Pendant deux ou trois jours, je fus tranquille, puis mon père se mit à bouger. Il commença par m’écrire, lui qui n’écrivait jamais, pour m’ordonner de rentrer. Ordonner, c’était son fort, à cet homme. Comprendre, moins.
Quant à essayer de faire son portrait, je suis bien embarrassé. Qu’on imagine une grande fille, très originale d’aspect, et ce qu’il y a de plus voluptueux comme femme, une de ces femmes qui font se retourner tous les hommes, avec ce teint et cette peau des rousses quand elles sont jolies.
Tous les grands poètes ont eu un amour malheureux.
C’est si difficile pour les femmes de penser à tout.
Nos bonnes séances d’amour, dans cette chambre, assez remonté que j’étais, ma seule gloire militaire !
Pourquoi faut-il, quand on aime, que tout change ?
Je ne pensais plus qu’à écrire, à vivre et à rêver seul. L’amour ne venait plus qu’après. J’allai même jusqu’à sacrifier à l’amitié le reliquat de notre intimité, en ne m’occupant que de mon plaisir.
Mon premier amour tiendra décidément dans ce livre une aussi grande place que dans mon cœur.
On n’est pas toujours jeune. Un jour vient où il faut se ranger. Mais quand je songe que je me suis amusé ainsi, je n’en suis pas peu fier.
Ah ! les jeux de l’amour et de l’intention. Je n’eus vraiment rien alors d’un suborneur de filles, et ce fut bien elle qui commença, ou du moins qui m’encouragea, en créant les circonstances.