D'un monde à l'autre

La modernité a simplement laïcisé cette espérance d'un monde meilleur en se débarrassant de la religion. Mais elle est restée inscrite dans une sacralisation du temps à travers la croyance dans le progrès, et ainsi dans une forme d'espérance. Or, cette espérance est aujourd'hui en crise.

Tout ce qui est techniquement et scientifiquement possible n'est pas toujours humainement souhaitable. Le progrès doit rester dans le champ humain et ne pas nous aveugler. Il doit passer par le filtre de la conscience.

La civilisation moderne a substitué au salut de l'âme l'idéologie consumériste. Là est la grande illusion. Victime de la croyance qu'il faille consommer pour exister, l'Homme finit par être possédé mais pas obligatoirement condamné, car il a l'opportunité de ramener un degré de conscience en lui. Reste à voir si cela se fera dans un temps raisonnable et spontanément.

Un monde nouveau pourrait surgir de la chaîne des catastrophes climatiques et sanitaires que nous subissons, qui ne cesseront de s'amplifier et qui finiront par ouvrir les yeux au plus grand nombre. Mais comme nous sommes engagés dans une course contre la montre, n'attendons pas que le pire arrive pour nous lancer dans cette indispensable révolution de la conscience humaine.

Chez les peuples premiers, on économise pour préserver et pour partager. Dans notre société occidentale, on économise pour dépenser et accumuler.

Mais avant de construire cette vision collective, il faut passer par une révolution des esprits. Nous évoluons au sein d'une société qui crée de la confrontation et des divisions factices. Toutes les cellules qui reliaient - familiales, géographiques, territoriales, religieuses - ont volé en éclats. Même au cœur de la crise sanitaire, nous avons réussi à nous diviser autour de la communauté scientifique. Pour emmener un peuple dans une direction, il faut se retrouver sur l'essentiel. Actuellement, nous en sommes absolument incapables. Il y a une forme de complicité tacite entre les politiques et les médias, pour entretenir l'affrontement. C'est la règle de la division et de la polémique, ou encore la culture du ring !

Rappelons aux plus jeunes que la paix n'a pas été la norme dans l'histoire, mais plutôt l'exception.

Le bonheur des uns ne peut se faire ni sur le dos, ni à la vue du désespoir des autres.

Investir dans la beauté est pour moi un acte social, car celle-ci joue sur la psychologie des habitants.

A cause de sa fascination pour les objets et la science, l'humanité contemporaine s'est en partie amputée de son âme. Elle a oublié l'essentiel qui se vit dans cette intériorité secrète, réunissant tous les êtres entre eux.