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Citations sur Armorican Psycho (58)

L’homme avait été littéralement quadrillé, dans les deux sens. Non, dans tous les sens. On aurait presque pu jouer aux dames sur son corps, si seulement il y avait eu un peu plus de surface de peau entre les écorchures. Les blessures étaient innombrables. Aucune partie visible n’avait été épargnée. Mais ça ne s’arrêtait pas là. L’homme affichait un rictus effroyable, sa bouche grande ouverte ne laissait aucun doute quant à l’intensité de la douleur qu’il avait encaissée avant de quitter ce monde. Ses paupières, bien que fermées, semblaient avoir brûlé.
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La suite se passait de commentaire. Après avoir actionné le tiroir, le lieutenant Le Bris ouvrit la fermeture de la housse mortuaire, dont le noir absolu contrastait fortement avec la blancheur éblouissante de la pièce. L’homme allongé là n’avait plus grand-chose à voir avec le Claude Garrec que Yoran fréquentait encore quelques semaines plus tôt. Son buste et son visage étaient recouverts d’écorchures, au point de le rendre totalement méconnaissable. L’homme avait été littéralement quadrillé, dans les deux sens. Non, dans tous les sens. On aurait presque pu jouer aux dames sur son corps, si seulement il y avait eu un peu plus de surface de peau entre les écorchures. Les blessures étaient innombrables. Aucune partie visible n’avait été épargnée.
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— Je dois vous prévenir. C’est une formalité pour nous, mais vous pourriez ne pas apprécier.
Le policier devait bien connaître les lieux, car il savait exactement où il allait.
La température était considérablement plus basse dans cette partie de l’hôpital. Yoran s’était préparé tout l’après-midi à vivre un moment difficile, mais cela n’empêcha pas son cœur de redoubler de battements à l’approche de la pièce où étaient conservés les cadavres. Des oubliés, pour la plupart. Dans le cas présent, pas de famille. Ce qui signifiait que l’hôpital allait se charger des derniers soins à apporter à la dépouille de Claude.
Mais avant cela, il y avait cette épreuve. Car c’en était bien une.
Ils entrèrent dans une grande salle blanche qui ne dépareillait en rien de ce que Yoran avait pu voir dans les séries policières les plus sombres.
La puissance des néons le força à sortir ses lunettes de soleil et à protéger ses yeux. Il les ferma quelques instants, levant la tête vers le plafond, comme pour chercher un soutien qui ne viendrait pas. Seul l’écoulement de l’eau sur leurs vêtements venait troubler le silence des morts.
— C’est celui-là, affirma le policier au bout d’un moment.
Quand Yoran se retourna, le lieutenant Le Bris avait la main sur l’un des casiers, prêt à tirer sur la poignée métallique qui l’ouvrirait. Oui, définitivement, le policier était chez lui ici.
— Allez-y, se surprit-il à dire.
Gilbert Le Bris ne répondit pas. Il se contenta de tirer.
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Ils se dirigèrent tous deux vers l’entrée principale de l’hôpital, gigantesque cathédrale de béton indissociable du paysage brestois depuis son ouverture aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale. Le ciel noir déversait désormais une pluie torrentielle sur les deux hommes, qui pressèrent le pas. La cigarette du lieutenant ne survécut pas au trajet, aussi court fût-il. Il semblait d’ailleurs devoir en être de même de son parapluie.
Une fois à l’intérieur, le policier ne prit pas le temps de montrer sa carte aux personnes de l’accueil, qui firent tout juste attention à eux. Peut-être le lieutenant avait-il pris les devants avant l’arrivée de Yoran.
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À son arrivée à l’hôpital Morvan, en début de soirée, le lieutenant Le Bris l’attendait sur le parking, adossé à sa voiture, une cigarette plus ou moins allumée dans une main, un parapluie qui n’aspirait qu’à s’échapper à la première bourrasque venue dans l’autre.
— C’est votre première fois ? lança le policier, comme s’il demandait à Yoran s’il avait déjà fait du ski.
— Je vous suis, murmura-t-il aussi distinctement que possible à l’attention du lieutenant.
Yoran venait de remonter le centre-ville à pied depuis le port dans le sens opposé du vent. Il était trempé.
Ils s’étaient mis d’accord pour se retrouver là en début de soirée, ce qui permettait à Yoran de sortir une fois la nuit tombée, et aussi de se préparer mentalement.
».
