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3,3

sur 142 notes
Chez Donna Leon, le drame social côtoie souvent l'enquête policière. Au fil de ses aventures, le commissaire Brunetti rencontre le long des canaux de la Sérénissime l'humanité dans sa diversité : migrants clandestins, vendeurs à la sauvette, ouvriers de verrerie, salariés d'abattoirs, roms, …

Cet opus ne dépare pas de la série, même si l'aspect investigation policière disparaît de plus en plus. de fait, il n'y a pas formellement d'enquête de la police lorsqu'un employé de pressing, sourd et muet, décède d'une surabsorption de médicaments. Ce garçon, Brunetti et Paola son épouse l'ont croisé pendant des années. Manifestement handicapé, un peu perdu, il rendait service à sa façon.

A la demande pressante De Paola, Brunetti tâche d'en savoir plus. Il rencontre sa mère, une harpie, et cherche à reconstituer l'itinéraire de ce garçon. Or les voisins se taisent, et,, malgré les recherches informatiques de la signorina Elettra, on n'en retrouve aucune trace dans toutes les administrations. Qui était ce malheureux, sans papiers, ni existence légale ? Comment expliquer l'attitude de sa mère bien peu remuée par ce décès ? A son rythme, Brunetti va mettre à jour un secret de famille remontant à des décennies.

