En attendant, reste la désertion. Longtemps, je me suis demandé si le régime de servitude aujourd'hui en passe d'induire tout lien social était vécu consciemment ou non. Difficile de décider. Mais l'important est plutôt de savoir qui s'y soumet ou non. Innombrables sont les chemins de traverse pour y échapper, quand on veut bien prendre le risque de ne pas se tenir du côté des vainqueurs. Mieux, de s'en tenir au plus loin.
L'apparat, la pompe, le faste ont toujours eu pour fonction de donner une apparence de grandeur à ce qui n'en a pas.
On ne sera pas surpris qu'il n'y ait que les fondations et les musées d'art contemporain pour exhiber pareille monotonie. Ainsi, d'une métropole à l'autre, sont exposés les mêmes artistes, tout comme d'un aéroport à l'autre, on retrouve les mêmes boutiques offrant les mêmes produits. Et le parallèle pourrait être poursuivi jusque dans l'absence de toute critique à l'égard de ce qui est proposé dans un lieu comme dans l'autre.
A cet égard, il se pourrait bien que l'absence de tout affect, dont l'art contemporain a fait un de ses signes distinctifs, aurait plus affaire avec les "eaux glacées du calcul égoïste" dont parle Marx qu'avec la force d'objectivité qu'on se plait à reconnaître à ses réalisations.
En fait, à l'instar des jeux vidéo qui y font de plus en plus fureur et dont le principe est d'anéantir au plus vite tout adversaire, ce monde est conçu pour éliminer tout ce qui pourrait s'opposer à lui. Le propos simpliste de ce qui est donné pour divertissement ne doit pas faire illusion. Il relève du même principe d'exclusion dont s'autorise le réalisme globaliste pour prévenir la moindre mise en cause.
Jusqu'à quand consentirons-nous à ne pas voir combien la violence de l'argent travaille à liquider notre nuit sensible, pour nous faire oublier l'essentiel, la quête éperdue de ce qui n'a pas de prix ?