Citations sur En moins bien (73)
Je ne serai jamais Richard Brautigan, John Fante, ou Charles Bukowski.
Du coup, le midi, c'était bière. Le soir, c'était bière, et le week-end, c'était bière. Parfois gin.
J'étais employé dans un pressing. Le métier de Français paumé chez les ploucs US ne nourrissant pas son homme, j'avais décidé de faire confiance à l'intelligence de ma main. Mes potes se résumaient à des compagnons de picole. Nos discussions tournaient autour de la bibine, les artistes que j'aimais étaient alcoolos, et mon cinéaste préféré était Cassavetes... J'adorais... C'était triste. C'était désabusé. Et puis Gena Rowlands se tapait du whisky à gogo, et ça, c'était classe.
Quand ses paupières se ferment, je tapote doucement mes percus. Le son est ouaté, on perçoit un léger tatapoum qui dit que son esprit est apaisé, qui dit qu'elle est heureuse et que je suis bien... Des fois, je me glisse sans forcer de ses cordes sensibles vers son entrecuisse, et là, juste là, je joue des tablas sur son point G. Ca me plait. Ca lui plait aussi... Elle soupire doucement et le tatapoum s'accélère. Des fois elle soupire un peu fort, et puis de fois elle pleure. Tout ça est très bien réussi.
[...]
God damned it. Je me réveille.
Je luttais pour oublier Emma. Je ne sortais plus. Je ne buvais plus. Ou bien juste le vendredi. Quatre bières en trois heures dans un snack sans parler à quiconque. Je me suis souvent demandé comment c'était de vivre au cœur d'un tableau d'Edward Hopper. Maintenant je sais : ça pue l'ennui, et la lumière est tellement faible qu'on y voit rien.
Plus désinhibés que nous à cet instant, je vois pas. Avec Richard on avait des sexes rabougris par le froid, mais on s'en battait ce qui restait de nos gonades. J'avais jamais vu la quenelle de mon pote. Il semblait avoir un sexe plus long et plus large que le mien. Il paraît que ça fait toujours ça quand on regarde la bite de quelqu'un d'autre, mais ça me chiffonnait un peu quand même. Je me demandais si j'avais pas pris un début de bide aussi... Debbie s'était désapée en deux minutes. Ses seins étaient lourds et sa toison dense et noire comme un café italien trop serré (ou un truc sombre du genre).
Elle nous a jeté un coup d’œil en coin en ricanant comme une enfant, puis a filé en courant vers les vagues. Elle était fine et ferme. Son cul parfait était une planète vierge où la cellulite n'avait pas encore posé le pied. Elle s'est retrouvée dans l'eau avant nous, sautant au cœur des vagues, elle nous faisait des signes nous incitant à la rejoindre. Passons sous silence les soubresauts de sa poitrine, un lecteur non averti pourrait y prendre goût...
La première gorgée a failli nous faire pleurer. Putain, on peut retourner le problème dans tous les sens, une vraie bière glacée, c'est quand même du bonheur en canette.
- J'ai trouvé des livres de cuisine. Faut une carte différente par jour. Ce soir, c'est chili con carne. Demain midi, c'est fajitas... Après on verra. Y a des glaces, des chips. Y a un peu de tout. On devrait s'en tirer. J'ai acheté de la binouze.
La première fois où je l'ai vue, j'avais un sérieux coup derrière la cravate. Je picolais beaucoup à cette époque.
Je noyais une histoire que la pudeur force à nommer "difficile". J'étais sorti avec la fille cachée de Charles Manson et d'Eva Braun. Après quelques mois de vie commune, je m'étais fait plaquer comme un quaterback par la dernière des connasses.
Je tenais l'excuse idéale pour me foutre en l'air.
Ce jour-là, c'était en octobre. Il faisait soleil, mais pas trop, le genre de soleil faux-derche et collabo. Il y avait un fond frais dans l'air froid qui annonçait un hiver vicieux. Il passait sous la veste, s'immisçait sous la chemise, titillait les lombaires et vous donnait la crève en deux coups de cuillère à pot.
La saloperie.