Voilà une cuvée Brunetti qui ne sirote pas avec autant de plaisir que les autres. Il y a bien quelques scènes familiales touchantes dans la famille de Brunetti avec ses grands enfants, quelques réflexions sur les préjugés régionalistes, quelques bisbilles et jalousies proprement féminines, mais ces éléments éparts ne font que remplir le livre avec un kaléidoscope des thèmes habituels de Donna Leon, sans lui donner une âme.
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Avec le commissaire Brunetti, nous parcourons, à pied ou à bord d'un vaporetto, les "calli, campielli et canali" de cette ville si particulière qu'est Venise, nous participons aux conversations plutôt relevées, intellectuellement parlant, qui animent les repas familiaux, nous bénéficions de l'expertise informatique de sa secrétaire, sans laquelle il pataugerait lamentablement dans le marécage administratif italien. Mais cette fois les talents de signorina Elettra se heurtent à un mur. Paola, l'épouse du commissaire, s'étant émue du décès – naturel ? – de l'homme silencieux, sourd peut-être, et semble-t-il un peu retardé qui aidait les employées du pressing dans le quartier où ils résident, le commissaire, discrètement, cherche à en savoir un peu plus sur lui. Or les bases de données, officielles ou non, passées au crible par sa secrétaire restent elles aussi totalement silencieuses : l'homme n'a pas d'existence légale. Brunetti, pour avancer, en est réduit aux seuls interrogatoires directs des témoins, qui plus est en se rendant à leur domicile puisqu'il s'informe à titre personnel, profitant du temps libre dégagé par la résolution expresse d'une affaire confiée par son supérieur et qu'il lui présente comme "en cours".
Pas de violence physique dans cette histoire, mais une certaine âpreté psychologique s'amalgamant aux tensions sociales à l'oeuvre dans une cité où la grande bourgeoisie a joué un rôle majeur depuis des siècles, sans oublier le poids de la religion, interprétée de diverses façons. Derrière les portes de palais souvent bien décrépits se jouent des drames qui, s'ils ne sont pas forcément mortels, influent sur le cours de toute une vie, suscitant parfois ressentiment, filouterie et malveillance de la part des victimes. La mère du vieux garçon décédé est au centre de cet écheveau dans lequel Brunetti tente de démêler le vrai du faux, avec l'aide d'alliés de circonstance moins cartésiens que lui.
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Toujours la douce ambiance de Venise, ses étroites venelles, le Grand Canal et la désinvolture un peu vulgaire des gondoliers, la beauté de ses paysages.
Une histoire presque insignifiante : la mort, vraisemblablement naturelle, d'un homme dans la quarantaine, sourd, muet et légèrement handicapé mental. Paola et Guido le connaissent depuis des années car il donne un coup de main au pressing où ils déposent leurs vêtements. La mort de Davide les émeut, même si elle ne donne pas lieu, a priori, à enquête officielle. Guido Brunetti va chercher à savoir comment ce garçon en est venu à se suicider aux barbituriques.
Cependant, à part l'adresse de sa mère où les services d'urgence sont venus le chercher, on ne sait rien de lui. Il n'a pas de papiers – sa mère prétend qu'elle a été cambriolée mais n'a pas signalé ce fait à la police – et même l'efficace signorina Elettra ne parvient à retrouver aucune trace de cet homme dans les fichiers administratifs : ni certificat de naissance, ni carte de sécurité sociale, ni titre de pension, ni passeport … rien. Ce garçon n'existe pas. Comment cela est-il possible à l'heure de l'informatique ?
Le commissaire Brunetti va mener son enquête personnelle avec l'aide de sa collègue Claudia Griffoni. Personne ne veut parler - l'omerta n'est pas une spécialité napolitano-sicilienne - et surtout pas la mère du jeune homme. Quel lourd secret ou banal secret cache-t-elle ? Comment se fait-il qu'elle n'ait conservé aucun document concernant son fils et taise l'identité de son père ?
Evidemment, il s'agit d'une sombre histoire de famille, de jeune employée tombée enceinte de son riche patron et élevant seule son enfant handicapé. L'histoire d'un être désespérément seul, sans relations avec quiconque, emmuré dans sa surdité et jamais soutenu dans son éducation. Car sait-on vraiment s'il fut attardé mental ? Si seulement on avait pris en charge ses difficultés, si on lui avait appris à communiquer avec son environnement ? Seul, le médecin de sa mère qui l'a soigné à de rares occasions, va révéler à Guido Brunetti un élément étonnant.
Pour une fois, Donna Leon ne s'attarde pas trop – un tout petit peu tout de même - sur la corruption endémique qui règne en Italie. Elle se penche sur la détresse humaine, la violence intrafamiliale donnée, subie et transmise, cachée sous le vernis de la religiosité, sur la cupidité ordinaire et l'ignorance de la plus élémentaire tendresse humaine, l'indifférence de tous devant la maltraitance puisque dans le quartier où vivait le jeune Davide, tout le monde savait …
Une histoire cruelle et pleine d'humanité, qui se termine par une lueur d'espoir : les deux jeunes collaboratrices du commissaire, Elettra et Claudia, qui étaient à couteaux tirés au début de l'enquête, finissent par se trouver des affinités de compétences, et on découvre les talents innés du jeune inspecteur Pucetti … Autant de pistes pour de nouvelles aventures.

Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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L'enquête du commissaire a pour objet la mort d'un homme, Davide Cavanella, d'une quarantaine d'années, sourd muet, qui travaillait dans un pressing que fréquente la famille Brunetti.

Le personnage de Davide, le garçon qui ne parlait pas, est décrit comme une personne infantile et limitée intellectuellement. Son histoire va très progressivement se dessiner au fil du roman. Seul, un élément reste inexpliqué. En effet, le regard de Brunetti se trouve attiré par des dessins de la main de Davide. On attend un retour sur ces oeuvres. Donna Leon semble les avoir oubliés dans le cours du récit...

Brunetti est ici égal à lui-même et mène l'enquête pour son propre compte, et par conscience purement personnelle. Paola, son épouse est toujours à ses côtés, et lui assure un indéfectible soutien. Elle apparaît, là encore, dans toute sa supériorité de classe et intellectuelle. Les Brunetti, avec leurs ados éveillés et pleinement impliqués dans la relation familiale, sont exemplaires, contrairement aux petites gens dont il est question dans la présente affaire, qui appartiennent, eux à une classe inférieure. L'univers des romans de Donna Leon reflète en effet une société très clivée socialement.

