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Citations sur Un arc-en-ciel dans la nuit (27)

S’inspirant des méthodes utilisées par les nazis pour recenser les Juifs d’Allemagne et des pays occupés par le Reich, le Population Registration Act impose à chaque citoyen de déclarer son groupe racial auprès de la municipalité de son domicile. Pour être reconnu comme blanc, un individu doit faire la preuve que ses deux géniteurs sont blancs et qu’il est accepté comme tel dans le milieu où il vit. Au moindre doute, dans le cas par exemple où un Métis voudrait se faire passer pour un Blanc, des spécialistes interviennent. Ils interrogent proches et relations, procèdent au test du crayon, cherchent à déceler des traces de pigmentation autour des ongles et des globes oculaires. Dans un pays de peuplements si divers, déterminer à coup sûr la race d’un individu est une ambition follement téméraire. Combien de Blancs ont la mauvaise surprise de se retrouver soudain qualifiés de Métis, combien de Métis du Cap rétrogradent au rang de Métis de Malaisie – on ne compte pas moins de sept catégories de Métis selon la couleur plus ou moins sombre de la peau –, combien d’Indiens originaires du sud de l’Inde se voient tout à coup ramenés à la condition peu enviable de kaffir à cause de leur couleur très foncée ! Le bilan des commissions de classification raciale pour la première année de l’apartheid révèle que huit cents Sud-Africains ont été contraints de changer de race. Quatorze Blancs et cinquante Indiens sont devenus des Métis ; dix-sept Indiens, des Malais ; quatre Métis et un Malais, des Chinois. Quatre-vingt-neuf Noirs ont eu la chance d’être reclassifiés comme Métis, et cinq Métis la malchance de devenir des Noirs. Mais cinq cent dix-huit Métis ont touché le jackpot en faisant une entrée officielle dans la race blanche des Afrikaners.
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Tout hôpital qui reçoit un patient africain sans avoir reçu l'autorisation du ministère des Affaires indigènes commet une infraction criminelle.
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La cause de ce nouveau dérapage est le statut racial d’une star de l’équipe britannique de cricket. Basil d’Oliveira est un joueur qui a fait gagner l’Angleterre dans nombre de ses rencontres internationales. Il va bientôt se mesurer avec son équipe aux champions d’Afrique du Sud. L’ennui est que les grands prêtres de la classification raciale officiant à Pretoria ont découvert que Basil d’Oliveira n’est pas de race blanche. Il est métis. Comment l’Afrique du Sud pourrait-elle consentir à engager sa formation cent pour cent blanche contre une sélection étrangère comprenant un joueur de couleur dans ses rangs ? C’est impossible ! John Vorster juge l’affaire si grave qu’il décide d’intervenir en personne. Dans une allocution publique prononcée à Bloemfontein, il déclare solennellement que « l’Afrique du Sud ne saurait recevoir une équipe composée non pas de sportifs mais d’adversaires politiques ». Les propos provoquent un tollé universel. Du jour au lendemain, le pays de l’apartheid se voit rejeté de toutes les compétitions mondiales, ses athlètes exclus des Jeux olympiques et du Commonwealth, ses stades désertés par les équipes étrangères. Le boycott durera dix longues années. Une indicible épreuve pour le peuple qui avait si généreusement donné à la planète du rugby l’une de ses équipes mythiques, les Springboks.
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En cette fin des années 1970, ils sont tout à la célébration de leur monstrueux bilan. Plus de vingt pour cent des kaffirs d’Afrique du Sud, soit six millions d’êtres humains, auront été transplantés vers les ghettos aménagés selon le programme de redistribution ethnique. Les descendants du peuple choisi par Calvin pour répandre la religion chrétienne sur la terre d’Afrique ont réussi la plus colossale déportation de population de l’histoire de l’humanité.
