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Citations sur Un arc-en-ciel dans la nuit (27)

En échangeant Vérité contre Réconciliation, l’Afrique du Sud accomplit le miracle de sortir de l’apartheid sans le bain de sang annoncé par tous les prophètes de malheur. Une transition pacifique exemplaire conduisit le pays de la répression et de l’injustice à la démocratie, à la liberté et à l’égalité. Ce fut un exploit sans équivalent dans l’histoire des conflits entre les hommes. Et une exceptionnelle leçon d’humanité offerte à la planète entière.
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A Johannesburg et dans toutes les cités industrielles de la nouvelle Afrique du Sud, les Boers sont en effet devenus des petits blancs que les chefs d'industrie britanniques traitent sur le même plan que les noirs. Les uns et les autres forment deux prolétariats parallèles engagés dans une même course pour la survie.
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Certes, la doctrine de l'apartheid qu'il va progressivement expliquer à ses électeurs et le national socialisme ne sont pas de même nature. Mais l'un et l'autre sortent du même chaudron d'insatisfactions nationales et de souffrances économiques.
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Faire quelque chose d’utile ! Dans ce ghetto où deux cent mille martyrs de la haine raciale luttent pour leur survie quotidienne, dans ce lieu où les gens apprennent à mesurer leur vie non pas en années mais en mois ou en semaines, dans ce lieu vibrant de courage et de capacité d’entraide mais rongé de tuberculose, de dysenterie, d’alcoolisme, de toutes les maladies de carence ; dans cet environnement si pollué que des milliers de malheureux n’atteignent pas l’âge de quarante ans… tout paraît à faire. Il faudrait en priorité des crèches pour les plus petits et un dispensaire ; il faudrait pouvoir distribuer du lait aux enfants souffrant de malnutrition, créer une soupe populaire pour les plus âgés ; installer des fontaines d’eau potable, multiplier les latrines. Helen le sait déjà : les urgences se comptent par dizaines. « Je suggère que l’on organise un sondage, répond-elle, pour déterminer ce que les gens d’ici veulent en toute priorité. » Les résultats arrivent trois jours plus tard. Ils sont concordants et unanimes. Les nécessités les plus pressantes des habitants de cette township ne sont pas celles qu’imaginait la jeune Blanche. Ce ne sont pas les conditions matérielles qu’ils veulent d’abord changer. La nourriture qu’ils attendent avidement n’est pas destinée aux corps chétifs de leurs enfants mais à leur esprit. Helen est stupéfaite. Les six enquêtes du sondage indiquent que la toute première revendication des emmurés de Langa est la création d’une école pour que leurs enfants apprennent à lire et à écrire.
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Au lieu de l’instauration d’une instance judiciaire qui jugerait les coupables comme le procès de Nuremberg l’avait fait pour les criminels nazis, l’archevêque Desmond Tutu fit une proposition extraordinaire : la création d’une commission qui offrirait le pardon de la nation à tous ceux qui accepteraient de révéler les crimes qu’ils avaient commis au nom de l’apartheid. Ce pari révolutionnaire s’appellerait « Vérité et Réconciliation ». Nelson Mandela accepta avec enthousiasme.
Plus de sept mille coupables acceptèrent de jouer le jeu et déposèrent une demande d’amnistie. Il y avait parmi eux deux anciens ministres du gouvernement de P.W. Botha et de nombreux hauts gradés de la police. Les audiences se prolongèrent pendant quatre ans. Deux mille quatre cents victimes vinrent témoigner devant leurs bourreaux au nom de leurs proches disparus. Les hallucinants témoignages permirent de découvrir comment un peuple qui affirmait avoir été choisi par Dieu pour répandre les valeurs chrétiennes sur l’Afrique avait pu sombrer dans la plus sauvage des barbaries racistes. Certaines confessions furent si insoutenables qu’elles anéantirent ceux qui les recueillirent. La tâche fut particulièrement rude pour les interprètes car ils devaient traduire les témoignages des victimes comme ceux des coupables en les exprimant à la première personne. Grâce à ce processus impitoyable, d’innombrables crimes furent élucidés, ce qui permit à de nombreuses familles de retrouver la trace de leurs disparus et de commencer un vrai travail de mémoire. Au terme de cette expérience unique, retransmise chaque jour par la télévision, aucun Sud-Africain, aucun Blanc en particulier, ne pouvait plus prétendre ignorer comment l’apartheid avait brisé et détruit des millions de vies. Mais comme le voulait Mgr Tutu, la reconnaissance publique des crimes racistes devait apporter le germe de la réconciliation. Du coup s’éloigna du paysage sud-africain le spectre d’une nouvelle guerre raciale.
