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sur 255 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"La littérature n'arrête pas les balles. Par contre, elle peut empêcher un doigt de se poser sur une gâchette. Peut-être. Il faut tenter le pari."

13 novembre 2015, Erwan Lahrer enfile ses santiags et s'apprête à assister au concert des Eagles of Death Metal. Quelques morceaux plus tard, il se retrouve au sol du Bataclan et se prend une balle de kalachnikov dans les fesses.

Le récit de ce 13 novembre, beaucoup l'on fait et Erwan Lahrer ne voulait pas l'écrire. Mais les mots s'imposent finalement et la question se pose : peut-on faire un objet littéraire à partir d'un tel événement ?

Mêlant les témoignages de proches et son histoire adressée à la deuxième personne du singulier, Erwan Larhrer nous livre un roman hors catégorie, un récit qui dépasse la question du réel et de la fiction.

Car ce qui est extrêmement fort, c'est que ce livre n'est pas l'histoire du Bataclan le 13 novembre 2015. C'est l'histoire d'un type sympathique qui aime le rock, d'un type qui se prend une balle dans les fesses, d'un type qui se reconstruit mais a peur de ne plus jamais bander, et surtout l'histoire d'un type immensément aimé. Et c'est aussi le portrait d'une société qui ne laisse pas à la place à chacun, de véritables héros du quotidien que sont les infirmiers et les pompiers, mal reconnus et en sous effectif.

J'ai été surprise et heureuse de retrouver sous la révolte cet optimisme un peu naïf, ce romantisme désuet qui m'avait tant plu dans L'abandon du mâle en milieu hostile.

"Longtemps j'essaierai de contraindre le réel à s'adapter à mes idéaux. le réel gagne toujours. Jusqu'à ce que l'on comprenne que l'idéal doit y être incorporé avec délicatesse, comme des oeufs en neige quand on prépare une mousse au chocolat."

Avec ce livre qu'il ne voulait pas écrire, Erwan Lahrer prouve une fois de plus qu'il fait partie des auteurs français contemporains à suivre ou découvrir.