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Le 15 septembre 1953, Verwoerd annonce que « l’enfant africain ne doit plus avoir le droit d’apercevoir les verts pâturages de la société européenne dont il ne lui sera jamais permis de brouter l’herbe ». Le Bantu Education Act, la loi qu’il fait voter à cet effet, instaure la ségrégation totale du système éducatif sud-africain. Plus aucune école privée noire n’a le droit d’ouvrir et de fonctionner sans accord des autorités. Ceux qui transgressent cette interdiction sont condamnés pour « propagation illicite de connaissances ». Là où l’État consacre mille trois cent quatre-vingt-cinq rands par an pour l’éducation d’un élève blanc, il n’en dépensera plus que cinq cent quatre-vingt-treize pour un écolier métis et seulement cent quatre-vingt-douze pour un écolier noir. Des matières comme les mathématiques, la physique, la biologie, se voient purement et simplement rayées du cursus des écoles noires. Devant le tollé que déclenchent ces mesures chez les militants de l’ANC, dans l’opinion publique noire, et même dans les milieux blancs modérés, Verwoerd n’hésite pas à brandir l’étendard de la bonne conscience. « À quoi cela servirait-il d’enseigner les mathématiques à un enfant noir s’il n’est pas appelé à les utiliser dans la pratique ? » demande-t-il avant de répéter qu’« il n’y a aucune place pour l’indigène dans la société européenne au-dessus du niveau de quelques travaux manuels de base ». Une profession de foi qu’il conclut d’une formule lapidaire : « Il faut mettre dans la tête des Noirs qu’ils ne seront jamais les égaux des Blancs. »
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La grand-place devant l'hôtel de ville est noire d'une foule impatiente qui attend depuis des heures. La voiture amenant le vieux leader tente de s'ouvrir un chemin à travers la marée humaine. Des gens tambourinent sur les vitres et le toit, d'autres sautent sur le capot, secouent la carrosserie. Mandela serre avec tendresse la main de Winnie. "La foule pourrait bien vous étouffer d'amour", plaisante le chauffeur." Page 298
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Riche d'enseignements, ce livre qui est un récit qui m'a fait découvrir l'Afrique du Sud dont je ne connaissais pas absolument pas l'histoire. Je ne vois plus l'Afrique de la même manière.
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Inventer une bactérie tueuse capable d’exterminer les Noirs tout en donnant l’apparence d’une mort naturelle, tel est le premier défi que le médecin est accusé d’avoir voulu mener à bien. Avant de collectionner son propre vivier d’animaux, il va tirer des flèches empoisonnées sur les singes du parc Kruger pour étudier les circonstances et le temps de leur agonie. Devant les protestations indignées des touristes, il fait capturer les animaux afin de les soumettre dans le secret de son laboratoire à la mort lente de ses poisons. Ses chimistes expérimentent toutes sortes de vecteurs susceptibles d’inoculer aux Noirs des substances mortelles. Les sachant grands amateurs de bière, ils ajoutent du thallium, un poison à base de mercure impossible à détecter, aux canettes destinées aux shebeens des townships. Puis ils injectent des bacilles d’anthrax dans des cartouches de cigarettes ; du cyanure dans des plaques de chocolat ; de la botuline dans des bouteilles de lait ; même de la ricine, l’un des toxiques les plus violents qui soient, dans des flacons de whisky. Enfin, ils assaisonnent de mandrax, une poudre aux effets paralysants, des paquets de lessive ménagère couramment vendus dans les drogueries des quartiers noirs. Basson et ses alchimistes dévoyés en mettent leur main au feu : le jour où ces produits rendus mortels commenceront à circuler massivement dans les commerces africains, les Blancs auront fait un pas décisif dans leurs projets de réduire par tous les moyens la population noire de l’Afrique du Sud. Mais le délirant programme du maître du Roodeplaat Research Laboratory n’en est qu’à ses premiers balbutiements. Pour accélérer la diminution de la population de couleur, le laboratoire conçoit aussi toute une panoplie d’instruments. Tels ces astucieux parapluies capables de projeter de petites balles dont l’impact permet d’inoculer la variante pulmonaire de la maladie du charbon. Ou ces bâtonnets en forme de tournevis qui dégagent à la moindre pression un nuage de gaz paralysants. Ou ces pistolets à air comprimé qui peuvent lors de manifestations expédier des projectiles bourrés d’anthrax, d’ectasy, de cocaïne, et d’hallucinogènes à base de marijuana capables de calmer presque instantanément les excès d’une foule en colère.
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Verwoerd s’agite sur tous les fronts. Aux Noirs il promet un retour vers leur passé, leurs traditions, vers leur vie ancestrale, vers un mode d’existence enfin débarrassé des souffrances infligées par les villes et les vexations des Blancs. Aux descendants du peuple des chariots, il s’attache à offrir l’image d’un homme choisi par Dieu pour leur donner l’Afrique dont ils rêvent depuis des générations, une Afrique où Blancs et Noirs vivraient en paix mais séparés. Les caricatures des journaux le représentent régulièrement assis sur un nuage, parlant au téléphone avec le Créateur.
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Les Noirs doivent quitter toutes les zones que les Blancs se sont réservées pour s’installer dans leurs homelands ruraux où ils pourront exercer leurs droits de citoyens et développer leur indépendance nationale. Verwoerd est persuadé que cet appât d’une « indépendance séparée » va même vider au profit de ces États-nations les énormes concentrations humaines qui s’entassent dans des townships comme Soweto. Il ne resterait plus alors dans l’Afrique du Sud blanche que quelques milliers de migrants travaillant sous contrat et seulement pour de courtes périodes dans des villes blanches. Ces travailleurs occasionnels ne seront pas traités comme des Sud-Africains mais comme des étrangers appartenant à des pays extérieurs.
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