Marc Levy ne s'attendait peut-être pas à ce que l'actualité l'amène à ressortir ses personnages de la trilogie des 9 pour un nouveau "techno thriller" sur fond d'actualité brûlante. Au départ, on ne sait pas dans quel pays se déroule l'action mais, par petites touches, le contexte se dévoile : celui de la guerre russo-ukrainienne.
Marc Levy met en mots un élément en particulier, le sort des enfants ukrainiens emmenés en territoire russe, comme son héros, Valentyn, 9 ans, jeune garçon surdoué mais muet. Sa mère et sa soeur se lancent à sa recherche, chacune avec ses propres moyens. C'est ainsi que Veronika, la mère courage, va recevoir l'aide providentielle de Vital et de ses amis hackers.
On ne tire pas sur l'ambulance, paraît-il. C'est pourquoi, il est difficile voire impossible d'avoir un avis complètement négatif sur ce roman, à moins de s'être complètement laissé endoctriner par la propagande russe.
Marc Levy donne une visibilité à un sujet dont je n'avais que très rapidement et très succinctement entendu parler, entre deux offensives/contre-offensives, trois remaniements et quatre 49.3.
J'ai été profondément touchée par le tableau qu'il dépeint de la situation des Ukrainiens, même s'il reste dans une retenue et une sobriété toutes à son honneur. S'il exprime de la révolte face aux actes des Russes, c'est uniquement par la bouche de ses personnages.
Cela dit, à la longue, j'ai trouvé le roman un peu lent et répétitif : Valentyn prépare son évasion, sa soeur Lilya tente de le rejoindre et leur mère... ne fait à peu près rien. J'ai eu un peu de mal avec l'attitude de Veronika. J'ai trouvé qu'elle gardait une coolitude assez invraisemblable, malgré le fait que son fils soit Dieu sait où aux mains des Russes et sa fille seule sur les routes dans un pays en guerre. Elle trouvait même le temps de flirter un peu avec son boss ! D'autres éléments de l'intrigue m'ont paru aussi peu vraisemblables.
Par ailleurs, ce roman reste très marcleviesque : rythmé par le passage d'un personnage à l'autre, parfois un peu trop bavard, émaillé de grandes phrases un peu creuses. J'ai lu pas mal de
Marc Levy de toutes sortes : des bons, des moins bons, des mauvais. Pour la première fois, ce roman m'a donné l'impression que ses personnages sortaient un peu tous des mêmes moules : les héroïnes consumées par leur travail, les deuxièmes rôles bourrus mais sympathiques, les chefs rigides en apparence mais finalement bons et généreux... Veronika n'était pas sans me rappeler Lauren dans
Et si c'était vrai et le chirurgien le médecin-chef du même roman...
Cela dit,
Marc Levy est quand même un auteur qui, contrairement à d'autres, se renouvelle et s'aventure sur d'autres terrains que ceux qui l'ont fait connaître. Qu'on aime, qu'on déteste, qu'on ai aimé avant de s'en lasser, on peut toujours être surpris. Je n'avais vraiment pas accroché au précédent que j'ai lu (
Éteignez tout et la vie s'allume) mais j'ai plutôt aimé celui-ci, ne serait-ce que pour la sincérité de sa démarche et la visibilité qu'il donne à de telles exactions. Cela fait passer sur ses petites manies d'écriture (quel écrivain n'en a pas ?). Son style peut paraître peut-être un peu léger pour un sujet aussi grave mais il permet aussi de rendre la lecture moins plombante.
Je terminerai par quelques mots sur la version audio de Lizzie. On retrouve la voix d'
Audrey Sourdive, qui a également enregistré
Noa, le troisième tome de la trilogie des 9. Dans cet autre enregistrement, je n'avais pas toujours apprécié la manière qu'elle avait de déformer sa voix pour rendre certains personnages. Je n'ai pas du tout retrouvé cette gêne dans cet enregistrement. C'est une interprétation de grande qualité, très agréable à écouter, en parfaite osmose avec le texte. Quelques bruitages très discrets viennent chatouiller l'oreille de temps à autre, avec beaucoup de subtilité. Merci aux éditions Lizzie de m'y avoir donné accès sur NetGalley.