Céline
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Amateur de rock depuis toujours, Erwan Larher avait décidé d'assister au concert des Eagles of Death Metal. Confortablement installé dans la salle, il avait commencé à savourer le moment, jusqu'aux premiers tirs. C'était le 13 novembre 2015, au Bataclan. Blessé, il a finalement réussi à s'en sortir. le livre qu'il ne voulait pas écrire est né de cette épreuve.
Erwan Larher était-il légitime à tirer un livre de ce drame intime ? En aucun cas a-t-il longtemps pensé. Une « mésaventure » personnelle qui n'aurait rien d'intéressant pour le grand public. Pourtant, les mots sont venus un jour, précédant même la décision d'écrire. Et c'est en sa qualité d'écrivain que l'auteur aux santiags s'est finalement décidé à publier ce livre qu'il ne voulait pas écrire, signant là un ouvrage puissant et utile.
Ce livre qu'il ne voulait pas écrire, j'ai souhaité le lire, vite, comme une évidence. La rencontre a comme je me l'imaginais, été au rendez-vous. Ce livre et son auteur font désormais parti de ceux qui comptent pour moi. En voici les raisons.
Pressé par des amis écrivains d'user de sa plume après l'attentat – Alice Zéniter et Manuel Candré en particulier –, Erwan tergiverse. « Tu n'es ni sociologue, ni philosophe, ni penseur ; victime ne te confère aucune légitimité à donner ton avis branlant et ajouré à la télévision ou dans un hebdomadaire. Toutes les paroles ne se valent pas. »
Le véritable sujet n'est pas, me semble-t-il, la légitimité, celle-ci ne faisant bien évidemment aucun doute à mes yeux, mais plutôt celui de l'utilité. À quoi bon témoigner, aux côtés de tous ceux qui le font ? Pourquoi répondre positivement aux sollicitations des médias qui, même les plus sérieux d'entre eux, s'accrochent à chaud à la moindre information sans aucun recul, parfois indécents voire obscènes ?
Alors, Erwan a pris son temps, un recul nécessaire, une distanciation indispensable pour évoquer cette tragédie, non en guise de thérapie comme beaucoup d'autres, sans haine rétrospective non plus, mais avec le désir de partager, de livrer à ses lecteurs des éléments nécessaires à la compréhension d'une situation extrêmement complexe. En somme, et avec pertinence, il a réussi à mettre son talent d'écrivain à profit. L'écriture a, en effet, cette vertu de permettre de dépasser largement l'intérêt individuel pour servir le collectif. Utiliser son talent pour rendre compte d'une situation tout en invitant le lecteur à réfléchir. « La littérature n'arrête pas les balles. Par contre, elle peut empêcher un doigt de se poser sur une gâchette. Peut-être, il faut tenter le pari ».
Une fois la légitimité du projet acquise et son utilité certaine, une fois les mots jaillis, comment les ordonner ? Vrai challenge auquel l'auteur s'est trouvé confronté ! Et qu'il a relevé avec brio ! Ce livre qu'il ne voulait pas écrire n'est au final ni un roman, ni un récit, ni une biographie, mais bien l'objet littéraire poursuivi, à la frontière des autres styles, très original. Erwan Larher a utilisé plusieurs astuces pour ce faire, à commencer par l'emploi de la deuxième personne du singulier, le « je » autofictionnel ne lui convenant pas. Il a aussi inventé les personnages des assaillants, s'adressant à eux en choisissant des noms fictifs, pour essayer d'approcher au plus près leur psychologie. Autant de moyens permettant d'impliquer le lecteur dans ses propos, le conduisant à entrer dans le livre sans rester à côté. Dernière originalité, et pas des moindres, l'insertion des « Vu de l'extérieur ». Erwan a sollicité un certain nombre de personnes, plus ou moins proches de lui, leur demandant d'exprimer la manière dont elles avaient vécu la soirée du 13 novembre, avant de savoir qu'il était encore en vie. Ces témoignages viennent ponctuer le récit, lui imprimant un rythme particulier, un certain relief aussi et une richesse indéniable. Certains m'ont davantage touchée que d'autres. Je pense notamment au « Vu de l'extérieur V » qui dès les premiers mots, m'a saisie et extrêmement émue : « ça creuse une proximité, de penser si fort à quelqu'un, de lui parler à distance, de prier sans foi, de croire comme une môme à s'en fendre les paupières... ». Extrait rédigé par une auteur sans aucun doute mais qui ? La pudeur des mots choisis par Erwan Larher transparaît aussi ici puisque les auteurs de ces vues de l'extérieur ne sont pas identifiés au coup par coup mais cités au début de l'ouvrage.
Autant d'éléments qui autorisent l'auteur à se tenir parfois à distance du récit, évitant, de fait , tout pathos. Pour autant, ne pensez surtout pas, en ouvrant ce livre, avoir affaire à une prose simplement originale. Préparez-vous à être secoué, gravement ! Certains passages se lisent en apnée. La scène de l'attaque est ... époustouflante, rendant parfaitement compte de l'état de guerre dans lequel se sont retrouvées toutes les victimes. Un style saccadé, au rythme des rafales, des mots répétés, scandés, des HURLEMENTS quasi audibles, et une mise en page venant alors habilement mettre en valeur les mots choisis.
Si Erwan Larher est parvenu à user de sa qualité d'écrivain pour partager sa douloureuse expérience, son humanité et sa sensibilité affleurent à chaque page du livre. Lui qui reconnaît avoir vécu cet événement comme une victime parmi les autres, regrettant parfois de n'avoir su se montrer davantage héroïque, délivre l'un des messages les plus forts que puisse receler un livre : celui du bonheur d'être vivant, porté par l'amour des siens : « j'ai découvert tout cet amour. Il a fait dévier la trajectoire de la balle, n'essayez pas de me prouver le contraire ». Allant à l'encontre des idées reçues qui voudraient qu'au moment critique, l'on voit sa vie défiler, on pense à ses proches… l'auteur confesse n'avoir ressenti que de la douleur, immensément, et la volonté que ça aille vite et que ça ne fasse pas trop mal, obsédé alors de faire le mort. Un fatalisme et une résignation véritablement surprenants. Et qui nous interrogent aussi : qu'aurais-je fait dans cette situation ?
Cher Erwan, sachez qu'avec ce livre que vous ne vouliez pas écrire, vous êtes vraiment à des années lumière de la super Lavette dont vous vous affublez à tort. Parce que partager, aussi douloureux que cela a dû être, c'est faire avancer la réflexion, en tenant à distance l'horreur vécue. Vous nous avez offert les mots indispensables pour nous permettre d'y voir un peu plus clair et nous rappeler combien le bonheur est fragile et ne tient souvent qu'à un fil.
Ce livre représente pour une moi une rencontre avec une magnifique plume qu'il me tarde déjà de lire à nouveau, en commençant par Marguerite et... ses fesses, des retrouvailles avec des auteurs, d'autres que je souhaite maintenant découvrir, une co-jurée du grand prix des Lectrices Elle et même une personne avec laquelle j'ai travaillé un temps et que je suis persuadée d'avoir identifiée dans les « Vu de l'extérieur » !
Je terminerai en citant à nouveau un extrait de ce livre, tellement juste et fort. L'auteur évoque les visites à l'hôpital de ses proches durant ses dures semaines d'hospitalisation : « Comme c'est bon, putain ! Pourquoi pas tous les jours ? Pourquoi pas à chaque instant de nos vies ? Pourquoi attendre les drames ? Voilà quelques années que tu as décidé de dire que tu les aimes à ceux que tu aimes, de dire quand c'est bien, quand c'est beau, quand c'est touchant. D'exprimer tes sentiments. D'essayer d'être gentil et bienveillant contre le cynisme ambiant et ton fond fier et égoïste. Ca change tout. L'amour autour, en donner, en recevoir, ca change tout. Tant pis pour les pisse-froid ».

