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Citations sur Arsène Lupin : La femme aux deux sourires (19)

- Le 3 juillet, à quatre heures, je vous apporterai la vérité sur le drame et sur toutes les énigmes qui le compliquent. Et je vous apporterai également l’héritage de votre grand-père maternel… ce qui permettra à mademoiselle, pour peu qu’elle en ait envie, et moyennant la simple restitution du chèque que j’ai signé tout à l’heure, de conserver et d’habiter ce château qui semble tellement lui plaire. – Alors… alors…, fit d’Erlemont, très ému, vous croyez vraiment réussir à ce point ?
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Le dur visage prit une expression barbare. Un rire méchant tordit sa bouche, et il grogna :

« Ça, c’est de la veine ! La petite blonde que j’ai ratée trois fois l’autre jour… Qu’est-ce que vous faites là, petite demoiselle ? Alors, vous aussi, vous vous intéressez à la vente du château ? »

Il fit un pas en avant. Effrayée, Antonine eût voulu s’enfuir, mais, outre qu’elle n’en avait pas la force, comment l’aurait-elle pu, acculée aux obstacles qui l’eussent empêchée de courir ?

Il fit un pas de plus, en se moquant.

« Pas moyen de s’enfuir. On est bloquée. Quelle revanche pour Gorgeret, hein ? Voilà que Gorgeret qui depuis tant d’années ne quitte pas de l’œil l’affaire ténébreuse de ce château, et qui n’a pas cru devoir manquer l’occasion de venir fureter ici au jour de la vente, voilà qu’il se trouve nez à nez avec la maîtresse du grand Paul. Si vraiment il y a une providence, vous avouerez qu’elle me protège outrageusement. »

Un pas encore. Antonine se raidissait pour ne pas tomber.

« Il me semble qu’on a peur. On en fait, une grimace ! De fait, la situation est mauvaise, doublement mauvaise, et il va falloir expliquer à Gorgeret en quoi la liaison de Clara la Blonde et du grand Paul se rattache à l’aventure du château et le rôle que le grand Paul joue là-dedans. Tout cela est captivant, et je ne donnerais pas pour beaucoup la position de Gorgeret. »

Trois pas encore. Gorgeret tira de son portefeuille le mandat d’amener qu’il déplia avec un air de raillerie féroce.

« Faut-il vous lire mon petit papier ? Pas la peine, n’est-ce pas ? Vous m’accompagnerez docilement jusqu’à mon auto, et à Vichy on prend le train pour Paris. Vrai, je lâche sans regret la cérémonie des enchères. J’ai levé un gibier qui me suffit. Mais pourquoi diable ?… »

Il s’interrompit. Il se passait quelque chose qui l’intriguait. Toute expression d’épouvante s’effaçait peu à peu du joli visage blond, et l’on eût dit – phénomène incompréhensible – oui, on eût dit qu’un vague sourire commençait à l’éclairer. Était-ce croyable, et pouvait-on admettre que son regard se détachât de son regard à lui ? Elle n’avait plus son air de bête traquée, d’oiseau fasciné et qui tremble. En vérité, où donc allaient ses yeux, et à qui souriait-elle ?

Gorgeret se retourna :

« Cré bon sang ! murmura-t-il. Qu’est-ce qu’il vient faire, ce client-là ? »

En réalité, Gorgeret n’apercevait, à l’angle d’un pilier, où s’arc-boutaient les vestiges d’une chapelle, qu’un bras qui dépassait, qu’une main qui braquait un revolver de son côté… Mais, étant donné l’apaisement subit de la jeune fille, il ne douta pas une seconde que ce bras et que cette main n’appartinssent à ce M. Raoul qui semblait acharné à la défendre. Clara la Blonde, au château de Volnic, cela supposait la présence du sieur Raoul, et c’était bien dans la façon badine du sieur Raoul que de rester invisible tout en faisant jouer la menace de son revolver.

Gorgeret, d’ailleurs, n’eut pas un instant d’hésitation. Il était fort brave et ne reculait jamais devant le danger. D’autre part, que la petite se sauvât – et elle n’y manqua point –, il saurait bien la rattraper dans le parc ou dans le pays. Il s’élança donc en criant :

« Toi, mon bonhomme, tu n’y coupes pas. »

La main disparut. Et lorsque Gorgeret atteignit l’angle du portique, il ne vit qu’un rideau de lierre drapé d’une arcade à l’autre. Il ne ralentit pas sa course cependant, l’ennemi n’ayant pas pu s’évanouir. Mais, à son passage, le bras jaillit du lierre, un bras qui n’agitait pas d’arme, mais qui était muni d’un poing, lequel poing alla frapper directement Gorgeret au menton.

Le coup, précis, implacable, accomplit proprement sa besogne : Gorgeret perdit l’équilibre et s’effondra, comme s’était effondré l’Arabe sous le choc d’une semelle. Gorgeret ne se rendit compte d’ailleurs de rien. Il était évanoui.
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– Monsieur, ma gratitude envers vous n’a pas de bornes.

