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Rumeur" est une histoire de rivalités. La raison est encore floue.
De certains de supposer que la faiblesse était un motif suffisant à déclarer la guerre. On le voit bien dans les cours de récré, dirions-nous.
Nous ne serons pas dans la cour des écoles ici, l'auteur
Thomas Lavachery nous emmène dans un lieu plus exotique, dans la tribu indienne des Zapiro.
Qui peut dire vraiment de quoi les rivalité sont faites?
Jalousie, manque de confiance en soi, amour nié parfois...
Tarir, 12 ans, se voit un jour conspuer par d'autres jeunes de sa tribu.
Les rapports des jeunes semblent fonder sur des rituels virils, ce qui peut expliquer les combats de "coqs".
Il ne fallait pas plus, à priori, pour Churu, 11 ans, forte tête, pour semer la
rumeur autour de Tarir.
C'est un pleutre, un mangeur de Capincho, un animal craintif qui mange ses excréments, une bête indigne à la consommation de "guerrier" et surtout de ce fait...tabou.
Nous aurions coeur à vouloir découvrir d'où part le feu de la haine chez Churu, bien évidement.
Malgré le format très mince du roman, il fera parti de la collection Médium, il sera adressé aux plus grands lecteurs.
Les émotions y sont fortes.
Tarir fera un un bond jusqu'à ses 15 ans. Bon chasseur, il sera marié.
Comme quoi, les
rumeurs....
Et pourtant, est ce nous ou les autres qui avons du mal à la faire taire, la
rumeur, à ne plus l'écouter?
Une fois homme, Tarir raconte, comment elle reviendra empoisonner les esprits de son clan, avec la même force car les valeurs, elles, n'ont pas changer au final.
Si demain et encore après demain, elle revenait répandre son venin, on le comprend bien avec le roman, si on ne lui tord pas le cou à chaque offense faite, si on ne lui déclare pas la guerre en prenant chacun à témoin, on perdrait son honneur d'homme et de guerrier.
Tarir aura bien du mal à faire admettre sa solution, il choisit son combat et décide d'ignorer.
Il connait la vérité et cela lui suffit.
Mais est-il vrai maître de son destin dans son clan Zapiro?
Devant la force des croyances, pas certain.
Nous nous délecterons d'une belle écriture, comme l'eau d'une cascade, tandis que l'auteur du classique "
Bjorn le Morphir" nous racontera l'exil dur et forcé de Tarir.
L'Amazonie de
Thomas Lavachery sera pour une partie inventée, nous dit-il en fin d'ouvrage.
Nous sommes transportés dans un paysage fait de beautés sauvages, de superstitions, mais aussi de silences reposants ou d'échos pesants.
Les aspects ambivalents d'une vie d'ermite, pensons-nous.
Un drôle de silence comme le retour à la sérénité ou le calme avant la tempête.
Tarir n'a pas fini d'en voir et d'en apprendre, son périple l'amènera jusqu'à la ville de l'homme blanc où il aura une autre réputation à défendre et pas forcément celle que l'on croit.
Il sera devenu le protégé et l'être aimé, respecté, cela change tout.
Un roman qui ne laisse pas indifférent.
Un destin étonnant.