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Le deus ex machina de cette démentielle entreprise est un cardiologue militaire à la barbe rasée court, âgé de quarante et un ans, nommé Wouter Basson. Ce n’est pas par hasard que le pouvoir l’a choisi pour mettre en œuvre et diriger le « Project Coast », un programme officiellement destiné à doter l’Afrique du Sud d’un armement chimique et biologique permettant de repousser une agression extérieure. Le jeune capitaine médecin est un spécialiste des armes non conventionnelles, en particulier celles susceptibles d’annihiler un ennemi en agissant sur ses facultés mentales. Il faudra attendre quarante ans pour qu’un procès retentissant permette aux Sud-Africains et à une opinion internationale horrifiée de découvrir en détail l’étendue de cette entreprise. On comptera pas moins de soixante-sept chefs d’inculpation, mille cinq cents pages d’attendus, deux ans et demi d’audiences devant un tribunal spécial siégeant à Pretoria – un record seulement battu au procès de Nuremberg. Le Dr. Basson sera notamment accusé d’avoir proposé à ses chefs de fabriquer des produits chimiques capables de réduire le taux de fertilité de la population de couleur. L’application d’un tel programme devait permettre aux dirigeants de l’apartheid de diminuer le nombre des Noirs vivant dans le pays. À Pretoria, ces propositions avaient reçu un accueil enthousiaste. Des crédits illimités furent octroyés à celui qu’on appellera bientôt secrètement « le Dr. Folamour sud-africain ».
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Des frontières du Zimbabwe jusqu'aux rivages du Cap, il se commettait un meurtre toutes les demi-heures, un viol toutes les trois minutes, un cambriolage toutes les deux heures. Ce désastre était largement le résultat des années de dévoiement de l'action policière. Pendant tout le temps de l'apartheid, les forces de l'ordre avaient en effet donné la priorité à la lutte anti-terroriste plutôt qu'à la poursuite des auteurs des crimes de droit commun. Passer une nuit à faire la chasse aux couples soupçonnés de franchir l'interdit des relations sexuelles interraciales avait été une mission plus importante que de traquer de réels délinquants.
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Michael, tu ne comprends pas, réplique-t-elle fermement. Ce ne sont pas des PAUVRES que j’ai rencontrés, ce soir. Ce sont des gens qui ont PEUR. Ce n’est pas la FAIM que j’ai vue. C’est la PEUR. La peur de se trouver brusquement en face d’une femme blanche, la peur d’avoir à lever les yeux vers elle, la peur de la laisser regarder leurs enfants ; la peur… la PEUR ! Michael. Toi, moi, tous les Afrikaners, nous sommes coupables du crime d’avoir obligé tout un peuple à vivre la peur au ventre.
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Mais le pire pour la jeune orthophoniste blanche, ce n’est pas de découvrir d’un seul coup dans cet hôpital autant de malheurs, c’est de constater le mépris des médecins et des infirmières pour les souffrances de ces êtres comme si la douleur et la détresse d’un kaffir ne méritaient pas d’être soulagées au même titre que celles d’un Blanc. Une rapide visite au service ORL réservé aux Blancs dans l’autre aile de l’hôpital confirme ses craintes. Ici, l’accueil, la propreté des locaux, les soins du personnel médical sont conformes à la réputation d’excellence de Groote Schuur. Quand elle lui confie son indignation, Helen se fait vertement rabrouer par l’infirmière-chef du service réservé aux Noirs où elle travaille. « Pourquoi vous tracassez-vous, ma chère ? lui lance celle-ci. Tous ces bébés noirs qui hurlent vont mourir. Quelle importance ? Ils sont vingt-cinq millions alors que nous ne sommes que quatre millions. Et de toute façon, leurs mères en feront d’autres. Les kaffirs sont des lapins. »
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Basson ne semblait jamais à court d’imagination. Ainsi, il réussit à introduire des particules de poison dans la gomme qu’il faut lécher pour sceller des enveloppes ou du venin de cobra dans des flacons de déodorant. Il aurait même inventé un gel relaxant qui inhibe instantanément toute volonté de résistance. Quelques années plus tard, au plus fort de la tragédie de l’apartheid, l’aviation sud-africaine utilisera ce gel pour paralyser deux cent cinquante prisonniers de guerre namibiens et les précipiter du haut du ciel dans la mer sans qu’ils résistent. Basson sera par ailleurs accusé d’avoir recherché une bactérie sélective qui ne contaminerait que les Noirs et un contraceptif administrable à leur insu aux femmes de couleur. Il aurait ensuite expérimenté ces bactéries sur des cobayes humains fournis par la police afin de stériliser à leur insu les habitants des townships. En cas de succès, le peuple des chariots aura gagné la plus grande de toutes les batailles qui l’opposent aux tribus d’Afrique depuis qu’il s’est élancé à la conquête du continent, la bataille du nombre !
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