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Comment la France arriva-t-elle à se sortir assez heureusement d'une situation a priori très difficile après l'abdication de Napoléon en 1814 et catastrophique une fois les Cent-jours terminés en 1815 ? L'historiographie traditionnelle loue les qualités de Talleyrand, sa principale habileté fut surtout de s'enrichir personnellement grâce à l'octroi (souvent par de petits états) de "douceurs" (pots-de-vin). Après avoir situé les lieux dans lesquels vivent les nombreuses délégations et le contexte qui suit les défaites de Napoléon, l'auteur montre comment dans un premier temps Talleyrand regroupe autour de lui tous les états qui refusent que les quatre grands (Angleterre, Autriche, Prusse et Russie) règlent ensemble le devenir de l'Europe comme elles l'escomptaient. Dans un second mouvement devant les appétits voraces de la Russie et de la Prusse le négociateur français arrive à nouer une solidarité entre l'Angleterre, l'Autriche et la France pour les contenir.

Ainsi le retour se fait aux ses frontières de 1789 pour la France, en gardant quelques enclaves dans l'est (les états du pape, Mulhouse et Montbéliard) et ceci malgré les conséquences désastreuses du retour de Napoléon qui se traduisent en 1815 par le rétrocession des objets du Louvre pillés par les armées napoléoniennes et la perte de quelques terres en Savoie, pays de Gex et autour des départements des Ardennes et de la Moselle. On notera qu'était déjà apparue une demande prussienne d'enlever l'Alsace et une partie de la Lorraine au royaume de France.

Mettre la Prusse sur le Rhin y apparaît clairement comme un souhait anglais, comme le maintien (certes réduit) du royaume de Saxe, la création d'un grand royaume des Pays-Bas … Les inconséquences de la conduite faite par Louis XVIII entre 1814 et 1815 à l'égard de Napoléon sont clairement expliquées et l'hypothèse qu'avec le respect de la parole donnée par les Alliés au nom du futur gouvernement français sur la pension à attribuer à l'ex-empereur, ce dernier serait resté un souverain éclairé de l'île d'Elbe jusqu'à la fin de ses jours est avancée de façon argumentée.

Les principes qui régissent l'établissement de ce nouvel ordre européen sont clairement explicités et on voit comment, devant la montée des nationalismes et l'évolution de la politique étrangère anglaise, il est de plus en plus difficile de restreindre la portée de conflits qui de bipolaires tendent à devenir de plus en plus multipolaires.
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Le congrès de Vienne est une conférence des représentants diplomatiques des grandes puissances européennes qui eut lieu à Vienne du 18 septembre 1814 au 9 juin 1815
Les pays vainqueurs de Napoléon Ier ainsi que les autres États européens se réunissent pour rédiger et signer les conditions de la paix et donc déterminer les frontières et tenter d'établir un nouvel ordre pacifique.
La plus grande réunion diplomatique avec une machinerie de plus de 300 délégations, entourée de bals et de fêtes.
Congrès réunit avant la période des 100 jours, avec la participation de Talleyrand, représentant de Louis XVIII qui défend les frontières françaises d'avant la Révolution.

Une étude d'ensemble du congrès qui a obtenu le prix Pierre Lafue en 2013.

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Il est des livres d'histoire qui ouvrent des horizons de compréhension sur le monde d'aujourd'hui.

J'ai dévoré celui-ci et y ai trouvé une tas d'éclaircissements sur les relations intra-européennes, la mécanique des grandes rencontres internationales, l'évolution de notre Europe devenue si complexe à gérer aujourd'hui …

Au moment de la chute de Napoléon après la calamiteuse retraite de Russie, il faut se rendre compte que la France est vue comme une puissance dangereuse qu'il convient de contenir en évitant toute velléité de nouvelle conquête. Les grandes puissances victorieuses de l'ex-empereur souhaitent retrouver un équilibre européen sous l'égide des Quatre Grands. L'Autriche, l'Angleterre, la Russie et la Prusse vont mettre Napoléon hors la loi.

Talleyrand va oeuvrer subtilement pour faire entrer la France dans le concert des Grandes Puissances en tirant parti des fissures entre les deux couples Angleterre-Autriche et Prusse-Russie et il réussira à limiter au maximum la perte de certains territoires. Il y aura bien du mérite, surtout après l'extraordinaire rebondissement de l'évasion de Napoléon de l'ile d'Elbe et la folle équipée des Cent-jours entre mars et juin 1815.

