Le Patient

BD d'une très grande intensité toute en émotion et en beauté graphique. Un scénario menée à la baguette d'une magnifique justesse.

C'est une belle découverte! La lecture est assez exigeante pour suivre les méandres psychologiques des personnages... Je pense avoir besoin d'une seconde lecture pour essayer de percer les zones d'ombre qu'il me reste après avoir tourné la dernière page! Je m'y replongerai avec plaisir car le sujet observé est très intéressant.
On suit Pierre qui se réveille de six années de coma après un crime familial : il ne lui reste personne, il doit tout réapprendre, faire de la rééducation... Il bénéficie d'un suivi psychologique par la même professionnelle qui avait tenté une expertise de sa soeur aînée accusée des multiples meurtres six ans auparavant, avant qu'elle ne se suicide...

Un beau roman graphique, très bien dessiné, agréable à lire, prenant, mais qui m'a laissé un goût d'inachevé. Je rejoins la critique de @deidamie, bien que je ne le compare pas au roman précédent de Thimothé le Boucher, que je n'ai pas lu.
Tous les ingrédients sont là pour faire une histoire absolument glaçante et envoûtante : des crimes, l'amnésie, l'hypnose, la froideur des personnages, les pulsions (agressivité, séduction, perversité), des références à la mythologie, mais cela reste amorcé puis trop vite balayé. La bascule de l'histoire en milieu d'ouvrage arrive brutalement, elle manque de signes avant-coureurs. le dénouement arrive trop vite et trop facilement. Il y avait largement de quoi jouer davantage avec nos nerfs, donner plus d'épaisseur aux personnages, explorer plus de pistes, faire plus de liens, nous balader.
Il y a des scènes qui dégagent une ambiance certaine, comme dans le musée avec ces oeuvres qui feraient un très bon support de psychanalyse (« qu'est-ce que cela vous évoque ? »), ou au bord de la piscine, et dans les couloirs vides de l'hôpital la nuit.
On est passé à côté d'un chef-d'oeuvre du thriller. Vraiment dommage.

Une bien étrange histoire. Une famille entière est assassinée. Deux personnes survivent, Laura accusée du multiple meurtre, et Pierre qui se réveille après 6 ans de coma du à ses blessures. Anna Kieffer est psychologue spécialisée dans les troubles post-traumatiques et dans la psychocriminologie, elle avait pris en charge Laura, et demande désormais à suivre Pierre. Timothé le Boucher installe le récit dans le temps long, on apprend à connaître les personnes qui occupent avec Pierre le service de rééducation où il est hospitalisé, et le personnel médical qui y travaille. Petit à petit, la personnalité de Pierre se révèle, On le découvre manipulateur et dangereux.. de nombreuses pages sont exemptes de paroles, comme pour donner du poids au silence qui couvre les agissements de Pierre. le trait du dessin est sensible et les couleurs sont douces, bien que sombres sur certaines pages, des éléments graphiques qui agissent comme un contrepoids à la violence du récit, qui intrigue.

Captivant, une fois qu'on a ouvert la BD, on est emporté dans ce thriller où "on sait mais on n'est pas sûr" ! C'est ce sentiment qui a rythmé ma lecture. Pierre est le seul rescapé d'un fait macabre : le massacre de toute sa famille six ans plus tôt. A son réveil, le jeune ado est un homme dont la vie s'est arrêtée ce fameux jour, il est donc suivi par la sublime Dr Kieffer qui semble obsédée par ce cas et cette histoire. Au fur et à mesure où l'on déroule l'histoire, Pierre nous trouble, perturbe par sa manière d'être. Dr Kieffer, plus professionnelle, reste froide mais ne nous laisse pas indifférent car tout est soupçonneux dans la manière de conter de Timothé le Boucher. Qui est le plus manipulateur entre les deux personnages ? Qui a donc fait quoi ? Ce sont des questions qui restent bien ancrées jusqu'à la dernière page. Palpitant et je répète, captivant.

