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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel roman d'aventures ! L'histoire se passe au XVIIe siècle et commence avec le naufrage d'un navire portugais au large des côtes du Médoc. de là, on va suivre le parcours de trois personnages au quatre coins du monde: Diogo au Brésil, qui va défendre Salvador de Bahia contre les Hollandais, Fernando à Goa, qui se retrouve enrôlé de force dans l'armée portugaise et Marie, l'héroïne badass par excellence, qui lutte pour survivre dans un village de pilleurs d'épaves sur la côte landaise.
C'est palpitant, riche en détails historiques mais sans noyer les lecteurs, tout en jonglant avec des personnages qui s'expriment dans trois langues différentes, sans oublier une écriture sensorielle qui nous fait voyager sur plusieurs continents (Pour ceux qui n'ont pas le pied marin, prévoir du Mercalm avant la lecture).
Un vrai plaisir de retrouver la plume de Yan Lespoux, après son recueil de nouvelles "Presqu'îles" (un bijou !)
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Énorme coup de coeur pour le roman Pour mourir, le monde de Yan Lespoux .
Parmi tout les livres de la rentrée littéraire que j'ai lu cette année, si je ne devais en retenir qu'un ce serait celui-ci.
Un livre comme je les aime, qui m'a emportée, qui m'a faite voyager du Médoc, à Goa en passant par le Brésil.
Un livre qui sent la poudre, l'iode et l'odeur des pins. J'avais l'impression de sentir le sable sous mes pieds et les planches du bateau, le roulis des vagues, j'entendais les tempêtes et le bruit des canons.
Yan Lespoux nous embarque au 17eme siècle pour une grande aventure. Une époque où le Portugal est une puissance coloniale et maritime. On y suit le destin de 3 personnages. Marie une jeune médocaine qui pour avoir défendue son honneur doit se cacher chez son oncle parmi les resiniers et costejaires. Fernando jeune soldat portugais, toujours au mauvais endroit, au mauvais moment. Et Diogo, jeune garçon originaire de Sao Salvador de Bahia qui va vivre la capture de sa ville par les hollandais.
3 personnages de rien dont la vie va être bouleversée et que le destin finira par rassembler.
Un roman passionnant et tragique qui se dévore.
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Après nous avoir conquis par la forme courte avec son excellent recueil de nouvelles "Presqu'îles", Yan Lespoux s'essaie au format long. Pari relevé haut la main !
"Pour mourir, le monde" s'appuie sur un fait divers historique : le naufrage sur la côte médocaine, en 1627, d'une caraque portugaise de retour des Indes, chargée de toutes les richesses de l'Orient. le récit s'ouvre sur cet épisode, puis remonte à l'année 1616, à partir de laquelle nous suivons les événements qui y conduisent, ainsi que les protagonistes qui y sont impliqués. L'auteur s'attarde sur trois d'entre eux, au fil d'un vagabondage narratif qui nous emmène du littoral du sud-ouest français à Goa, en passant par Salvador de Bahia, au Brésil.

Fernando Teixeira a la poisse. Il est toujours au mauvais endroit au mauvais moment. Il a quitté la maison familiale et la brutalité paternelle à quinze ans pour vivre une autre vie, s'engageant dans l'armée du Portugal qui avait besoin de renforcer les garnisons de ses comptoirs des Indes. Il s'y est fait un ami dont il est devenu inséparable, l'enthousiaste et optimiste Simão Couto, caractérisé par une inaltérable soif d'aventures qui lui fait considérer le monde comme un inépuisable réservoir de surprises. Basés à Goa, ils font leur chemin dans cette Inde qu'après plusieurs années ils considèreront toujours comme un mystère, acquérant une réputation, à l'occasion d'un incident diplomatique auquel ils se retrouvent mêlés, de renégats et de voleurs.