Entre le 1er novembre 1814 - et même quelques semaines avant - et le 9 juin 1815, 300 délégations - soit toutes les puissances engagées dans la guerre qui vient de s'achever, de part et d'autre - convergent à Vienne. Elles comptent entre 53 personnes (pour les Russes), 15 pour la France, 17 pour la Saxe-Weimar, ce qui représente environ 100 000 étrangers qui séjournent à Vienne entre l'été 1814 et le printemps 1815, avec toutefois un grand absent : l'empire Ottoman.

Les souverains ont fait le déplacement aux côtés de leurs plénipotentiaires, leur rang protocolaire étant fixé selon leur âge : ils se griseront eux aussi de fêtes, de bals, de banquets et de jolies femmes. Car les négociations ne se déroulent pas seulement en séances de commissions.

La préoccupation des Anglais est de contenir l'avancée des Russes vers le sud et de neutraliser la puissance française pour contrer la Russie. Deux sujets sont brûlants : la Pologne qui n'échappera pas à un nouveau partage et la Saxe – dont le roi a soutenu Napoléon et que lorgne la Prusse. On traitera aussi du problème que représente Joachim Murat sur le trône de Naples.

Le Congrès de Vienne, c'est une trentaine de diplomates qui décidèrent le redécoupage du continent et la définition du nouveau concert européen. Ainsi l'attribution à la Prusse, en compensation du sauvetage (partiel) du royaume de Saxe, de possessions de part et d'autre du Rhin barre la route à toute tentative d'incursion de la France en Allemagne. Ainsi, la Prusse commence à damer le pion à l'Autriche dans l'espace germanique. C'est aussi un règlement des affaires de la Suisse, ou encore la décision morale, sous la forte pression de l'Angleterre, d'abolir la traite négrière à bref délai, la fixation d'un ordre protocolaire des diplomates, des règles précises de circulation sur les fleuves européens.

Ces résultats sont remarquables. Quoique largement inspiré par le principe réactionnaire de la légitimité des dynasties régnantes avant la tornade révolutionnaire et napoléonienne, l'Acte final du Congrès introduit l'idée de constitutions favorables à l'exercice des droits légitimes des citoyens. Cependant, les congressistes n'ont pas vu arriver le réveil des nationalités qui va bouleverser l'Europe quelques années plus tard et faire exploser l'empire Ottoman et l'Autriche. Ce concert européen tiendra jusqu'au 28 juin 1914 et l'attentat de Sarajevo.

Clair, concis, bien écrit, le livre de Thierry Lenz nous emporte dans le tourbillon des réunions des ambassadeurs et des souverains, de leurs affrontements et de leurs alliances. Il nous fait percevoir aussi à quoi servent aujourd'hui les réunions au sommet du G8, G20, etc… et les difficultés – finalement pas insurmontables – d'une gestion à 27 de l'Union Européenne. Il serait temps de convoquer à nouveau un congrès de ce genre pour refonder notre Europe !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Le Congrès de Vienne (septembre 1814, juin 1815) a laissé un mauvais souvenir aux Français : il a été le lieu de la réaction nobiliaire après l'échec de la Révolution française en Europe, le triomphe des Rois et des Diplomates sans coeur contre les légitimes aspirations des Nationalités, en Italie et en Pologne notamment. Et tout cela en s'amusant, ce qui est un objet supplémentaire de détestation.

Mais les Français oublient qu'après l'écrasement des armées de Napoléon, ils auraient pu être traités comme en 1940, et perdre par exemple l'Alsace-Lorraine, ou la Franche-Comté, enfin les excellentes frontières que nous a assurées Louis XIV. Les Français avaient déjà ėvacuė les " Bouches du Tibre" et la "Sambre et Meuse". On ne leur a rien demandé de plus, sinon l'Ile Maurice.

A qui doivent ils d'avoir échappé à la catastrophe? A l'habileté et au bluff de cette vieille ficelle de Talleyrand, envoyė là par le clairvoyant Louis XVIII ? A l'heureuse doctrine anglaise de l'équilibre européen, qui ne voulait pas d'une Russie, d'une Autriche ou d'une Prusse surpuissantes, ou au fait que les 4 vainqueurs de l'Empire étaient trop occupés à dévorer leur proie (la Pologne, la Rhénanie ou l'Italie du Nord) pour s'en prendre à la France encore puissante ?