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Août 2017, le livre est entre mes mains, enfin. Une fois commencé, je n'ai pas pu le lâcher. La lecture a pourtant été âpre, en apnée et je suis ressortie complètement groggy. C'est un récit sensible, touchant, qui donne mal au bide quand il décrit l'attaque, qui surprend aussi quand il tente de se mettre à la place des terroristes. La narration volontairement au « tu » permet une mise à distance entre lui et le récit. Peut-être parce que c'est plus facile à écrire qu'avec le « je ». Peut-être parce que ce récit pourrait aussi être fait par une autre victime, un autre rescapé du Bataclan. Peut-être aussi pour m'inclure en tant que lectrice, en tant que citoyenne ayant vécu à ma façon le Bataclan. Car, si Erwan Larher a voulu « écrire autour » du Bataclan, s'il a voulu en faire un « objet littéraire », c'est aussi parce qu'il a pris conscience qu'au-delà de son drame personnel – que nul ne peut se représenter – il y a toute une dimension collective de cette nuit-là. Je me souviens très bien de cette soirée, hypnotisée par BFM TV. Je me souviens d'avoir envoyé des SMS à mes proches pour m'assurer qu'ils allaient bien. Je me souviens aussi d'avoir été prise de tremblements terribles. Mes dents claquaient et je me suis blottie dans une couverture polaire alors que c'était une belle soirée douce où on pouvait presque sortir sans veste. J'ai ressenti de la peur, pourtant à l'abri chez moi, et cette peur me donnait froid.

Pour autant, le « je » absent en tant que pronom ne l'est pas en tant qu'individu. Erwan n'occulte rien de son vécu lors de cette tragédie : les HURLEMENTS, l'odeur du sang et de la poudre, cette personne qui lui tenait le mollet pendant qu'il « faisait le mort ». Après être sorti de la salle, à l'hôpital, nous découvrons toutes ses peurs, ses attentes, sa culpabilité de n'avoir pas su penser à ses proches pendant l'attaque, ses larmes, ses douleurs.

