Outre le personnage de
Voltaire, utilisé dans une série de romans policiers,
Frédéric Lenormand a repris la suite de différents narrateurs des exploits du juge Ti (qui est au départ un personnage ayant réellement existé), et en particulier du néerlandais
Robert van Gulik.
Je classe donc le présent ouvrage dans ma série « héros empruntés ».
Nouvellement arrivé à la cour impériale, le juge Ti se trouve confronté à la mort suspecte du cuisinier Gu, employé au palais impérial. Plusieurs énigmes se présentent simultanément au juge : qui a empoisonné le cuisinier, et pourquoi ? La vie de l'empereur serait-elle en danger ? Et la mère du juge Ti, suspectée par la première épouse du juge, donc par sa belle-fille, aurait-elle assassiné son mari, père du juge ?
Ti, aidé de ses comparses habituels, Ma Jong, Tsiao Taï et Tao Gan, s'emploie à démêler les fils des différentes intrigues, tout en s'initiant la vie de la capitale et du palais. Nous découvrons avec lui quelques aspects de la vie en Chine au VIIIème siècle, et en particulier dans le domaine culinaire, bien sûr, mais aussi dans le domaine spirituel, avec la lutte des différents courants religieux qui voudraient s'imposer à la cour impériale. La volonté didactique est certaine, mais je me demande s'il n'y a pas çà et là quelques anachronismes.
le juge utilise pour se présenter des cartes de visite, mais, si le papier existait bien à l'époque, il semble, après quelques recherches rapides, que les cartes de visite ne soient apparues qu'au XVIIème siècle en Europe… Frédéric Lenormand, comme d'ailleurs son prédécesseur
Van Gulik, veut apporter une touche d'humour à son récit grâce aux « exploits » de Tao Gan et Tsiao Taï, mais pour mon goût ces péripéties sont plutôt lourdes et ne sont pas indispensables. On dirait que l'auteur hésite entre le récit léger (style Agatha Raisin) et le roman policier « classique ».
L'épisode où Tao Gan introduit à la cour la mode de la « cuisine ratée » est plus ridicule que comique.
En définitive, « Mort d'un cuisinier chinois » apporte une intrigue honnête, mais le juge Ti n'est pas un héros dont j'ai hâte de suivre les aventures.