Venise est sous la pluie. La cité lacustre n'est pas montrée ici, sous son meilleur jour, avec ses gondoliers vulgaires et antipathiques.

Brunetti est épaulé comme toujours par la secrétaire Eletra, mais aussi par la commissaire Claudia Griffoni, d'origine napolitaine. Vianello, l'inspecteur, est lui pratiquement invisible. Comme souvent, le dénouement échappe en grande partie à la justice, et laisse le commissaire tout comme le lecteur perplexe.
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Un policier un peu compliqué, comme il se doit, nous fait parcourir Venise de fond en comble pour élucider un meurtre contre lequel personne n'a porté plainte, mais qui intrigue tant et si bien l'inspecteur Brunetti et son épouse que le policier, chargé par le vice-questeur d'une autre enquête, va tout mettre en oeuvre pour essayer de comprendre comment ce "garçon qui ne parlait pas" a pu se suicider. le lent dévoilement de l'enchaînement des faits, avec de fréquentes pauses café, est un peu alambiqué. Mais rien que pour la restitution du climat de Venise, la balade vaut la lecture.
Au bout du compte (et du conte), le personnage principal de ce roman est le silence dans lequel a vécu la victime, silence multicoque puisque enfermé dans d'autres silences, ceux de personnages, de familles et de quartiers.
Si on ne cherche à connaître l'auteure qu'après avoir refermé le livre, on est surpris d'apprendre qu'il s'agit d'une Américaine qui vit à Venise depuis plus de trente ans. Mais, à la réflexion, n'est-ce pas souvent le regard extérieur qui est le plus révélateur de tous ces petits riens qui font le charme quotidien d'une ville ? Petits riens que les habitants d'une cité ne perçoivent que lorsqu'ils en sont privés (en exil ou en voyage) et que seuls ceux qui viennent vivre au milieu d'eux après être nés et avoir vécu ailleurs peuvent révéler. Encore faut-il qu'ils sachent le faire. Donna Leon est de ceux-là.
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Donna Leon a l'art de nous rendre Vénitiens le temps d'un roman. Nous voici partageant la tristesse De Paola apprenant la mort du "garçon qui ne parlait pas ", un jeune homme muet qui rendait service au pressing du quartier. En voulant s'intéresser à ce qui semble un suicide, Brunetti s'aperçoit que ce jeune homme n'a aucune existence légale. Il va forcément mener l'enquête, aidé en partie par sa nouvelle collègue sicilienne.
Un très bon roman, policier et social, dans une Venise d'automne.
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C'est la 22ème enquête du commissaire Brunetti, mais la toute première que je lis. Tout commence dans une atmosphère bon enfant, où le commissaire prend un repas en famille. Nous sommes à Venise, c'est le début de l'Automne, le soleil laisse peu à peu place à la fraîcheur. Un « garçon » d'une quarantaine d'années sourd et muet est retrouvé mort. Accident ? Suicide ? Meurtre ? Plus on avance dans l'enquête, plus il y a de mystères à élucider et on ne peut lâcher le livre avant la toute fin, qui met dévoile une monstruosité bien plus vicieuse que la pire des tortures que l'on pourrait trouver dans n'importe quel thriller. Un acte d'une étonnante sournoiserie qui surprend le lecteur. Une réflexion sur le langage importante également.

Côté personnages, j'ai découvert des policiers finement manipulateurs, avec quelques querelles de « clan ». J'ai aussi appris, qu'il y avait une langue vénitienne, propre à la ville aux gondoles et vaporettos.

