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Citations sur Décombres flamboyants (39)

Quand j'ai enfin arrêté mon discours bafouillant et que je me suis vivement détourné de mes hôtes pour prendre la carafe de jus - prétendument pour remplir leur verre, mais en réalité pour fuir cette situation - il a imité mon bégaiement.
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J'avais oublié que, dans mon parler, je restais un monstre difforme.
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J’aimais l’odeur des détergents et désinfectants qui surmontait lentement mais sûrement les remugles de merde et de pourriture. Les yeux fermés, on pouvait sentir qui était en train de gagner le combat : nous, et pas les cafards. J’ai toujours trouvé que c’était l’un des plus beaux symboles de l’espérance. Quelle que soit l’ampleur de la putréfaction, on peut l’éliminer.
La purification est possible.
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La plupart des cas de négligence grave se produisent dans des squats pleins d’accros au crack. Le pire que nous ayons vu est celui d’un drôle de bonhomme solitaire qui, trente ans auparavant, avait à son grand étonnement hérité d’une villa à la campagne. Nous avons ramassé seize conteneurs d’immondices chez lui, chacun de quatre à cinq tonnes. Ça devait faire au total soixante ou soixante-dix tonnes de saloperies à évacuer. Le bilan de trente ans passés à ne rien jeter et ne jamais nettoyer.
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Au contraire de ce qu’un non-initié peut imaginer, les bâtiments incendiés ou inondés ne sont pas désagréables du tout. À condition qu’on ne doive pas y déterrer des victimes. S’il y en a, j’ai tout de même une préférence pour les habitations inondées. Les noyés, il est vrai, montrent une couleur de peau déplaisante, gris bleu, mais ils ont la plupart du temps un sourire qui peut passer pour heureux, ou tout au moins soulagé.
On ne peut pas en dire autant des victimes d’incendie, asphyxiées par la fumée ou partiellement calcinées. Ce doit être la façon la plus atroce de connaître sa fin : être entouré par les flammes et savoir ce qui vous attend. Surtout si, comme c’est mon cas, vous avez déjà dû faire face professionnellement à un tel destin.
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Le bon sens populaire veut que toutes les femmes racontent des cancans et les hommes des histoires cochonnes.
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Des mauvaises langues prétendent que le besoin compulsif de raconter des histoires serait un stigmate caractéristique, il marquerait l’escroc congénital. J’en doutais alors déjà et maintenant encore. Youssef était un romantique blessé, pas un roi de l’arnaque. Il n’a jamais essayé de m’en faire accroire ou de me convaincre de quelque chose. Ses récits tenaient plutôt du chant du rhapsode. Fredonner tristement était une discipline artistique, réciter des chansons pour tuer le temps et ne pas avoir besoin de trop réfléchir. La musique pour la musique, la musique comme un baume apaisant.
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Ceux dont je parle sont les passeurs qui exploitent les désespérés et les blessés, les terrorisés et les menacés. Les éclusiers de ce qui était naguère la Méditerranée avant qu’elle ne se transforme en un tourbillon d’azur qui engloutit sans pitié des foules de gens qui ont eu l’audace de se lancer sur ses vagues féeriques. Celles mêmes qui, dans les temps anciens, ont amené Achille et Ulysse sains et saufs à bon port. Et maintenant ce sont ces flots-là qui ont condamné des dizaines de milliers de malheureux qui étaient seulement à la recherche d’un havre de paix.
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Les gens qui parlent de moi me disent timide et banal. Dans aucun groupe humain on ne me remarque. Il y a de vieux chats castrés et décrépits qui attirent davantage l’attention que moi quand ils traversent la rue.
Quand je demande quelque chose dans la rue, en général les gens ne me répondent pas. Ou ils me demandent de répéter. En me scrutant de la tête aux pieds comme si j’étais un étranger dans ma propre ville. Parfois même ils ont l’air carrément anxieux. Sans doute que je parle trop bas ou confusément, ou les deux.
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Certains anti-oxydants jouent un rôle important, le chou vert et les choux de Bruxelles, les grenades, les poissons gras. Ils sapent ceux qui sapent notre corps et éliminent impitoyablement les bacilles et bactéries.
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L’honnêteté me force à avouer que je me voyais aussi, bien que d’une autre manière, comme l’ombre portée de l’apôtre barbu du bazar et du fouillis. De même que les étalons laborieux chez le récolteur de sperme et les oiseaux empaillés chez le taxidermiste, le vieux barbu m’a tendu un miroir impitoyable. J’étais certes très soucieux de préserver ma vie privée, mais il m’a montré que la solitude peut être une maladie, une aliénation, une sorte de moisissure de l’esprit.
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