Les hommes vivent plus longtemps que leurs chiens, les maisons plus longtemps que leurs habitants et les pierres sont éternelles. Le monde est ainsi fait.
Il fut enterré sans famille ni amis, c'est à cela que l'on reconnaît ceux que personne n'a aimés, à moins qu'il ne s'agisse de ceux qui n'ont aimé personne.
Je pleurais ce que j'avais perdu, oubliant même que je n'avais pas été heureuse du temps de ma beauté. La mémoire est vicieuse, elle joue à vous inventer des paradis qui n'ont jamais été.
J'aurais aimé savoir me délecter de la fraîcheur de chaque perle de présent, pourtant je les laissai rouler, fondre et nourrir la terre sans assez les regarder ni les goûter. Les instants auront glissé sur moi sans que je me sois réjouie de leur caresse. A quoi donc m'aura servi de vive longtemps si je n'ai pas, au fil du chemin, acquis le talent de les regarder en face ?
Malheureusement, on ne sait pas se méfier des apparences. A tort, car le muet peut se montrer bavard, le sourd accueillir la confidence, le manchot tendre la main, et l'aveugle distinguer la beauté de la laideur.
Les hommes construisent des maisons parce qu’ils se prennent pour Dieu. Ils inventent des ciels, font jaillir la lumière, domptent les eaux et les vents. En façonnant un monde, le leur, ils rivalisent avec le Créateur.
"On ne se figure pas combien de grandes peines peuvent survenir. Je dirais en avoir observé de deux catégories : celles touchant à la mort des êtres chers et les autres causées par le chagrin d'amour ou le manque d'amour. Les deux réclamant un deuil qui pulvérise le cœur des hommes".
"(...) la poésie du monde ne se disait ni ne se décrivait, elle se respirait naturellement, se ressentait intimement, se faufilait en toutes choses sans autre filtre que l'âme et le cœur."
"Le bonheur est un compagnon inquiétant, dans son ombre rampe la peur de le perdre."
"Est-il d'instant plus beau que le commencement, de plus émouvant que la prime jeunesse, avec ses désirs en désordre et cette inconscience de ce qui se trame ? Tout était à faire, il suffisait de rêver et de retrousser ses manches."