Hélène, c'est la petite fille. Mais elle veut se faire appeler Joe, à défaut d'Oscar, son personnage de dessin animé préféré, car à cette époque, Oscar était le nom d'un nouveau balai révolutionnaire. Joe est une fille, mais veut désespérément être un garçon. Elle a huit ans. Mais elle dit qu'elle en a dix, ce qui lui permet d'être camelot.
Le vieux, c'est Roger. le nouveau voisin toujours assis dans sa chaise de parterre, une bière à main, peu importe l'heure, attendant patiemment la mort. Un peu idiot à l'apparence. Se disant plein de sagesse. Lui et Hélène deviendront vite amis. Une amitié hors du commun.
Évoluant autour des misères d'une mère un peu trop sévère avec qui il est impossible de répliquer ses phrases ponctuées d'un « C'é toute », d'un père enseignant alcoolique en dépression, et de ses deux soeurs, Hélène rêve d'être aussi courageuse que son héroïne afin de rendre la vie des gens qu'elle aime un peu plus facile. Enfant pleine de bonté, elle voudrait pouvoir donner tout l'or du monde à ses parents, voudrait bien que sa soeur plus vieille soit moins terre à terre et voudrait bien pouvoir faire confiance à l'humanité et cesser d'être déçue par la soi-disant sagesse du vieux. Bref, elle voudrait se libérer des soucis qui la suivirent, de son enfant à l'adolescence.
Avec des personnages hauts en couleurs et un langage propre à cette époque,
Marie-Renée Lavoie dépeint une société des années 80' dans un quartier un peu miteux de Limoilou. L'utilisation du joual dans les dialogues donne beaucoup de réalisme à ses personnages, notamment les voisins qui entourent Hélène dans son quotidien. de plus, il est très facile d'imaginer les personnages dans leur environnement, car Mme Lavoie maîtrise bien la narration descriptive et image bien le texte de leurs défauts et leurs petites manies.
Sans être un roman à la critique sociale, on peut y voir une ironie de certains aspects d'une époque en changement, avec ses coutumes et ses problèmes de société. C'est un roman qui parle du quotidien vu par l'oeil d'une enfant, d'une enfant qui n'est pas si innocente pour son âge, et qui n'a surtout pas la langue dans sa poche. On y retrouve les soucis et les joies que nous avons tous, d'une manière ou d'une autre, à un jeune âge.
Désillusionnée, Hélène prend conscience de cette société déchue. Rien n'est beau comme tout le monde le laisse entendre ou percevoir. Or, c'est le malheur des autres qui incitera la jeune Hélène à se battre pour meilleur.
Peu importe de quel milieu nous venons, quels parents nous avons eu, ce qui importe c'est ce que nous en faisons!