Marie, originaire d'un coin de lande du sud-ouest français coincé entre océan et forêt, a tenté elle aussi de changer de vie en gagnant Bordeaux. Il faut dire qu'en ce début du XVIIème siècle, la côte médocaine est loin de constituer l'agréable lieu de villégiature qu'elle deviendra trois cents et quelques années plus tard. C'est un territoire peu accessible et hostile, où les pluies d'hiver rendent les chemins impraticables, et que l'été plombe d'une chaleur accablante. C'est par ailleurs un univers instable, soumis aux mouvements de la mer qui parfois chasse les habitants de leurs villages. Il est, enfin, peuplé d'individus peu recommandables, notamment de ces costejaires et de ces vagants, hommes sans toit qui arpentent la côte à la recherche de biens échoués ou de naufragés à dépouiller. La vie y est de plus en plus compliquée : les échouages se font rares, et les gains amenuisés par le monopole sur les marchandises du seigneur local et du malfrat Louis, l'oncle de Marie qui a imposé son autorité à coups de hache, de poings et de couteau. L'escapade bordelaise de la jeune femme ne fait pas long feu. Son caractère rebelle et indépendant, son refus de courber l'échine face aux hommes l'implique dans un incident qui l'oblige à fuir, et la contraint à se réfugier chez son oncle, leurs personnalités respectives promettant des rapports explosifs.

C'est également avec un duo que le lecteur fait connaissance à San Salvador de Bahia. Diogo Silva est devenu orphelin à la suite de l'assaut hollandais sur la colonie, où ses parents, juifs, venaient de se convertir à la religion catholique. Livré à lui-même, il est recueilli par une Indienne, et rencontre Ignacio, jeune Tupinamba qui lui enseigne la survie en forêt et le maniement de l'arc. le sombre et inflexible capitaine Dom Manuel de Meneses, qui remarque leur adresse et leur vigueur lors de la reprise de San Salvador par les Portugais, les prend sous son aile et les embarquent avec lui lorsqu'il repart à Lisbonne.

Voilà un récit qui a du souffle et de la densité !

A bord de ces navires accueillant d'hétéroclites assemblées mêlant soldats, paysans, criminels et nobles, le lecteur subit d'apocalyptiques tempêtes océanes, tremble à l'idée des risques d'échouages que représentent les écueils ou de la possible rencontre avec des bateaux ennemis, suffoque dans l'atmosphère épaisse et viciée des cales, se ratatine sous le poids de ciels se donnant des airs de fins du monde. A terre, il hume l'air saturé d'odeurs épicées des comptoirs lointains dont il côtoie le grouillement humain entremêlant conquistadors et esclaves, miséreux et aristocrates en quête d'encanaillement, ou déambule dans les lieux de débauche portuaires…

C'est un temps de voyages hasardeux, dont on n'est jamais sûr de revenir, à bord de nefs que leur gigantisme rend peu maniables, dirigées à l'aide d'instruments de navigation peu fiables. Un temps où la cupidité et la soif de conquête lancent à l'aventure des empires occidentaux qui font main basse sur les richesses du monde. C'est un univers de violence à l'état brute, où une vie ne vaut rien -on y meurt à tour de bras-. Néanmoins, on s'assure, en tous cas sur les navires, de la présence de prêtres qui pourvoient au pardon de Dieu pour les marins à qui il faut bien de temps en temps lâcher la bride, et qui pour se défouler, violent, cassent, cognent… Pour autant, Yan Lespoux ne tombe jamais dans la tentation de la complaisance : cette brutalité est évoquée, mais il nous épargne le détail de ses descriptions, et elle s'intègre naturellement dans le cours de son épopée, indissociable de l'époque et des événements relatés.

Le rythme est enlevé, porté par la diversité des lieux de l'action, et par les solides personnalités de ses héros et héroïnes -une belle place y est faite aux femmes-, qui malgré la modestie de leur condition, refusent de se laisser broyer par les circonstances et par les plus puissants. C'est foisonnant et jamais lourd, l'auteur maniant habilement à la fois fluidité et précision, faisant spontanément naître images et sensations.

Une réussite !...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Où j'apprends que j'adore les romans d'aventure...

Ce roman s'ouvre en 1627, la même année que la première scène du film sur les trois Mousquetaires, réalisé par Martin Bourboulon et sorti en 2023.

Mais ne cherchez pas de capes et d'épées dans le roman de Yan Lespoux. Non, ici, la guerre est maritime, les Anglais et Hollandais cherchant à reprendre la route commerciale des Indes aux Portugais.

Je me suis laissée complètement embarquer (!) dans ce roman, j'ai adoré.

L'écriture est merveilleuse. Yan Lespoux arrive en quelques phrases à nous immerger totalement dans les paysages, notamment les marécages de la cote bordelaise.

