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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce que j'ai ressenti:
Côté Guetto fut une lecture difficile, forte, intense: certains passages m'ont brûlé les yeux, d'autres m'ont arraché le coeur…C'était tellement bouleversant, et d'autant plus, parce que réel, que je devais parfois fermer le livre, pour ne pas sombrer…Jill Leovy a réussi le pari de nous rendre une vérité déchirante, dans un travail d'investigation journalistique d'une qualité incroyable. On sent presque les heures s'écouler dans ces mots, la minutie du détail dans chaque ligne, l'importance de rendre justice à tous ses vies tombées dans le guetto, dans ce récit noyé de sang coagulé…On lit des centaines de noms, des centaines d'affrontements sanglants, des centaines de meurtres qui ne seront jamais résolus…Autant vous dire que c'est un déchirement que de se rendre compte de cette « peste américaine », la réalité de ses quartiers est juste insupportable…

« Il y a cette idée que les Noirs font ça entre eux, et que si je suis blanc ça ne m'affecte pas » dit-il. Ses yeux s'animèrent d'une colère soudaine. « Et bien, figurez vous que si: ça m'affecte. »

Bryant Tennelle, adolescent tué pour rien, vie fauchée dans les règlements de comptes nébuleux de ses gangs, devient la pierre angulaire de ce roman, une sorte d'exemple pour illustrer l'innommable, une sorte d'espoir face à l'océan d'indifférence des autorités légales. Lien conducteur pour expliquer le quotidien des rues de South Central, de voir l'investissement de ses policiers qui forcent le respect, de changer un tant soit peu les mentalités…Bryant, petite flamme, que Jill Levy a pris dans le creux de ses mains, et nous tend pour qu'elle ne s'éteigne pas dans l'oubli…

« Il croyait fermement que, à condition d'y mettre du sien, on pouvait améliorer les choses. »

Malgré les milliers de pertes, on sent un réel besoin d'enrayer ces faits divers effroyables, Jill Leovy dans son blog The Homicide Report , tente de faire sortir du néant, les noms et les visages de ses victimes, et dans ce livre, on sent toute son humanité, le cri courageux d'une femme qui souhaite voir un monde plus juste où chaque vie a de l'importance…Je peux vous dire que de mon côté, le message est passé en force, et que même si j'ai fini ce récit la gorge serrée, je vous le recommande chaudement. Indispensable.

Au contraire, il n'y avait en lui que de la souffrance. Les larmes lui tendaient des embuscades plusieurs fois par jour.

Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Quel travail remarquable ! Une étude terrain des plus instructives. Je suis sidérée. Beaucoup de chiffres, beaucoup de noms, beaucoup de faits mais tellement révélateurs.
Jill Leovy est journaliste au LA Times et a créé un blogue titré The Homicide Report. Pour nommer les victimes d'homicides des quartiers chauds de LA. Pendant 2 ans, elle a chroniqué plus ou moins un millier d'homicides.
Jill Leovy a littéralement campé dans son auto et occupé un bureau dans les locaux de police de la 77e rue au sud de la IA-10 et dans le Southeast voisin.
Elle a parlé à tous ceux touchés par les meurtres. Elle est descendue dans les rues et colligé, noté, décrit. Une étude documentée, une recherche acharnée, référencée, appliquée, attentive surtout et approfondie. Une vision holistique. Elle nous explique ce qui se passe dans ces rues et pourquoi. de son bureau au commissariat ou de son auto, elle a vu tous ces chiffres se déployer et devenir vrais devant ses yeux. " Chaque cadavre, chaque parent en larmes, chaque inspecteur en manque de sommeil étaient relié à une donnée dans mon disque dur, comme si - en parcourant les quelques dix mille kilomètres carrés du comté- j'emmenais ma Ford escort à travers un immense fichier Excel." (P. 396) On comprend la complexité de sa recherche.
Elle nous parle de cette ségrégation des Noirs présente et permanente à travers toutes les générations. Cette ségrégation qui renforce les effets d'impunité et du faible taux d'élucidation des homicides . (Ben oui , pourquoi se casser la tête puisqu'ils se tuent entre eux !) Cette ségrégation résidentielle, cette promiscuité, ces interactions communautaires, cette non mobilité, cet apartheid qui favorisent les meurtres et les violences. Elle nous parle de la stigmatisation par le pays des meurtres de South Central tout en les ignorant (on ne fait pas les manchettes avec le meurtre d'un Noir par un autre Noir, on ne parle plus des guerres de rues des gangs) presque totalement.
Donc, Jill Leovy part de cette idée que quand "le système judiciaire ne parvient pas à affronter vigoureusement les morts et les blessures violentes, le meurtre devient endémique". (P. 17) Désolant!
Il aura fallu des milliers de morts, des inspecteurs et des enquêteurs pugnaces, des gestionnaires qui ouvriront leur esprit au travail terrain et qui donneront des moyens, des flics en uniforme qui s'intéresseront enfin à ce que les Noirs se font entre eux, un système qui finalement verra en cette victime le parent de quelqu'un pour que l'on assite à une baisse de la ciminalité.
Tout ce que nous révèle "Côté Ghetto" est cette incapacité de l'État à appréhender et punir les assassins dans les enclaves noires et comprendre que ce laxisme est en soi la cause de cette violence. C'est un véritable plaidoyer pour que cesse la banalisation de cette violence.
Je salue bien bas le travail exceptionnel de Jill Leovy qui nous fait mieux comprendre une trop visible et triste réalité.
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Dans Côté Ghetto, Jill Leovy se livre à une enquête extrêmement fouillée sur la violence et le nombres vertigineux de meurtres d'hommes noirs aux États-Unis. Elle s'attache au destin de deux flics des quartiers sud de Los Angeles, Skaggs un flic blanc qui refuse de baisser les bras face aux vagues d'assassinats d'hommes noirs - souvent jeunes et Tenelle un flic noir, respectueux et consciencieux, qui a choisi sciemment de vivre dans le quartier où il travaille, histoire de confirmer son ancrage dans ce quartier difficile. Ces deux flics, entièrement dévoués à leur mission ne se connaissent pas. Pourtant, parmi les nombreux meurtres par armes, il y a le meurtre dans la rue, un soir de mai 2007, de Bryant Tenelle, un jeune de 17 ans, fils de Wally Tenelle, abattu alors qu'il se promenait dans la rue. Skaggs va devoir enquêter sur ce meurtre.

Côté Ghetto est un formidable récit-témoignage qui analyse les causes sous-jacentes de la criminalité et de mortalité extraordinairement élevée qui touchent la population des hommes noirs américains. Jill Leovy analyse au scalpel, à l'aide de nombreux exemples et des références tirées du réel, la situation catastrophique et devenue endémique de la criminalité effarante qui décime les hommes noirs américains. Elle rappelle l'ostracisation des quartiers devenant ghettos noirs, elle dépeint les mécanismes, l'absence de l'Etat qui devrait garantir une justice mais qui abandonne des zones entières, laissant les gangs exercer une loi parallèle édictant des codes qui s'appliquent face à une police dépassée, une culture de la vendetta entre gangs, l'absence totale de volonté politique, la difficulté d'obtenir des témoignages - les témoins n'étant pas exfiltrés ou n'étant protégés que quelque temps seulement, certains départements de police laissant faire les règlements de compte qui les arrangent, le manque de moyens, en hommes, en matériel.
C'est une plongée directe dans les arcanes de la violence et dans les services de la police.
Côté Ghetto se lit presque comme un roman policier et constitue un travail d'investigation remarquable et impressionnant, avec cependant un petit bémol, je n'ai pas toujours réussi à suivre les réorganisations des services entre les différents quartiers et les changements de noms des services de police, mais cela ne nuit en rien à l'intérêt et la force de ce récit.
Je remercie Babelio, opération Masse et critique et les éditions Sonatine, pour cette lecture extrêmement forte et circonstanciée.
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Ce documentaire, "Côté ghetto", est absolument passionnant.

L'auteure, Jill Leovy, est une journaliste spécialisée dans les faits divers et la sociologie du crime à Los Angeles, et elle a passé plusieurs années à arpenter les archives de la police locale, les tribunaux ou les prisons.

Le récit est axé sur quelques enquêtes marquantes de la période de recherche (la fin des années 2000 et le début des années 2010) et sur quelques enquêteurs de la police locale charismatiques mais surtout efficaces et dévoués.