Tout cela nous est raconté par Thierry Lentz avec une élégance de plume rare chez les historiens. Nous admirons au passage ces diplomates qui travaillent sans téléphone ni télévision, dans ce monde qui vit comme au Moyen-âge et qui pense déjà presque comme au XXeme siècle. En 1815, tout est prêt, dans les esprits scientifiques, pour les inventions de la chimie, de la mécanique, de l'anesthésie, de la télégraphie.

Le Congrès de Vienne, si l'on excepte le dépeçage de la Pologne, a construit une Europe solide pour accueillir le Progrès. Elle ira cependant à sa perte, volontairement, en 1914.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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J'ai adoré ce livre remarquable consacré à un moment essentiel de l'historie diplomatique européenne. C'est ultra-solide et clair sur le plan historique, y compris sur des points compliqués ( les frontières au sein du monde germanique par exemple), mais l'auteur déborde de l'histoire diplomatique au sens strict pour s'intéresser aux arts (par exemple à la musique puisque l'on retrouvera ici Beethoven...) mais aussi à la cuisine.
Un très bon livre, passionnant de bout en bout.
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En cette année du bicentenaire du Congrès de Vienne, cette étude est bienvenue pour dissiper la confusion toujours faite entre "Sainte Alliance" et Congrès de Vienne: il s'agissait, après 22 ans de chaos européen, de reconstruire un ordre praticable. Pour les quatre "puissances" victorieuses, les guerres révolutionnaires et surtout napoléoniennes font du "containment" de la France la clef, non seulement de la paix mais de l'équilibre entre elles. On ne peut que les comprendre!
Cette problématique justifie le centrage français de l'auteur qui, autrement, paraîtrait partiel et étroit.
L'auteur, privilégiant peut-être exagérément le rôle de Talleyrand, nous montre comment, à partir de la position de vaincu absolu qui est, au départ, celle de la France, Talleyrand parvient à la réintroduire dans le jeu au point qu'en quelques mois le nombre des "puissances" passe de 4 à 5 ! Pour cela, il prête à la France sa propre ambivalence (on se souvient qu'il aurait déclaré au Tsar à Erfurt: "le peuple russe est barbare avec un empereur civilisé, le peuple français est civilisé avec un empereur barbare") en distinguant la France et le régime. En vainquant Napoléon, dit-il, vous avez libéré la France qui tombe à présent dans vos bras. Sans entrer dans les détails, tactiquement, il parvient à ouvrir le cercle des grandes puissances en mobilisant les petites qu'elles excluent (mais qui, comme la France ont signé le Traité de Paris qui est la base du Congrès) pour les oublier dès qu'il est entré dans le cercle. Stratégiquement, il exploite les oppositions entre puissances que manifestent les affaires de Pologne et de Saxe et tente de coaliser la France avec l'Autriche et l'Angleterre. Sur le plan doctrinal, son astuce de génie consiste à invoquer la "légitimité" : la France est revenue à la légitimité (Louis XVIII), l'Europe, après l'anarchie ne peut se reconstruire que sur la base de la légitimité et la légitimité, ce sont les anciennes frontières. On efface les guerres, on efface la victoire, il n'y a plus d' "alliés" puisque la France n'est plus une ennemie. Et aux opposants, il lance: vous voulez donc revenir au chaos.
Hélas, tout cela sera pulvérisé par les 100 jours et, après Waterloo, Talleyrand échouera à convaincre les alliés que, encore une fois, la France a gagné avec eux!
Il aurait été intéressant que, au lieu de se limiter à suivre Talleyrand dans sa brillante campagne, l'auteur intègre les positions et contraintes du gouvernement français et des autres gouvernements.
Mais l'auteur en dit assez pour nous montrer le "cauchemar français" de l'Europe. Nous comprenons alors pourquoi, en 1830, la révolution belge a failli déclencher une guerre générale. L'intégration de la Belgique aux Pays Bas à Vienne visait à mettre cette frontière sous surveillance et à l'armer d'une ligne de forteresses que le roi des Pays Bas aurait à coeur de rendre opérationnelles. Avec l'indépendance belge (et les sentiments francophiles qui l'accompagnent), c'est toute la frontière nord est qui s'ouvre et le cauchemar français revient.
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