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Citations sur Dans la brume écarlate (50)

Après avoir consulté les fichiers officiels et n'avoir trouvé aucune trace de la jeune femme, Dossantos s'était naturellement tourné vers le plus gros fichier de données individuelles et personnelles dont disposait la police : Facebook. Le lieutenant sourit. Parce que si le quidam était prêt à hurler à la violation de sa vie privée à la première occasion, il livrait lui-même cette vie privée en pâture au public, affichant à longueur de pages les photos de ses enfants, de ses animaux, de son intérieur, détaillant ses activités, ses achats, ses déplacements, ses voyages, dessinant son réseau d'amis, ses connaissances professionnelles, jusqu'à ses émotions et sentiments concernant son emploi, ses collègues, sa famille.
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Elle frissonna. Il ne faisait pourtant pas si froid en ce mois d’avril, mais l’hiver refusait de capituler ; une fraîcheur s’agrippait encore à Paris, lançant ses dernières forces dans un combat vain contre le printemps. Depuis deux jours s’était déposé sur la ville un brouillard laiteux qui buvait les lumières et ouatait les bruits. On n’y voyait goutte, mais Lucie continuait d’avancer d’un pas vif que rythmait le claquement de ses talons, perçant le frimas comme un petit bolide. Elle sursauta quand une voiture descendit soudain la rue de la Roquette, trace de vie dans la nuit cotonneuse qui l’entourait. Aussitôt, les feux arrière, rouges comme deux yeux démoniaques, s’évanouirent au loin. Lucie se dit qu’elle devait presser l’allure. Elle marchait déjà très vite. Une femme dans la nuit. C’est alors qu’elle sentit une présence dans le brouillard. Ses yeux s’écarquillèrent malgré elle, mais elle ne voyait rien ni personne. Y avait-il quelqu’un avec elle dans cette brume opaque ? Quelqu’un qui la suivait ? Quelqu’un qui l’observait ? Elle s’arrêta tout à coup pour écouter. Les yeux grands ouverts, les oreilles à l’affût, la bouche bée, elle tenta de sonder la nuit. Le silence était compact, poisseux. L’air froid lui piquait la langue et lui brûlait la gorge quand le brouillard s’immisçait en elle. Elle tourna sur elle-même lentement, et d’une voix tremblante, appela :
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Une morale tyrannique et bécasse s'était installée, qui prônait le politiquement correct, le bio, l'écriture inclusive, la bienveillance, la vapoteuse à la barbe à papa, et bannissait l'opinion et le second degré. Il était aujourd'hui proscrit de se faire plaisir en buvant un verre, en fumant une clope et en insultant les cons. Pauvre monde ! Pauvres cons !
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Lucie percuta un arbre surgi du brouillard, perdit une chaussure et tomba au sol, hébétée, s’empêtra un instant dans les ombres osseuses des ramures noires, se releva, reprit sa fuite aveugle, des larmes dans les yeux, traversa une ruelle en piaulant à l’aide, boitant sur son pied nu, trouva un hall d’immeuble, une porte fermée, des rangées de boutons d’Interphone, lueurs dans la nuit, pressés du plat de sa main écorchée, des anonymes qui décrochèrent mais n’entendirent que le cri aigu et lointain d’une femme avalée par le brouillard.
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Une morale tyrannique et bécasse s’était installée, qui prônait le politiquement correct , le bio, l’écriture inclusive, la bienveillance, la vapoteuse à la barbe à papa , et bannissait l’opinion et le second degré . Il était aujourd’hui proscrit de se faire plaisir en buvant un verre , en fumant une clope et en insultant les cons . Pauvre monde ! Pauvres cons !
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Alors Mehrlicht rangea sa clope en soupirant. On lui avait défendu de fumer sur terre, sous terre, et maintenant sur l’eau. Le monde, depuis quelques années, prenait un virage despotique terrifiant, abrogeait les libertés, multipliait les interdits. Une morale tyrannique et bécasse s’était installée, qui prônait le politiquement correct, le bio, l’écriture inclusive, la bienveillance, la vapoteuse à la barbe à papa, et bannissait l’opinion et le second degré. Il était aujourd’hui proscrit de se faire plaisir en buvant un verre, en fumant une clope et en insultant les cons. Pauvre monde ! Pauvres cons ! Qui les tiendrait informés désormais ? Ainsi en allait-il de nous, condamnés à l’explicite, à la concorde bêlante et aux licornes colorées, parce que prendre la parole, affirmer sa différence, c’était risquer de blesser quelqu’un, voire quelques-uns, et de subir un légitime lynchage, destin ordinaire des déviants, qu’ils fussent trublions, artistes ou fumeurs de Gitanes. L’époque n’était pas à la dissidence, et fumer restait un crime de social-traître.
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Et il vaut mieux me parler à moi que de se retrouver entre les paluches de mon gros collègue qui a une fâcheuse tendance à claquer le beignet des muets et à leur laisser, en guise de cadeaux, des trèfles à cinq feuilles en travers de la figure.
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Dossantos se figea. Mehrlicht et lui qui tombaient d'accord, ça arrivait aussi rarement qu'une pensée sensée dans la tête de Luc Ferry. Certains anciens assuraient avoir déjà assisté à pareil phénomène, mais personne ne les croyait.
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L’époque n’était pas à la dissidence, et fumer restait un crime de social-traître.
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- Tous ça parce que vous prenez la tangente ? Vous laissez les potos clapoter dans la mistoufle ?
- La « mistoufle » ? répéta Matiblout, cueilli.
- La mistoufle ! Parce qu’on va se dorer la lune dans les sphères !
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