Un voyage sans billet d'avion, à savourer chaudement installé dans son sofa, après un bon petit plat. Ce qui est sûr, c'est que j'ai été pleinement conquise par cette « série » et que je lirai les autres enquêtes du commissaire.
Lien : http://plaisirdelire.com/201..
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Les reflets du soleil d'automne dansent encore sur le Bacino di San Marco mais déjà les ombres hivernales se glissent dans le labyrinthe de « calle » vénitiennes qu'arpente le commissaire Brunetti . Mais combien plus inextricables sont les pensées , combien plus noires les motivations , combien plus noires les rancoeurs combien plus glaciale la haine ,qui motivent les protagonistes de l'étrange affaire qui l'obsède . Un secret de famille , un garçon qui n'existe pas voilà qui donne une très bon Donna Leon.
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Le fils d'Ana Canavella, sourd, muet et attardé, aux dires de sa mère et des commères du quartier, est retrouvé mort étouffé dans son sommeil après avoir avalé une forte dose de somnifères. Plusieurs éléments intriguent le commissaire Brunetti, qui subodore une affaire beaucoup plus complexe que la version officielle du suicide. En bon vénitien, il sait que les langues vont être difficiles à délier mais grâce à sa pugnacité, et l'aide de quelques personnes de bonne volonté, le passé va enfin parler et la vérité éclater au grand jour. Une plongée dans l'univers, brumeux à souhait, de la lagune et de ses habitants, où le bruit et la fureur se terrent au fond de palais ténébreux. Un des meilleurs volumes de la série des enquêtes du commissaire Brunetti avec, une fois n'est pas coutume, la participation active de son épouse, fine mouche et amatrice de jeux de mots et autres subtilités langagières.
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C'est juste le garçon qui ne parle pas. Qui ne parlait pas.

Avouons tout de suite notre (légère) déception à la lecture du dernier bouquin de l'américano-vénitienne Donna Leon.
En dépit de son titre accrocheur, on n'a guère accroché.
Petit coup de fatigue et d'usure de l'un ou de l'autre, du lecteur ou de l'auteur ?
C'était pourtant prometteur : encore un polar sans vraiment de crime (rappelez-vous le Requiem), à peine un cadavre. Celui d'un jeune homme sourd-muet et un peu attardé qui s'est étouffé avec des pilules. Gourmandise maladroite ou tentative de suicide ou autre chose ?
Et qui était ce garçon discret que Guido Brunetti voyait régulièrement dans son quartier ?
Personne ne lui demande vraiment d'enquêter mais notre commissaire vénitien tourne un peu en rond et se pique de curiosité pour l'histoire du garçon qui ne parlait pas. D'autant que le mystère s'épaissit très rapidement : aucune trace du garçon dans aucun des fichiers administratifs de la région (et les dieux de la lagune et du clavier savent que si la Signora Elettra n'a rien trouvé, c'est qu'il n'y a rien de rien !).

[...] « Rien ? » Elle avait cherché à d'autres endroits, sans prendre le soin de lui en faire part. « Rien. D'après les preuves officielles, il n'existe pas et n'a jamais existé. »

Qui était donc ce jeune homme ? Qui cherche à cacher quoi ?
La noble famille Lembo semble avoir bien des secrets enfouis dans son passé.
Malheureusement tout cela, comme Brunetti lui-même, tourne un peu en rond et un peu trop longtemps.
Est-ce l'effet de l'automne qui souffle le froid et l'humidité sur les canaux de la Sérénissime ? La nonchalance vénitienne de Guido Brunetti qui nous était plutôt plaisante jusqu'ici, visiblement ne fonctionne plus.
On sent Donna Leon se reposer sur ses lauriers, papillonner de ci de là, hésiter entre nous parler de ceci ou de cela, philosopher à tout bout de champ, mais sans vraiment chercher à entraîner son lecteur avec elle.

[...] À un moment donné, Paola formula un souhait et utilisa de ce fait le subjonctif. Brunetti sentit les larmes lui monter aux yeux face à la beauté de toute cette abstraite complexité.

Même si l'on fait partie, nous aussi, des amoureux de la langue, ce subjonctif nous a paru bien fade et sans relief.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/s..
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