Citations sur La femme au carnet rouge (119)
Une citation de Sacha Guitry lui était revenue à l'esprit : "Regarder quelqu'un dormir, c'est lire une lettre qui ne vous est pas adressée".
« Laurent s’était dit que tout cela n’allait pas pouvoir durer, qu’il avait depuis longtemps franchi la ligne jaune. En passant du bel acte citoyen énoncé par le policier au feu de cheminée chez Laure, il s’était rendu coupable de violation de domicile. Son enquête de débutant s’était déroulée à la manière d’un rêve et lorsque tout s’arrêterait – ce qui n’allait pas manquer d’arriver – il se demanderait si ces quelques jours avaient vraiment eu lieu. Pour l’heure, il se sentait rassuré dans ce décor étranger aux lumières douces et n’avait aucune envie de retourner chez lui. Il lui semblait ne pas avoir éprouvé un tel sentiment de quiétude depuis plusieurs années, le temps se dilatait au rythme des craquements du feu de cheminée. Quelques instants avant de sombrer dans le sommeil, il s’était persuadé qu’il pourrait passer le reste de ses jours dans ce canapé, un chat noir endormi sur les genoux, à attendre le réveil et le retour d’une femme inconnue ».
S'il y'avait bien une chose qui définissait la parenthèse adolescente, c'était les fous rires. On ne rit plus jamais ainsi, après. La conscience brutale que le monde et la vie sont complètement absurdes déclenche ces hoquets de rire à en perdre la respiration, quand la même idée, vingt ans plus tard, n’entraînera qu'un soupir résigné.
Combien de choses se sent-on obligé de faire par principe, par convenance, par éducation, qui nous pèsent et ne changent rien au cours des événements ?
S’il y avait bien une chose qui définissait la parenthèse adolescente, c’était les fous rires. On ne rit plus jamais ainsi, après. La conscience brutale que le monde et la vie sont complètement absurdes déclenche ces hoquets de rire à en perdre la respiration, quand la même idée, vingt ans plus tard, n’entraînera qu’un soupir résigné.
Laurent s'arrêta, l'inconnue était donc une lectrice de Modiano et il lui sembla que le romancier affectionnant le mystère, la mémoire et les quêtes d'identités lui faisait signe.
Laurent se trouvait dans un des purgatoires de la vie, ces lieux où l'on espère ne jamais avoir à pénétrer:urgences médicales, locaux de douanes d'aéroport, centre de rééducation... devant les façades desquels on passe avec la pensée que l'on est mieux à sa place, dehors, et cela même par temps de pluie.
Xavier aussi était là, dans le jardin, elle était sûre d'entendre sa voix au loin, près de l'arbre. Il parlait avec son père.
Sa mère était dans la cuisine et Sarbacane devait maintenant tourner autour de ses jambes pour obtenir un peu d'araignée.
Tout était si réel durant cet après-midi d'été, pourtant la maison avait été vendu depuis longtemps et tout le monde était mort.
[...] l'exquis vertige qui accompagne les quelques centimètres que l'on doit faire vers le visage de l'autre lors du premier baiser.
A quoi ressemblait cette Laure qui aimait déjeuner dans un jardin, avait peur des fourmis rouges, rêvait qu'elle faisait l'amour avec son animal de compagnie qui s'était transformé en homme, portait un rouge à lèvres corail et se faisait dédicacer un livre par Patrick Modiano? Laurent se trouvait devant une femme-puzzle. Une silhouette floue, comme derrière une vitre pleine de buée, un visage semblable à ceux que l'on croise dans les rêves et dont les traits se brouillent dès que l'on tente de se les remémorer.