Si je devais résumer ce récit par un premier mot, ce serait le mot VIE. La vie plus forte que tout, celle à laquelle il se raccroche en se déconnectant pendant l'attaque : « Je suis Sigolène, je suis un caillou ». La vie sauvée grâce à ceux qui consacrent justement leurs vies à sauver des vies : les secouristes, le personnel médical et paramédical. La vie qui fait qu'Erwan finit par avoir plus peur de ne plus bander que de faire des cauchemars. Sa peur de ne pas pouvoir rebander est évoquée plusieurs fois et cela m'a fait sourire parce que c'est une preuve qu'il est tourné à ce moment-là vers son avenir et plus sur ce qu'il a vécu. Et puis... si la vie avait volontairement mis cette épreuve sur son chemin pour en donner un nouveau sens ? Diabolique Lachésis qui a joué la vie d'Erwan sur un fil mais lui a permis de rebondir avec un optimisme ravageur !

Si je devais aussi résumer ce récit par un second mot, ce serait le mot AMOUR. Ce mot clôture d'ailleurs le livre grâce au récit de Loulou Robert, « l'amoureuse ». L'amour transpire par tous les pores de l'ouvrage à travers le récit d'Erwan mais aussi celui de ses proches dans ces témoignages « Vu du dehors ». Que ce soit des membres de sa famille ou ses amis, chacun raconte son vécu de cette nuit du 13 novembre et l'attente de ses nouvelles. Erwan a une chance folle d'être entouré de gens qui l'aiment profondément et qui lui ont aussi sûrement donné la force de se rétablir physiquement et moralement. Cette bulle d'amour distillée dans le livre permet de rendre la lecture moins rude et surtout montre que l'horreur, même la plus absolue, ne pourra jamais enlever cet essentiel.
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Voilà un livre que je ne voulais pas lire....
La première fois que j'en ai entendu parler, c'était à travers un article de Baptiste Ligier cet été sur Facebook. J'avais laissé un commentaire comme quoi je n'avais pas envie de lire ce livre. Puis plusieurs personnes ont réussi à me convaincre. Certaines personnes savent pourquoi je ne voulais pas le lire et je ne m'étendrais pas trop sur le sujet.

Ce livre parle de ce qu'a vécu Erwan lors du 13 Novembre 2015 au Bataclan. Il faisait partie des victimes de ce triste soir qui a endeuillé la France entière.
Longtemps il n'a pas voulu en parler car il ne voyait pas pourquoi il le ferait. Il ne voyait pas la légitimité qu'il pouvait avoir même si il était, parmi les victimes, le seul écrivain. Mais à force d'en parler, le processus d'écriture s'est mis en route.

Ce livre est son témoignage sur ce qu'il a vécu et sur ce qu'il ressent par rapport à cet événement.

Mais il y a aussi d'autres choses dans ce livre.
A un moment, il se met à la place des terroristes.
C'est un passage qui est assez difficile à lire et qui l'a été à écrire je pense. Mais il réussi à faire quelque chose d'incroyable. J'ai eu l'impression qu'il cherchait à entrer dans leur tête pour les comprendre sans les excuser à un seul moment mais aussi pour leur dire le fond de sa pensée. Ces passages, en plus d'être bien écrit, sont très bien documentés. Il s'adresse même à eux comme pour essayer de faire réagir. Un passage est très intéressant, c'est celui quand un des terroristes dit qu'il faut dire à Hollande que c'est de sa faute (l'attentat) et que c'est pour venger leurs "frères" morts en Syrie. Erwan analyse cette phrase et montrent à quel point se venger sur eux (civils en France) est vain.

