Je n'avais pas lu
Donna Leon depuis bien longtemps. Les disparus de la lagune, 26ème livre de la série – 5 autres ont déjà été publiés depuis ( l'auteur commet un ouvrage par an ) -, me fait renouer avec un univers que j'aime beaucoup, parce qu'ancré dans la sérénissime, et qui gravite autour du sympathique commissaire Brunetti. Plus que jamais, Guido est au centre du récit. On le retrouve à bout de souffle. Il prend de l'âge et est au bord de la démission. Il est en fait en plein burn out. En outre, la chaleur du mois de juillet et la présence des touristes n'aident pas.
Donna Leon reporte-t-elle les effets ressentis de sa vieillesse sur son personnage ? Il est vrai que l'auteur a aujourd'hui plus de 80 ans !
Elle va offrir à son protagoniste une cure de jouvence : une parenthèse de deux semaines sur l'île de Sant Erasmo sur la lagune, dans la villa du XVIIIème siècle, dotée d'un merveilleux jardin, de Zia Costanza, riche tante
De Paola. Surtout, le gardien n'est autre que Davide
Casati, vieil ami de feu le père de Brunetti - rarement évoqué dans les autres opus. Celui-ci manie le puparin, barque d'aviron, avec talent et élégance. Brunetti qui rêvait de ramer sur la lagune est comblé. Et le lecteur aussi, car cela donne lieu à de superbes descriptions.
Il est beaucoup question d'abeilles dans le roman, ce qui me renvoie à l'excellent roman de Mitch Cullin, Les abeilles de Monsieur Holmes.
Donna Leon donne à voir le péril que subissent les insectes, et le désarroi de
Casati, qui ne peut que constater le désastre.
Les disparus de la lagune se démarque des précédents opus par le fait que le roman est tourné vers la campagne et la nature. Brunetti, en bon citadin, effectue un retour à ses racines et redécouvre les plaisirs simples de son enfance. On s'éloigne de l'intrigue policière classique, on l'oublie même. le premier tiers du roman en est dépourvu.
Donna Leon rompt avec son écriture habituelle. On ne peut que s'en réjouir, même si on l'adorait .
Les constantes de son écriture sont pourtant toujours présentes.
Donna Leon s'avère malicieuse, comme toujours. Elle ouvre son récit sur une situation cocasse. le commissaire se retrouve aux urgences après avoir simulé un malaise cardiaque. Paola, son indéfectible guide et soutien, est toujours à ses côtés.
Brunetti prend toutefois de la distance et choisit de partir seul pour se ressourcer. Evidemment, il est rattrapé par l'enquête sur la disparition de Casiti, personnage attachant mais énigmatique.
Donna Leon met en avant dans cette enquête un thème qui lui est cher : la pollution causée par l'industrie et ses ravages dans un lieu privilégié par sa beauté. Comme dans beaucoup de ses romans, l'impunité des coupables est révoltante. Brunetti ne peut que constater, il est totalement impuissant face aux évènements.