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Critique de Fleitour


Le livre " le Lieu Essentiel" de Philippe Claudel rassemble les entretiens de l'écrivain avec Fabrice Lardreau. Au centre de leurs échanges il y a l'essentiel, l'essentiel pour Claudel c'est la montagne, une présence de pierres, inerte pour un homme de science, vivante, envoûtante même pour l'alpiniste.

Mais que faire là-haut, comme perché au-dessus des hommes, contaminé par un virus, une passion, une addiction, ou poussé par l'appel insensé comme celui qui ronge la vie de la chèvre de Monsieur Seguin. Il faut avoir franchi les paliers de la démesure, pour commencer à percevoir les étoiles de midi, l'âme grisée par l'ivresse des cimes.


Philippe Claudel n'a jamais rencontré René Demaison, comme tous les grimpeurs il a abandonné la PA (Pierre Allain), pour la mythique RD, capable de faire tenir un grimpeur sur un gratton de 3 mm, comme sur le fil d'un rasoir.

Je déguste ces pages, comme si elle racontait ma propre histoire, tous ces noms, Rébuffat, Bonatti, Frison-Roche, je les ai caressés plus tard dans les livres, et notamment celui de Lionel terray « Les Vainqueurs de l'Inutile », dans lequel je plonge encore avec saveur.

Mon itinéraire d'escalade allait s'achever à 18 ans, au sommet des Ecrins, avec notre prof de français Pierre Gillet, après une belle diagonale derrière l'immense Paul Keller. Nous étions 10 bacheliers, autour de Pierre, dont Bertrand futur guide, qui réussira en solo la Croix de Fer ( https://www.dailymotion.com/video/x6uioc ).

Dans le récit de Philippe Claudel, j'ai toutefois un regret, il manque un regard, pour évoquer Gary Hemming, si proche de Demaison, et le héros de l'Annapurna Louis Lachenal, ou Armand Charlet le beau-père de Pierre Gillet, grand pionnier de l'alpinisme chamoniard.


Le dépassement de soi, selon Philippe Claudel, à travers le parcours initiatique que constitue la conquête d'un sommet vertigineux, est la grande vertu d'humilité, que nous enseigne la montagne. « Trouver la voie que ce soit sur une paroi ou dans un roman, procède d'une seule éthique, faire de la vie, l' essentiel ce que Bachelard appelle page 12 cette fameuse contemplation monarchique du monde.

Le conte d'Alphonse Daudet, en dit peut-être plus que tout autre parole, vivre la liberté, et accomplir ses rêves est plus important que tout autre chose, la mort inévitable de doit pas être un frein à notre liberté. "L'idéal de vie, c'est le monde vu d'en haut, au sommet, tout est grand, large, infini. Un infini enivrant que seule la mort est à même de borner", P117.

Les vainqueurs de l'inutile sont aussi les apôtres de l'indispensable, les vainqueurs du " Lieu Essentiel".

C'est un hymne à la vie que je salue avec bonheur, et un grand merci à masse critique de ce choix.
A lire aussi, pour prolonger cette féérie, de Jean-Claude Charlet de Fils en Aiguilles (éd A-O )
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