Dans ce livre, il laisse aussi la place à ses proches. Il a laissé la parole à certains d'entre eux pour qu'ils racontent comment ils ont vécu cette soirée et parfois les jours qui ont suivi. Ces chapitres permettent de prendre du recul et de voir l'impact de cet événement et de ce qui est arrivé à Erwan sur ses proches. L'écriture de ces chapitres est sincère et très touchante.

Erwan nous raconte aussi ce qu'il a vécu juste avant cette soirée et ce qu'il s'est passé les jours et les mois suivants. Il partage à peu près tout avec nous y compris ses réflexions. Il parle de lui, pendant un bon moment, à la deuxième personne. Cela lui permet je pense de prendre du recul. Il fait ceci aussi pour nous parler de son passé mais aussi de ce qu'il a vécu au moment des faits et après.
Une des inquiétudes d'Erwan m'a fait sourire pas parce que c'est drôle mais parce qu'au milieu de tout ça, ça montre l'importance de la moindre petite chose. Elle peut paraître étrange au début mais en faite on comprend que pour lui c'est vital. Je n'en dirais volontairement pas plus.

Au début, j'ai eu du mal à lire ce livre comme je m'y attendais. Il m'a fallut plus de temps que d'habitude pour le lire que pour d'autres livres. Certains passages, surtout au début, sont assez difficiles à lire. Mais à aucun moment on ne tombe dans le côté larmoyant. Il n'y a aucun voyeurisme dans ce livre, uniquement de la sincérité.
Ce livre est très fort et admirablement bien écrit. Je ne connaissais pas la plume d'Erwan ni Erwan lui même. J'ai eu l'impression de le connaître un peu avec ce livre.
On est parfois surpris par certains passages face à ce qu'il s'est passé mais cela nous montre que la vie continue et qu'il faut continuer à vivre malgré les événements difficiles.

Ce livre est devenu au fur et à mesure de la lecture un coup de coeur.
Vous ne pouvez pas passer à côté d'un tel témoignage.

Ce livre a, selon moi, valeur de document historique pour comprendre l'impact de cette horrible soirée.
Lien : https://leslecturesdamandine..
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Tu refermes le livre, tu es sous le choc. Non bien sûr, tu ne l'es pas, rien à voir, toi, tu es… tu es… tu ne sais pas très bien : émue, reconnaissante, contente… amoureuse ? (non, ne vous méprenez pas, lisez la suite).

Ce livre, tu n'étais pas sûre de vouloir le lire. Des a-priori, de la frustration : écrire sur le Bataclan déjà. Une part de toi n'aimait pas ça. Celle qui n'aime pas trop qu'on se fasse de l'argent sur le vrai, sur la souffrance. Une autre avait peur de voir la souffrance niée au nom de l'amour et de l'humour, que tu avais cru détecter chez l'auteur. Et puis, si tu es honnête, tu sais que c'est aussi parce que tu as été piquée, atteinte dans une de tes vieilles blessures : le rejet. C'est la promotion anticipée du livre qui t'a déplu, promo dont tu étais exclue (ah l'ego)… Mais tu l'as lu et heureusement. Vous avez été gentiment remis à votre place, toi et tes a-priori !

D'ailleurs, tu n'es pas la seule à avoir des a-priori, l'auteur aussi ! Tu n'es pas la seule à être imparfaite, l'auteur aussi. Ses amis aussi. Et tant mieux. Ils sont tellement beaux et humains dans leurs imperfections. Tu ne sais peut-être pas grand-chose mais tu as des croyances : tu penses, tu es persuadée que c'est l'authenticité et la vulnérabilité qui nous rapprochent, nous relient, nous apportent donc le plus. Et cet « objet littéraire », il suinte de toute part la vulnérabilité. Alors, forcément, tu as aimé. Tu as senti, ressenti, vécu la peur, la douleur, l'angoisse, la culpabilité… l'amour surtout.