Plus qu'un polar ou un thriller, une enquête sur la relation ambigüe entre une thérapeute et son patient. Les pulsions morbides, la perversité apparaissent progressivement au fil des entretiens et des expériences avec les autres pensionnaires de la clinique. le dessin renvoie vaguement à Goetzinger ; les couleurs campent dans les tonalités sourdes. Près de trois cents pages captivent jusqu'au bout. Dommage que je me sois laissé prendre une fois encore par un récit sombre, éclairant sur les versants ténébreux de la psyché humaine. J'ai découvert un auteur dont je continue à goûter l'ingéniosité narrative en lisant (un jour sur deux) son précédent album.

Le patient
Voici une BD qui m'a rappelé que je n'aimais pas les livres "qui font peur".
Derrière ce graphisme que je trouve très sympa, se cache un thriller...
Une famille est assassinée dans un quartier résidentiel, à l'exception du fils aîné, blessé grièvement. Plongé dans le coma, il se réveille 6 ans plus tard et est accompagné par une psychiatre qui utilise l'hypnose pour gérer ses angoisses.
Peu à peu, le nom du meurtrier se dévoile. Ou pas...
Les images de cette BD m'ont impressionnée, l'ambiance m'a fait frissonner, et l'histoire m'a effrayée.
Bref, je n'aime vraiment pas les thrillers !

Le massacre des Corneilles. Une famille décimée chez elle. Un seul survivant, l'un des fils, qui se réveille de 6 ans de coma, sans pouvoir bouger. La psychologue chargée de son suivi décide de lui poser des questions sur la tuerie.
J'ai aimé les dessins, simples, assez épurés et pourtant expressifs. L'histoire tient la route, et offre même de sérieux rebondissement, même si la fin devient assez prévisible lorsque les masques tombent. L'un des atout de la bd est de prendre son temps et de nous offrir de belles planches vides de dialogue. Cela permet de belle respiration. Une BD que l'on peut mettre en parallèle du film "We need to talk about Kevin".

Qui manipule qui ? L'auteur manipule en tout cas très bien l'art de la bande dessinée, du dessin au scénario. J'avais été très marquée par sa précédente Ces jours qui disparaissent qui avait provoqué en moi de belles émotions. Alors quand j'ai su que Timothé se lançait dans le thriller psychologique, un de mes genres de prédilection, je ne pouvais que me précipiter dessus.

Le crime est poisseux : toute une famille massacrée par Laura, la fille aînée, un peu simplette. Un seul survivant : Pierre, son frère et le fameux patient, qui se réveille après six ans de coma. Comment se remettre d'un tel enfer ? Plus il se confie à sa thérapeute Anna, plus nous découvrons un contexte familial difficile : humiliations, violences, errances et ostracisme sont leur lot quotidien. La résolution des meurtres est-elle alors si évidente ?

Le style de l'auteur retranscrit parfaitement cette ambiance de malaise et ces personnages tordus. le malaise se ressent aussi dans cette relation plus qu'ambiguë entre la thérapeute et le patient qui a la maturité d'un adolescent. Il y a également de très magnifiques pages végétales et oniriques comme dans l'album précédent. Par contre, la fin est trop entendue et ouverte, comme si un tome deux allait venir se greffer. J'ai trouvé l'histoire bien moins originale et j'ai été un peu déçue car j'avais tellement aimé le précédent. Mais cela reste un album visuellement très réussi, et le scénario est aussi intéressant et assez tordu pour en perdre certains, donc je le conseille vraiment aux amateurs du genre !
Lien : https://ninaalu.wordpress.co..

Porté par l'enthousiasme, j'ai enchaîné la lecture des deux romans graphiques de le Boucher : on ne peut pas reprocher à cet auteur de faire dans la redite.
Les clins d'oeil lorgnent cette fois-ci sur Hitchcock et le "giallo" italien (un personnage de la BD visionne d'ailleurs la fameuse séquence de la filature au musée de "Vertigo")
Et c'est l'acte de foi de l'auteur qui brode astucieusement autour de cette référence dans un récit inquiétant et machiavélique à souhait, qui comporte de nombreux rebondissements qui surprennent et déroutent le lecteur.
Une BD astucieuse et intelligente qui contribue à asseoir le talent et la renommée de son auteur.