Et voilà surtout pour moi l'occasion de faire connaissance avec le commissaire Guido Brunetti dans ce premier opus de ses aventures !
Je ressors de cette lecture charmée, voilà c'est dit ! le premier plaisir a été de me promener à nouveau à Venise, ville dans laquelle j'ai passé un petit séjour il y a plusieurs années, et avec ce chef d'orchestre trouvé mort dans sa loge entre deux actes de la Traviata, la promenade a résonné de beaux accents musicaux, entachés cependant par une enquête qui révèle les côtés sombres du maestro Wellauer. le second plaisir est bien évidemment la personnalité du commissaire Brunetti, et les deux plaisirs sont intimement liés, Venise et Brunetti sont inséparables.
Car oui, l'enquête va au rythme de la ville : pas de voiture ici, on est obligés de prendre les bateaux, vaporetti et autres ou de traverser les places et les ponts à pied. Les adresses ne sont pas très précises à Venise, on se perd un peu dans le dédale des ruelles. Et l'indolence de certains services de police accentue l'impression de lenteur dans la résolution de l'enquête. Mais c'était loin de me déplaire : Brunetti a bien senti que la clé de l'énigme se trouve dans la personnalité su chef d'orchestre et il prend le temps de recueillir des témoignages véridiques, profonds. Et c'est ainsi que son caractère à lui se révèle : « un policier, époux d'une voleuse (NDLR : au Monopoly), père d'une fondue d'ordinateur et d'un anarchiste » (p. 212), indépendant faussement soumis à son supérieur hiérarchique, un peu ours mal léché parfois mais chercheur de l'humain, observateur amusé et fin connaisseur de sa ville.
A travers son personnage,
Donna Leon traduit évidemment son amour pour Venise (où elle vit incognito) et ses contradictions : rongée par la pollution mais toujours fière, riche d'un passé immémorial mais devenant une ville-musée, rongée aussi par la corruption qui permet des restaurations pour le moins surprenantes. Face à ce monument historique à ciel ouvert (ici on est en hiver, la ville est agréable à vivre),
Donna Leon a doté son héros (et son roman) d'un humour qui n'est pas le moindre de ses charmes : les paris intérieurs de Guido, les répliques assassines
De Paola, son épouse, les portraits des collaborateurs du commissaire, autant de facettes piquantes qui révèlent aussi une grande humanité.
Vous l'avez compris, j'ai été séduite par ce roman, un polar tranquille, dont le héros n'est pas tourmenté et où l'enquête sert d'écrin à la Sérénissime, que nous découvrons à travers le regard d'un vrai Vénitien. Autant dire que je retrouverai Brunetti avec plaisir si l'occasion se présente !
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