— C'est un texte de Djalâl ad-Dîn Rûmi, un poète persan du XIIIe siècle.
— Et que dit-il ?
— Élève tes mots, pas ta voix, c’est la pluie qui fait grandir les fleurs, pas le tonnerre. Tu comprends son sens ?
— Dis-moi…
— La vraie force, c’est de savoir se recentrer sur soi-même pour conserver son calme. Ça ne sert à rien de hausser le ton et de se mettre en colère.
Lorsqu’il la regardait partir après chacune de leurs rencontres, c’était chaque fois comme si on lui enlevait un peu de lui-même. Il savait bien sûr qu’il allait la revoir, mais il ne pouvait s’empêcher d’éprouver ce sentiment de vide intérieur quand elle le quittait. En seulement quelques mois, elle avait pris énormément de place dans sa vie. Lui qui ne se serait pas imaginé être capable d’être père un an plus tôt ne pouvait concevoir aujourd’hui d’envisager l’avenir sans sa fille.
Je n'ai pas dormi de la nuit. Quand je repense à ce que j'ai fait, j'en ai la nausée. Pourra-t-il me pardonner un jour ? Quelle importance, je ne le reverrai probablement jamais...
Quoi que je fasse, je sais que l'ultime regard qu'il a eu pour moi me hantera tout ma vie. Ce regard de cette couleur si particulière, qui était toujours plein de douceur quand il le posait sur moi, s'est teinté en quelques secondes de tristesse, puis de colère. Comment peut-on faire autant de mal à la personne qu'on aime ? Je l'ignore, et pourtant, c'est ce qu'il s'est passé.
J'ai balayé ces quatre dernières années en quelques mots, non sans regret, mais avais-je réellement le choix ?
Je paierai sans doute un jour le prix fort pour les mensonges que j'ai proférés hier, pour la souffrance que je lui ai infligée, mais j'ai agi en toute conscience. Le laisser partir était la seule chose raisonnable à faire.