Tu n'es pas totalement idiote, tu sais que ce n'est rien à côté de la réalité. Que jamais ton corps, tes tripes, ton coeur n'ont vécu pareille souffrance… En même temps, le talent de l'auteur (et de ses amis) t'a laissé y toucher, un peu. Il t'a permis de ressentir de l'intérieur certains sentiments, émotions, sensations que tu pressentaient (pas tous), un peu… mais ce peu, il te semble énorme. Et pour ça, tu éprouves beaucoup de gratitude et allons-y, de l'amour. de l'amour pour l'humain et tu y reviens, toute sa vulnérabilité, toutes ses imperfections… même et surtout celles que tu peinais à comprendre.

Tu t'es surprise à admirer le travail littéraire, tu t'es dit « quel boulot, quel talent » : la construction du récit (qui ne l'est pas vraiment) et des chapitres, les réflexions sur l'écriture, l'utilisation du « tu », la qualité de la langue… Et ces « Vu du dehors » si « bien écrits » (tu n'aimes pas cette expression et en même temps, tu ne sais comment le formuler autrement), si beaux, si touchants, si « à-propos » ! Tu as noté des noms, des auteurs à lire ailleurs dans leur propre livre (pour peu que tu ais réussi à deviner qui avait écrit quoi).

Tu admires donc ! Tu le mettrais bien au côté d'une autre lecture récente (Ken Kesey) dans ta case chef-d'oeuvre. Chef-d'oeuvre parce qu'il y a « quelque chose de « total » dans ce roman : l'humain, l'écriture et la vie dans toute leur (non-)splendeur… le bon, le mauvais, le beau, le laid, la folie, la vie, la mort, la haine, l'amour,… Il y a aussi ce style, ces changements de points de vue qui créent un rythme, des émotions. » Voilà, tu peux presque reprendre mots pour mots ce que tu disais du Kesey. D'ailleurs, c'est à peu près le même « WOAW » qui t'a accompagné pendant et après la lecture et c'est avec lui que tu concluras cette chronique : WOAW !

PS : tu te rends compte que tu pourrais en dire encore bien des choses à propos ce livre. Son humour, par exemple. Mais non, tu te tais préférant laisser chacun y trouver ce qu'il souhaite.
Lien : https://etsisite.wordpress.c..
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Coup de coeur!

Erwan Larher est écrivain et se trouvait, le 13 novembre 2015, au Bataclan afin d'assister au concert de Eagles of Death Metal. Il en sortira vivant mais blessé; une balle dans les fesses. Ces amis et son entourage ne cesseront de lui répéter "tu es écrivain, tu dois écrire ce qui s'est passé cette nuit de novembre dans cette salle de concert". Mais il en faudra du temps avant qu'Erwan Larher écrive ce bouquin, et non pas pour raconter ce qui s'est passé dans la salle mais autour de cet attentat.

Le récit est écrit à deux voix: des chapitres à la première personne et les chapitres "vu de dehors" écrits à la deuxième personne dans lesquels l'écrivain fait "parler" son entourage. On se laisse vraiment séduire par cette construction mais, également, par cette superbe plume riche en vocabulaire, références et truffée d'humour.

L'on ressent l'angoisse de son entourage (Erwan est parti, ce soir-là, sans son téléphone et tous sont dans l'attente de l'apprendre vivant, blessé ou mort), l'amour et l'amitié que celui-ci lui témoigne après ce mois de novembre mais l'on perçoit aussi l'homme - le rescapé, terme détesté - qui subit les séquelles physiques de cet attentat, sa lente amélioration progressive de son état, sa peur de ne jamais récupérer complètement.

Ce livre est magnifiquement intelligent et je suis ravie qu'Erwan Larher soit parvenu à dépasser son intention initiale de ne pas l'écrire... même si, intrinsèquement, c'est "le livre que je ne voulais pas lire", le livre qui n'existerait pas si la barbarie humaine n'existait pas, si l'on s'entraimait mieux à travers le monde.

Après cette lecture, je vais, d'une part, m'empresser de glisser un autre roman (celui-ci est son sixième) dans ma montagne à lire et, d'autre part, penser à donner une nouvelle jeunesse à mes santiags!

