Ma première pensée en l'ouvrant a été de me dire : «Zut, je ne vais pas aimer».
Ma dernière pensée en le clôturant : «J'ai bien fait d'insister tout de même».
Mais point d'entourloupes entre nous :
Christina Lauren et moi avons manqué le coup de foudre. Je n'ai pas craqué pour leur plume et si finalement je me suis prise au jeu, c'est parce que cette histoire a le mérite de se lire vite. On ne s'ennuie pas, le rythme est bon, c'est son atout le plus probant.
Parmi ses faiblesses, je citerai Calvin, notre protagoniste masculin, un peu trop effacé par rapport à notre héroïne Holland qui m'a à la fois touchée et irritée. Touchée parce qu'elle incarne le mal-être de notre époque, celle des jeunes qui veulent trouver leur place, de se sentir comme le personnage secondaire de sa propre existence, de son syndrome culpabilisant d'assistée qui doit dépendre de ses proches pour cacher l'inutilité de son existence et jongler entre rêve et pragmatisme qui vont rarement de pair. Irritée par ses moments tantôt lâche tantôt incapable de se voir pour sa juste valeur et qui accuse les autres de mentir si cela ne correspond pas à l'image négative qu'elle se fait d'elle-même.
En d'autres termes, mon sosie. Ouch.
A quelques détails près. Ouf !
Cela a au moins le mérite de me donner une bonne gifle et de me sermonner pour ne pas ressembler à ce personnage qui, à raison, ferait fuir tout individu correctement constitué ! Hum. Je m'écarte.
L'humour promis m'a fait défaut. du rêve ? A plusieurs reprises… hélas souvent entrecoupé par des crêpages de chignons tristement puérils à mon goût où Calvin réagissait un peu trop de manière à convenir au point de vue féminin. Cela occultait tout besoin légitime qu'il aurait été en droit de réclamer. Il perdait alors en crédibilité car, homme comme femme, nous ressentons des besoins, des exigences, des désirs, des moments de relâchement, de blues ou de doute… Ce qui arrivait beaucoup à Holland quand cela s'avérait quasi absent chez Calvin.
Il s'excusait et se donnait beaucoup plus de peine pour prouver son amour quand elle s'estimait être en droit de patienter en tapant du pied (fruit d'un mélange désherbant de lâcheté, d'égoïsme et de manque d'estime/confiance en elle).
Cela ne m'aurait pas tant dérangée si je n'avais pas eu la maigre certitude que le conflit «Rassure-moi encore et pour toujours» de Holland dans sa vie de couple à la fin du récit était une véritable page qui se tournait, et non pas un moment de répit. La confiance qu'elle acquiert au final est fragile, elle dépend encore du regard et de l'approbation de la société dans laquelle elle souhaite briller. Tant que nous portons notre propre estime à la façon dont notre entourage nous regarde, cela ne signifie-t-il pas que notre estime tient à leur bon vouloir ?
Bref, le point de vue de narration est très rivée sur l'héroïne et le garçon «idéal» qui s'efface pour se plier aux attentes de sa partenaire en dépit des siens.
Peut-être parce que les autrices touchaient parfois ma corde sensible, ma lecture n'a pas été sans morosité et un certain soulagement à sa conclusion.
Tout n'est pas à jeter. Seulement, ce n'est pas le romantisme qui me fait rêver.