p. 150 deux choses la retiennent pourtant [d’écrire].
D’abord un sentiment d’inutilité, de vanité : à quoi bon écrire quant tant de choses aussi belles restent à lire et à étudier ? Elle a le pressentiment d’une prochaine fin du monde comme beaucoup de jeunes gens de sa génération […]. Elle se dit qu’elle emploierait mieux son temps à enfin lire Balzac dans son intégralité plutôt que de pondre un roman de jeune fille ou de poésie dont elle qu’elle se résume à une effusion lyrique sans grand intérêt.
(...) elle l'aime [son père] comme il l'aime, avec une manière de rage désespérée où l'on finit pas s'en vouloir d'avoir tant besoin l'un de l'autre.
(p. 125)
[ 2012 ]
Celui qui va être candidat à la place de DSK ne fera pas le poids s'il est élu. Elle en est sûre. Elle l'a vu oeuvrer à la tête du parti. Un mélange de méchanceté froide et d'indécision chronique. Des ruses de varan pour apparaître comme le plus petit dénominateur commun entre tous les clans de plus en plus irréconciliables.
(p. 36)
L'insulte est un art, mon Lulu, c'est à dire le contraire de la vulgarité.
À Matignon, Henri Marsay, quadra au physique agile de demi d’ouverture, s’est montré compétent mais aussi autoritaire. Il a tout de suite bien pris la lumière, au point de faire de l’ombre à Séchard dès les premiers mois du quinquennat, et encore plus quand ça a commencé à péter avec les Gilets Jaunes.
Dans le meilleur des cas, il aurait fini comme chair à canon du service d'ordre du Bloc Patriotique qui recrutait en sous-main dans ces milieux de jeunes chiens blancs ivres de frustration sociale, affolés par tous les abandons, ne gardant comme talisman absurde que la fierté d'être blancs.
(p. 289-290)
Elle reverra ça plus tard, avec sa plume, une fille brillante, une énarque, mais une énarque qui a fait trois ans de grec ancien à Oxford, ce qui lui évite de parsemer sa prose d'« impacter », de « focus » et de « problématique », comme le fait le moindre sous-préfet qui se sent obligé de parler comme un commercial aliéné.( page 172)
En quelques années, la France sombre, comme la plupart des pays européens dans une manière de fascisme soft qui permet, face aux nouvelles épidémies et aux nouvelles catastrophes climatiques, de maintenir l'ordre en sacrifiant les libertés, sauf celle de la circulation des marchandises. Le président Peyrade, en réduisant le périmètre de l'Etat au maintien de l'ordre et au bon fonctionnement des infrastructures, devient le Père la Nation.
Admettons, dit-il. Il n'empêche que, sans que ce soit de votre faute, nous gouvernons tous à vue.
Le Capitaine , comme beaucoup de personnages de cette histoire, pense qu’il qu’il faut sérieusement envisager l’hypothèse d’un monde invivable d’ici une dizaine d’années. Il est suffisamment renseigné sur la folie des hommes.