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— Et il semblerait que M. Garrec n’était pas du genre à avoir beaucoup d’amis. On n’a rien sur d’éventuels proches, famille ou amis. On dirait qu’il n’y a que vous. C’est pourquoi, comme je vous le disais, je viens vers vous. J’ai été chargé d’enquêter sur ce… sur la mort de Garrec. Mais on a besoin que quelqu’un nous aide à confirmer son identité.
Yoran suivait très difficilement. Ses lunettes de soleil et sa robe de chambre lui parurent soudain ne plus cadrer du tout avec la discussion.
— Le dossier est entre les mains de la police, monsieur Rosko, mais j’ai… nous avons besoin de vous pour l’identifier avec certitude. Voici mon numéro.
Le policier tendit un bout de papier griffonné et à peine lisible à Yoran. Après que les deux hommes se furent mis d’accord sur un horaire de rendez-vous en fin de journée, le lieutenant Le Bris posa sa main sur l’épaule de Yoran, prenant une voix qu’il voulait rassurante.
— Vous verrez, dans ce genre d’enquête, c’est une formalité.
Quelques instants après, le policier courait sur le port en direction de sa voiture. Yoran, lui, était toujours assis, un plan d’accès au service funéraire de l’hôpital Morvan posé sur la table, juste sous ses yeux.
Dehors, la pluie avait recommencé à tomber.
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— Il…
Silence de mort.
— Comment est-ce arrivé ? reprit Yoran, effondré.
— C’est assez compliqué en fait, monsieur Rosko. Il était dans un sale état.
Yoran avait du mal à réaliser. Le policier poursuivit.
— C’est pourquoi je viens vers vous. Nous avons trouvé chez lui quelques articles de journaux, dont l’un avec votre photo et votre nom. Ça concernait un vernissage, je crois…
Il posa sur la table basse la coupure de journal, sur laquelle Claude posait en compagnie de Yoran, avec en légende « Claude Garrec a profité de la soirée pour présenter Yoran Rosko, autre passionné de photo ayant fait ses gammes dans le milieu underground brestois
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Une fois les présentations accomplies, il montra sa carte de police à Yoran, qui ne doutait pas qu’il avait bien un policier en face de lui.
— Je vous fais entrer, précisa Yoran, en espérant que le policier refuserait sa proposition.
— Merci, répliqua l’invité indésirable. Vous vous préparez pour vos prochaines vacances ? continua-t-il avec ironie, tout en suivant son hôte vers le séjour. Une odeur de tabac l’accompagnait.
Yoran força un sourire. Il ne connaissait que trop bien la réaction des gens quand ils découvraient son mode de vie, initialement lié à sa maladie, et il avait l’habitude d’anticiper.
— C’est une pathologie. Je ne supporte pas la lumière du jour. En quoi puis-je vous être utile ?
Tous deux étaient à présent assis dans le séjour, Yoran dans son fauteuil et le lieutenant sur un tabouret généreusement confié par son hôte.
— Vous êtes bien Yoran Rosko, le photographe ?
— Oui, à mes heures perdues.
— OK. Je suis ici pour vous poser quelques questions, une essentiellement. Vous connaissez M. Claude Garrec ?
— Claude ? Oui. Oui, bien sûr.
Yoran le connaissait plutôt bien même. Claude Garrec était l’homme qui lui avait communiqué sa passion de la photographie, lors d’un camp de vacances dans le pays des Abers, alors qu’il était encore enfant. Il était l’un des moniteurs.
— Quand l’avez-vous vu pour la dernière fois ?
— Il y a deux mois, deux mois et demi, je crois. Il m’avait invité au vernissage d’une exposition photo à la Maison de la Fontaine. Une expo qu’il présentait, dans le cadre de son projet « Brest, miroir de nos réflexions ».
Après un court silence, le policier reprit :
— Il a été retrouvé chez lui ce matin. Mort.
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Il activa l’ouverture automatique des volets du séjour, pour éviter de recevoir dans le noir, et mit ses lunettes de soleil, pour s’acclimater au changement brutal de luminosité. Il savait que le policier serait quelque peu intrigué quand il lui ouvrirait.
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Alors que treize heures venaient de passer, on sonna à son interphone. Yoran n’aimait pas être dérangé. Il hésita à répondre, avant de décrocher finalement le combiné.
— Oui ?
Sa voix était légèrement rauque, ces paroles étant ses premières de la journée. Une voix déterminée lui répondit.
— Monsieur Rosko ?
— Oui…
— Je suis de la police. Lieutenant Le Bris. Vous pouvez descendre ?
Yoran hésita de nouveau. Il était toujours en pyjama. Et il n’aimait pas l’imprévu.
— Vous pouvez monter, plutôt ?
— Bon… OK, je monte. Quel étage ?
— Dernier.
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