Il est dans l'existence des moments où l'on se met à douter de la réalité des événements, des êtres, des choses. Des moments qui flottent dans l'incertitude, qui, funambules légers, courent sur le fil instable qu'est notre âme, menaçant tout à tour de s'abîmer dans les gouffres visqueux de la folie, du haut de leur petit vélo sans pneu lancé à vive allure alors que les yeux du cycliste sont bandés de noir (p. 111).
Cousin était le paradigme de l'ignominie policière. Capable, comme beaucoup, de prendre sans malaise la ligne 42-44 de la RATP qui mène directement du Vel' d'Hiv à la Préfecture de police. L'alpha et l'oméga de la lâcheté et de la traîtrise.
Vous avez entendu parler des mondes virtuels ? De leur puissance de suggestion ? Savez vous qu'on peut ne pas en revenir, et qu'avec l'aide de produits adéquats on gagne un temps précieux pour affaiblir un individu et obtenir tous les renseignements qu'on veut ? Terminé, le temps du sérum de vérité ! Terminé le temps des héros qui résistaient jusqu'à la mort aux interrogatoires de brutes stupides. On va leur ôter jusqu'au prestige du martyre. Plus de corvées de bois, ou de cadavres balancés en pleine nuit dans une décharge. On pourra les relâcher avec toutes leurs dents, les couilles en place ou la chatte fraiche.
Ils pourront toujours réclamer un certificat médical pour obtenir un arrêt de travail et porter plainte devant une cour des droits de l'homme : y aura rien à constater.
Bien nourris, bien propres. Ils seront devenus fous, ou tellement dépressifs qu'ils se foutront eux mêmes en l'air. Ils n'auront pas même été capables de se rappeler ce qu'ils ont dit ou fait. Plus de procès, ni devant la justice, ni devant l'histoire ! p312