Les personnages sont hauts en couleur, j'ai beaucoup aimé suivre les aventures de Fernando, Marie et Diogo.
Lisant beaucoup le soir, je racontais leurs dernières péripéties à mes filles durant le petit-déjeuner, cela les a enchantées. Tous les matins, j'avais droit à la question: "Alors, qu'est-il arrivé hier? "

Les scènes de naufrages des caraques sont très bien décrites, et me donnent envie de lire les journaux laissés par Dom Manuel de Meneses et son homologue espagnol.

Merci Yan Lespoux pour ce roman, j'attends avec impatience le suivant!
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Fresque historique sur fonds de conquêtes commerciales sur et au-delà des mers, ce roman raconte les tranches de vie maritimes de 3 personnages ordinaires. Fernando, très jeune enrôlé dans l'armée portugaise qui l'entraîne à Goa en Inde, sur un navire dirigé par l'inflexible le capitaine Manuel de Meneses, jusqu'à ce qu'il puisse quitter la marine. Marie, landaise, qui voulant échapper aux autorités françaises, se réfugie dans les dunes, une zone de non-droit sous l'autorité violente de son oncle. Diogo, fraîchement orphelin de San Salvador de Bahia, en Amérique du sud, doit s'adapter à sa nouvelle vie et choisit de la confier à Ignacio, un indien Tupinamba qui lui apprendra à se battre. Ces trois là ne devraient jamais se rencontrer et pourtant les évènements de l'époque et une tempête sans commune mesure les réunira malgré le rouleau compresseur de l'Histoire.
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Vous ne savez rien ou peu de choses de la Carreira da India, du rayonnement de Goa et des indes portugaises, de la prise et de la reconquête de Salvador de Bahia au Brésil, du présumé redoutable peuple amérindien Tupinamba ? La vie sur le littoral des landes
girondines au 17eme siècle reste également mystérieuse pour vous ? Alors plongez !

Avec "Pour mourir, le monde" Ian Lespoux nous entraine dans une formidable fresque à travers 3 continents au début du 17eme siècle.
On suit les aventures de Fernando, un miséreux fils d'ouvrier agricole enrôlé de force dans la marine portugaise. Il va nous conduire par un voyage en bateau épique jusqu'aux indes portugaises où se côtoient population indienne, nobles portugais, colons en affaires avec les royaumes musulmans environnants, mais aussi l'Inquisition.
A Salvador de Bahia on rencontre Diogo, jeune fils de commerçant juif fraichement converti, lors de la prise de la ville par les Hollandais. Diogo s'implique avec l'aide d'un mentor amérindien dans l'organisation d'actes de résistances pour préparer l'arrivée des vaisseaux portugais qui vont acter la reconquête.
Dans les marais du littoral médocain on suit Marie, une pauvre fille qui a tenté de fuir sans succès la misère familiale à Bordeaux et a du retourner se cacher au pays. Elle essaye de tirer son épingle du jeu dans une sorte de "far-west" landais ou de pauvres hères bergers, résiniers, gemmeurs tentent , de survivre entre d'une part , les luttes intestines entre les notables locaux, taverniers et propriétaires et d'autre part les hasards des pillages des navires naufragés échoués sur la cote.

Les puissants qui traversent ce roman, le roi de l'union hispano portugaise, ses vassaux dont l'extraordinaire Dom Manuel de Meneses, le duc d'Epernon tissent l'intrigue et vont permettre, aidé par les aléas météorologiques de voir tous ces univers se rejoindre pour un final grandiose.

Ian Lespoux réinvente ici le roman d'aventure parfaitement documenté sur le plan historique, plein de péripéties mais dans une forme moderne proche du roman noir avec des personnages immergés dans la violence sociale et physique de leur époque et ou les classiques actes héroïques du roman d'aventure sont souvent revus et démontés avec un certain humour.

Personnellement je n'avais rien lu de tel depuis biens longtemps !

PS : Si vous avez déjà lu le livre je vous propose un quizz:
https://www.babelio.com/quiz/72589/Histoire-et-fiction-dans-Pour-mourir-le-monde
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Histoire et fiction dans 'Pour mourir, le monde'

Le premier voyage de Fernando Tixeiro débute le 5 avril 1616 à Lisbonne. L'expédition compte 3 navires et Fernando embarque sur le Säo Juliäo. Pour quelle destination ?

Bahia
Goa
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