L'immersion est totale et le travail d'investigation est remarquable, c'est une véritable plongée au coeur de la violence la plus brutale et de la misère la plus noire, aux côtés des policiers bien souvent démunis.

Le thème principal du livre, les crimes commis sur les noirs aux États-Unis, est traité de façon très intéressante et le tout est bien documenté, avec une bibliographie très riche pour qui voudrait approfondir le sujet.

L'auteure élargit souvent la narration à d'autres questionnements (le racisme en général, l'urbanisme, la sociologie des banlieues, le rôle de la police ou du système judiciaire), et c'est donc aussi un texte intéressant à tous points de vue.

Ce fut une lecture très instructive qui me marquera...
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Ce bouquin il m'est tombé entre les mains par "hasard", et celui-ci fait bien les choses puisque étant un fan inconditionnel de David Simon, je me suis littéralement délecté de ces 440 pages de lecture.

J'en ai peut-être perdu en route, alors un petit point David Simon s'impose. Journaliste au Baltimore Sun pendant 12 ans, il a profité de cette expérience et de son année passé au sein de la brigade criminelle de la Police de Baltimore, pour un écrire un must read dans le genre ouvrage d'enquête en immersion :"Homicide: A Year on the Killing Streets".
Livre qui a d'ailleurs servi de base documentaire à la série Homicide, et surtout à The Wire, son plus grand fait d'arme selon moi, tellement cette série m'a marqué, de par son réalisme et les aspects sociétaux américains qu'elle aborde.

Bon bref on est pas là pour parler de Simon, mais si il m'a semblé utile de le faire c'est pour montrer que Jill Leovy a mené ici sensiblement le même travail. Simon est axé sur les enquêteurs, Jill Leovy aussi, mais avec la particularité de vouloir avant tout mettre un nom sur tout ceux qui ont perdu la vie et dont personne n'a cure, surtout pas les médias.

On est donc projeté ici à South Central, Los Angeles, la West Coast, la vraie, pas celle des clips de ricains où ça rigole dans des jacuzzis. Ici tu peux mourir parce que t'as pas la bonne couleur de casquette dans le mauvais quartier. Ici le nombre d'homicides par balles atteint un nombre supérieur à tout ce qu'on peut connaître partout ailleurs aux Etats Unis.
Et je vous le donne dans le mille, la communauté noire est la plus touchée, Rodney King n'avait qu'a bien se tenir... Ici un jeune de 15 ans d'origine afro américaine est malheureusement une proie facile, les gangs ou simplement la violence permanente et les représailles aléatoires en sont les premiers prédateurs. le nombre impressionnant de décès le prouve, n'importe qui est une cible potentielle, surtout ceux qui n'ont rien à voir avec ça.

"Sans loi, les gens ont recours à la violence collective pour trancher les conflits et réparer les torts, et ils se réfèrent généralement à la violence comme à leur propre loi. Partout où la loi est absente ou atrophiée - partout où elle est détériorée, inefficace ou contestée -, une forme d'autorégulation ou de justice communautaire finit par apparaître."

Dans ce quartier où l'Etat a donc baissé les bras et laissé le Monstre (nom donné par les Policiers à cette violence quotidienne) proliférer, Jill Leovy dresse le portrait de Policiers, qui eux, bien loin de l'image violente que l'on peut s'en faire, tentent, avec des moyens dérisoires, d'enquêter et de résoudre ces innombrables crimes impunis, essayant de rendre à ces familles déchirées par la tristesse, un semblant de dignité.

Le meurtre d'un jeune homme de seize ans, Bryant Tennelle, fils du policier Wally Tennelle, va pousser le pugnace John Skaggs a mener l'enquête d'une façon extrêmement poussée.
Se lisant comme un thriller basé sur des milliers d'heures de témoignage, ce livre est (malheureusement) basé sur des faits trop réels, il faut s'accrocher, mais le travail de Jill Leovy est salvateur ne serait-ce que pour montrer au grand public les conditions déplorables de vie des habitants de South Central et la violence qui y règne en permanence, mais aussi pour montrer que la Police, quand on lui donne les moyens de le faire, peut s'avérer être un véritable pansement pour toutes ses familles endeuillées.

#JillLeovy #CotéGhetto #TheCorner
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