Les Dépossédés est le premier roman d'Ursula le Guin que je lis. J'ai choisi celui-ci parce que c'est peut-être le plus connu et le plus primé. Je crois que j'aurais mieux fait de le lire beaucoup plus tôt – quand il était encore d'actualité – car je l'ai trouvé terriblement daté et – hélas – immensément barbant. Je l'ai abandonné il y a presque un an, et j'ai bien failli abandonné une seconde fois. Aussi a-t-il été nécessaire que je lise en diagonale de très longs passages afin de me forcer à avancer.
En premier lieu, je m'interroge sur la qualité de la traduction car j'ai souvent lu qu'on vente le style de le Guin, or celui des Dépossédés – en français du moins – est d'une pauvreté qui rend encore plus difficile un livre déjà particulièrement lent et austère. Cela dit, ça peut aussi être un choix délibéré de la part de l'auteur d'adapter le style de l'oeuvre aux origines, aux conditions de vie et à l'état d'esprit de Shever, le protagoniste quasi unique (et quasi narrateur) de cette histoire. du reste, il m'a semblé que le style s'améliore à mesure que Shever s'imprègne de la culture d'Urras. Ou alors, M. Planchat qui était très jeune quand il a traduit ce roman manquait de métier. J'aimerais bien connaître la réponse. Cependant, quoiqu'il en soit, c'est l'une des raison qui m'ont empêché d'entrer véritablement dedans.
L'autre raison qui a rendu cette lecture si laborieuse est que
Les Dépossédés est moins un roman qu'un exposé d'idées politiques rassises. Je comprends que ce texte ait pu intéresser en son temps, car c'est le genre de réflexion qu'on pouvait mener il y a 50 ans, durant la guerre froide. Les deux sociétés décrites sont si ridiculement extrêmes et inacceptables, l'une comme l'autre, qu'elles ne peuvent se maintenir. D'ailleurs aussi bien l'URSS communiste que l'Amérique ultra rigide et intolérante des années 50 ont disparu (ou en cours de disparition), l'une comme l'autre, et le monde d'aujourd'hui est autrement plus complexe que les sociétés simplistes de ce roman.
Si bien que pour moi ce roman combine un style pauvre, une histoire quasi-inexistante sans suspens ni passion, des personnages qui n'existent que comme outils au service d'une démonstration, et un étalage de considérations que je trouve pour la plupart évidentes ou qui se situent à mille lieues de nos préoccupations contemporaines. Une déception, et si j'aimerais continuer à découvrir l'oeuvre de Mme le Guin, je ne sais pas vers quelle oeuvre me tourner pour continuer.