Je vous préviens tout de suite : je n'ai pas aimé ce livre. Ce jugement risque de distordre mon commentaire. Je vais faire de mon mieux pour rester objective (non, je plaisante, je vais dire exactement ce que j'en pense. À vous de vous faire votre propre jugement, considérez-vous comme prévenus).
Je ne m'attendais pas forcément à quelque chose de similaire à Pourquoi j'ai mangé mon père – il faut de tout dans le monde littéraire – mais le résumé m'avait annoncé de l'humour et aussi une certaine rigueur scientifique. J'ai laborieusement trouvé le premier, en grattant fort… et à peine plus pour la deuxième. Je me suis méfiée en voyant, sur la couverture, une femme de Néandertal gigantesque tenir le poignet d'un minuscule Homo Sapiens, mais je sais que la couverture peut être un choix de l'éditeur qui ne reproduit pas exactement le contenu du livre et cherche surtout à appâter le lecteur. Hélas ! Je n'ai trouvé dans ce roman, fini à grand-peine afin de savoir si la rencontre annoncée en gras et en tête de résumé allait enfin avoir lieu, que de la chick-lit sous couvert de roman (pré)historique.
Je n'ai pas particulièrement envie de savoir comment s'est passée la collaboration entre Pascale Leroy et
Marylène Patou-Mathis, même si je pense que ça devait ressembler (au moins en partie) à mes relations avec mon ancien employeur, moi faisant des suggestions menant au bon fonctionnement, et mon employeur écoutant gentiment mais ne mettant rien, ou presque, en action. La présence dans le texte de plusieurs fautes de frappe non corrigées ne fait rien pour atténuer cette impression de travail bâclé.
Il y avait pourtant du potentiel dans l'idée de base. Mais pourquoi insister autant sur l'écriture (elle apparaîtra au moins 20 000 ans plus tard) au lieu d'imaginer un temps de réflexion en solitaire pour faire le point sur les événements récents ? On regrette aussi une chronologie trop serrée, avec presque un chapitre par jour, au lieu d'un par quartier de lune ou même par lune, qui aurait permis une observation plus longue et donc plus intéressante. L'idée d'insérer des expressions modernes en modifiant un ou deux mots pour "coller à la période" est amusante les deux-trois premières fois mais devient vite désagréable. Comme dit précédemment, la fameuse rencontre avec Homo Sapiens se fait longuement attendre, et finit par se limiter à quelques épisodes confus et insatisfaisants, et surtout sans aucune réflexion à part "ils ne sont pas comme nous, quelle horreur".
Surtout, on regrette une insistance très lourde sur la différence entre les femmes et les hommes, et la présence de misogynie, alors que le contraire a été prouvé par plusieurs études, et expliqué par…
Marylène Patou-Mathis elle-même dans L'homme préhistorique est aussi une femme (Allary Éditions). Peut-être parce que ce livre est paru en 2020 alors que le roman date de 2014… Il y a des choses que nous ne saurons jamais. En attendant, apprenons à critiquer le patriarcat !