux. Ne posez pas de question.

-Putain ! c'est vachement précis ! grinça le Nain. Tu peux nous dire aussi combien ils ont de pièces d'or ?
-Non !
-Bah alors, c'est nul !

C'est déjà la troisième salve de projectile, avec pour résultat de nouveaux cris, de nouvelles victimes, de nouvelles ablations d'organes non prescrite par les médecins traitants de leurs propriétaire.

-Vadurik. J'en ai marre.
-Qu'est ce qui vous chiffonne, Grand Stratège ? s'inquiéta vaguement le second.
-J'ai compris ce qu'il a dit. Ça ne veut pas dire que je suis fou, hein ?
-Non, non Grand Stratège. Je crois que j'ai compris aussi.

La race gobeline n'avait pourtant que peu d'atouts d'une manière générale: de petite taille, repoussants, faibles, lâches, malodorants et relativement crétins, les avortons verts ne comptaient traditionnellement que sur leur dextérité pour survivre dans ce monde violent, peuplé de créatures et d'humains beaucoup plus favorisés qu'eux par la nature et par les dieux.