– Tais-toi. Je ne parle pas pour que tu me répondes, mais parce que j’ai un petit discours à placer. Je continue. Employé par moi à diverses besognes, tu avoueras loyalement que tu t’en es acquitté avec une maladresse insigne et une inintelligence notoire. Je ne m’en plains pas, mon admiration pour ta barbe blanche et ta bobine de parfait honnête homme n’ayant subi aucun déchet. Mais je constate. Ainsi, dans le poste où je t’ai mis depuis quelques semaines, afin de protéger le marquis d’Erlemont contre les intrigues qui le menacent, dans ce poste où ta mission consistait tout bonnement à explorer les tiroirs secrets, à recueillir les papiers équivoques et à écouter les conversations, à quoi es-tu arrivé ? à peau-de-zébie. Bien plus, il est hors de doute que le marquis se méfie de toi. Enfin, chaque fois que tu utilises notre installation téléphonique particulière, tu choisis le moment où je dors pour me révéler d’incroyables niaiseries. Dans ces conditions…

– Dans ces conditions, vous me donnez mes huit jours, fit Courville piteusement.

– Non, mais je prends l’affaire en main, et je la prends parce que s’y trouve mêlée la plus ravissante enfant aux cheveux d’or que j’aie jamais rencontrée.

– Puis-je vous rappeler, monsieur, l’existence de Sa Majesté la reine Olga ?

– Je me fous de Sa Majesté la reine de Borostyrie. Rien ne compte plus pour moi qu’Antonine, dite Clara la Blonde. Il faut que tout cela marche rondement, que je sache ce que complote le sieur Valthex, en quoi consiste le secret du marquis, et pourquoi survient inopinément aujourd’hui la soi-disant maîtresse du grand Paul.
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Tais-toi. Je ne parle pas pour que tu me
répondes, mais parce que j’ai un petit discours à
placer. Je continue. Employé par moi à diverses
besognes, tu avoueras loyalement que tu t’en es
acquitté avec une maladresse insigne et une
inintelligence notoire. Je ne m’en plains pas, mon
admiration pour ta barbe blanche et ta bobine de
parfait honnête homme n’ayant subi aucun
déchet. Mais je constate. Ainsi, dans le poste où
je t’ai mis depuis quelques semaines, afin de
protéger le marquis d’Erlemont contre les
intrigues qui le menacent, dans ce poste où ta
mission consistait tout bonnement à explorer les
tiroirs secrets, à recueillir les papiers équivoques
et à écouter les conversations, à quoi es-tu
arrivé ? à peau-de-zébie. Bien plus, il est hors de
doute que le marquis se méfie de toi.
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Oui, soudain, il y eut la catastrophe. La voix magique s’interrompit, net. La statue vivante qui chantait là-bas dans l’espace clos vacilla sur son piédestal de ruines et, d’un coup, s’écroula, sans un cri, sans un geste de peur, sans un mouvement de défense ou de détresse. On eut tout de suite, de façon irrévocable, la conviction qu’il n’y avait ni lutte ni agonie, et que l’on n’arriverait pas auprès d’une femme qui mourait, mais auprès d’une femme que la mort avait frappée dès la première seconde.

De fait, quand on parvint à l’esplanade supérieure, Élisabeth Hornain gisait, inerte, livide… Congestion ? Crise cardiaque ? Non. Du sang coulait, abondamment, sur le haut de son épaule nue et sur sa gorge.

On le vit aussitôt, ce sang rouge qui s’épanchait. Et l’on constata en même temps cette chose incompréhensible que quelqu’un formula en un cri de stupeur :

« Les colliers ont disparu ! »
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– Dame ! que vous chipiez une photographie
plutôt que de l’argent, ça prouve que cette
photographie a pour vous de la valeur, et que
vous ne pourriez vous la procurer qu’en opérant à
la façon d’une souris d’hôtel... Montrez-la-moi,
cette photo précieuse que vous avez empochée en
me voyant. »
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Au bout de dix minutes de cette contemplation
attentive, il alla droit au bureau, s’agenouilla, en
palpa le bois satiné, en étudia les baguettes de
cuivre. Puis il se releva, esquissa quelques gestes
de prestidigitateur, ouvrit un tiroir, l’enleva
complètement, appuya d’un côté, poussa de
l’autre, prononça des paroles et claqua de la
langue.
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Il entra donc, comme chez lui, et, comme chez
lui, après avoir suivi le couloir qui menait au
cabinet de travail, il alluma l’électricité de cette
pièce. On ne travaille bien qu’en pleine lumière.
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Pour ne pas retomber au silence, et pour
satisfaire au vœu de Thérèse en détournant les
soupçons de la jeune fille, il dit :
« J’ai été l’ami de votre mère, Antonine, et
l’ami, le confident de celui...
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Gorgeret eut un mouvement de protestation et
jeta, malgré lui :
« Une sacrée femme, que je vous dis ! Savezvous qui c’est ? La maîtresse du grand Paul, tout
simplement.
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