Page 113: "Il y a des gens qui semblent destinés au malheur. Ou alors, désignés par le destin pour tout encaisser afin d'épargner les autres, les plus faibles, ceux qui ne supporteraient pas."
Page 38: "Son troupeau, c'était l'œuvre de toute une vie. Il ne pouvait pas imaginer que sa mort la détruise."
Ses larmes de chagrin ouvraient comme des gouttes d'acide sur mon cœur, et ses sourires tel un baume apaisant. J'essayais de m'en tartiner à longueur de journée. Ces sourires la étaient encore plus beaux qu'avant. On y voyait la cicatrice qui tirait et la victoire qu'ils signifiaient.
On a tous nos blessures, et si on ne prend pas un peu soin les uns des autres, comment on fait pour guérir ?
...j’ai fini par me barricader dans ma solitude. Un mur bien haut pour que personne ne risque de le franchir. Je me suis rendu désagréable, pour me protéger des autres. Si personne n’avait envie de me côtoyer, personne ne me ferait de mal. Une logique implacable.
- Tu m'aimeras toujours?
- Toujours.
- Et si j'ai les seins qui tombent?
- Je les relèverai.
- Et si j'ai de la peau d'orange sur les cuisses?
- Je t'éplucherai.
- Et si j'oublie tout le temps où j'ai mis mes lunettes?
- Je les chercherai.
- Et si j'ai un dentier?
- Je ferai tremper le mien à côté du tien.
- Et si je ne peux plus marcher?
- Je te porterai.
- Et si je deviens méchante?
- Je te l'interdirai.
- Et si je tombe malade?
- Je te soignerai.
- Et si je meurs avant toi?
- Je te survivrai.
J'étais rassurée. Il m'aimait juste ce qu'il faut.
Un mot peut-il à ce point vous obnubiler, que vous
le voyez partout, vous l'entendez sans arrêt ? Il vous
passe sur le front comme un avion qui tire une banderole publicitaire au-dessus d'une plage bondée d'un milieu d'été, dans des va-et-vient incessants. Vous avez le sentiment qu'il est collé sur votre œil comme un message inscrit au rouge à lèvres sur un miroir. Celui-ci renvoie encore l'image, mais il y a ce mot.
Disparaissez !
Mettez des planches sur un puits, puis des parpaings, trois épaisseurs, du ciment bien solide et de la terre avec des petites fleurs dessus, il n’en reste pas moins là, profond, humide et froid.
On n’étale pas au grand jour les hontes cachées et les invraisemblables dégoûts familiaux. Parce qu’au fond, renier les ascendants génétiques, c’est peut-être admettre qu’on a un risque d’être porteur de ce que l’on rejette.
Les personnes qui reconnaissent leurs erreurs valent la peine qu'on s'intéresse à elles.