– ça a un nom de bâtiment… Je l’ai là, sur le bout de la langue…
– Une maison ?
– Non. Plus vieux…
– Une vieille maison ?
– Non. Un nom chiant à écrire.
– Le Parthénon ?
– C’est quoi ce truc ? Non… Un bidule avec des mecs de profil et en perruque.
– Une pyramide ?
– C’EST CA !
Si le chien et le chat savaient écrire, ils auraient sans doute produit de belles pages sur la médiocrité insondable de l'espèce humaine.
- C'est Richard.
- C'est pas le moment.
- Faut que je te parle.
- Même pas en rêve.
- Fais pas le salaud, ça vaut le coup...
- Écoute, mon vieux, la vidange d'une des machines fuit comme une bavaroise incontinente un soir de fête de la bière. On essaie de démerder l'embrouille avec Takeshi mais en attendant, on baigne dans la mélasse.
Donc pour me raconter tes salades habituelles, tu oublies...
- C'est important.
- Petit un, ça m'étonnerait, petit deux, si tu veux on se voit ce soir chez Darius.
- OK. Vers 19 heures ?
- Dans ces eaux-là. Faut que je raccroche.
- Tu veux que je vienne vous aider ?
- Surtout pas, non.
- Pourquoi ?
- Quand t'as des caries, tu te laves pas les dents avec une sucette...
Les notices Ikea, même un grizzli en phase terminale d’Alzheimer comprend. TOUT est noté. TOUT ! Les dessins sont super clairs. Chaque pièce a un numéro. C’est enfantin.
Je n’ai jamais saisi comment avec les pièces du canapé, mes connards de poteaux ont réussi à faire une étagère.
Pourquoi la vie m’avait-elle mis cette paire de manches dans les compas ? Ces deux ostrogoths ne pouvaient pas être déclarés seuls responsables d’une inadaptation si radicale au monde des humains. Impossible. Les torts étaient forcément partagés. Il y avait un aspect atavique dans cette obstination à ne jamais suivre une notice et à tout faire par-dessus la jambe.
– Un type est venu lui demander gentiment de la mettre en veilleuse. Richard l’a envoyé balader. Ça a tourné chocolat.
– Chocolat comment ?
– Tendance châtaignes. Le type c’était Bruce Willis. Je le connais bien, Bruce, c’est un agneau, mais le « je te souille » a eu un peu de mal à passer.
– C’est pas vrai…
– Si. J’ai rarement vu plus demeuré… Là, Richard est allongé avec le nez pété et deux molaires dans une boite à souvenirs.
La rumeur comme quoi les guitaristes attrapent les nanas par wagonnets entiers, est une connerie grosse comme les cuisses de Michelle Obama...Ma guitare avait le même effet sur le beau sexe, que le gaz lacrymo sur les manifestants altermondialistes.
– On se dit tu ?
– C’est vous qui vois.
Richard avait une structure mentale assez particulière. Il ne réfléchissait que trois heures par an. Le reste du temps, il avait l’activité cérébrale d’un caillou.
– Mon ami, le ténia du petit entrepreneur, c’est les impôts. Ça te rentre par le cornet, ça grossit à tes dépens, ça te force à bouffer toujours plus, sans jamais prendre un gramme…
– Et c’est quoi le remède ?
– Le seul animal qui bouffe le ténia, c’est le caïman.
La terre meurt d'un cancer. Ce cancer a une tête d'homme. La seule chimio efficace consisterait à éradiquer de la surface de la planète les six milliards de métastases qui la rongent. Aucun dirigeant n'aura le courage d'assumer cette radicalité. C'est bien dommage.
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