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Lorsque j'ai fermé ce livre, j'ai du prendre quelques instants pour souffler un bon coup.
Il y a des livres qui vous retournent de la première à la dernière page.

Erwan Larher était au Bataclan le soir du 13 novembre 2015, blessé par balle, il sait qu'il doit faire le mort pour peut être survivre, Erwan pense "Je suis un caillou". Erwan était au Bataclan, Erwan est vivant.
Il y a des sujets qui sont difficiles à aborder, celui-ci en fait partie.

Erwan ne voulait pas écrire ce livre. Et pourtant, poussé par son entourage, il met en route le "projet B", parce qu'il faudra bien que ça sorte quand même.

Le récit d'une nuit en enfer "au mauvais endroit, au mauvais moment" dira-t-il.

Sans passer pour une victime, il nous relate son ressenti; l'attente, la peur, cette main accrochée à son mollet. Il salue la force et le courage de ces hommes et ces femmes qui les ont sauvés, aidés, soignés. "Vous êtes trop joyeux" lui dira la psy de l'hôpital. Oui Erwan est heureux d'être là, en vie, entouré des siens.

Il nous offre un "objet littéraire", il écrit autour de l'événement, ceci n'est pas un témoignage, ni un roman, ce sont les faits vu par Erwan, mais aussi par ses proches qui vont nous raconter comment ils ont vécu cette nuit là.

Un récit très fort en mots, en émotions, en vie... Prenant, émouvant, bouleversant, instructif. (ce que j'aurais retenu par dessous ce sont ces mots "le caca gagné toujours" dit par son gastro enterologue)
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Erwan Larher le seul écrivain présent au Bataclan le 13 novembre 2015 parmi les mille cinq cents spectateurs du concert de Eagles of Death Metal, dont une centaine ont été assassinés par des terroristes. Dès lors, il a écrit l'innommable. Un témoignage choc de la barbarie vécu en direct et aux premières loges. Un objet littéraire plus qu'un roman ou un récit. Mais à relire maintenant que se déroulent à Paris le procès des djihadistes qui ont mis la capitale à feu et à sang, semant la mort et la terreur sur leur passage.
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Le livre dont tu entends parler de loin en loin
Le livre qui t'interpelle mais que tu laisses sur la pile
Le livre que tu trouves joli mais que tu n'oses pas regarder
Et puis un salon, sur une île
Et un grand escogriffe, une grande gueule, rieur, les yeux planqués derrière des boucles brunes

« Tu sais que c'est pas parce que tu achètes le mien que je vais acheter le tien ? »

Je m'en fous en fait. J'ai juste la trouille.

« Un pas en avant. Deux en arrière. »

Je me mords les lèvres. Je te raconte rien. Tu devines. Tu apposes ton stylo et je n'ai pas envie de lire ce que tu écris tant je trouve que ton écriture est... je ne sais pas. Belle ? Poétique ?

J'emporte ton livre. Je suis soulagée mais pas moins anxieuse. Je l'ouvre pour la première fois au bord de la piscine. Plus facile ?
J'ai l'impression d'être sur un pont dans le Vercors et qu'on va me pousser dans le vide en me jurant qu'on a bien serré l'élastique. Je tourne les pages. Je n'ai pas sauté. On ne m'a pas poussée. Je regarde le paysage. Mes montagnes. Et c'est beau. Juste beau.
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Dans « le livre que je ne voulais pas écrire », Erwan Larher nous prouve qu'il est possible de parler d'événements dramatiques sans faire appel à un pathos. Ceci n'est pas vraiment un témoignage de ce qu'il s'est passé et de ce qu'il a vécu le soir du 13 novembre 2015, au Bataclan, mais surtout de tout ce que cela a pu engendrer autour lui. On est touchés à différents degrés par cet événement mais, on rit, par moments, au cours de cette lecture rythmée et abordable.
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